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lundi 3 août 2009

Department of Eagles - In Ear Park (2008)



Parution14 octobre 2008
Label4AD
GenreFolk, orchestral, rock
A écouterIn Ear Park, Phanthom Other, Waves of Rye
/107,50
Qualitéslyrique, onirique

On ne compte plus les formations américaines récentes qui tentent par une musique folk éthérée de communiquer avant tout une atmosphère, une ambiance. Si Daniel Rossen (Grizzly Bear) et Fred Nicolaus, accompagnés en studio de quelques amis, y parviennent très bien avec In Ear Park, l’album se démarque avant tout par la virtuosité de ses compositions, ne cédant jamais à la facilité (qui peut cependant être critère musical à part entière, comme chez Peter Broderick). Evoquant parfois Arcade Fire, les morceaux évoluent entre pop à tiroirs et folk baroque, allant d’un magnifique arpège à un autre. Je n’ai pas encore jeté une oreille à The Cold Nose, précédent opus de la formation paru en 2005 et réputé éclectique, mais il parait impossible qu’il puisse ressembler à son successeur, In Ear Park. Le travail sur cet album est sublime et unique, il fait partie de ces disques à l'alchimie si fragile qu’on hésite à en réclamer la suite à ses géniteurs, de peur d'être déçu.

In Ear Park, puisque c’est le morceau qui donne son nom à l’album, est une magnifique comptine folk où se met déjà en branle un moulin d’arrangements somptueux inspirés de la musique classique.

Dès le premier morceau, l’ambition musicale surprend et on s’en délecte ; In Ear Park, puisque c’est le morceau qui donne son nom à l’album, est une magnifique comptine folk où se met déjà en branle un moulin d’arrangements somptueux inspirés de la musique classique. Cette pièce se développe comme une valse, et prend vite son envol, comme un pégase qui ouvre ses ailes après quelques frémissements d’éveil. Très lyrique après quelques notes champêtres, cette merveille féerique débouche sur le délicieux No One Does It Like You, qui a valeur de morceau pop authentique et haut de gamme, puis vient Phanthom Other. Après ces trois morceaux, véritablement les meilleurs trois premiers morceaux sur disque en 2008 (et je savoure la perspective d’écouter la face A de ce disque en vinyle, lorsque je l’aurai reçu). L’ambition est celle qu’en leur temps avaient remué les Beach Boys, conjurant poésie naturelle, langueur et énergie à égalité, à la différence que In Ear Park est décidément ancré dans le réel et se refuse au psychédélisme.
Les tableaux qui sont brossés, bénéficiant parfois de l’apport électronique et de choeurs, sont des désirs de mélomanes et jamais des tentatives d’impressionner. Ce sont des jeux d’apparitions, où la surprise est ménagée avec un bonheur communicatif. Il y a aussi quelque chose d’ancien dans cette musique, comme une vieille photo qui prendrait vie. C’est dans ces conditions que le son de Department of Eagles va toucher son public, et conquérir son cœur. Le sautillant Teenagers ou la complainte brillante Around the Bay, dans laquelle Daniel Rossen tente et parvient à toucher l’Eden musical (s’il existe) de sa voix, confirment l’excellence. Un autre duo de morceaux fait approcher à In Ear Park le statut d’album indispensable ; Classical Records et Waves Of Rye non moins indescriptibles et oniriques. Que manque t-il à ce disque pour traverser le temps ? Un successeur digne de lui, qui aurait tôt fait, au cœur de l’engouement grandissant pour la scène indé américaine de susciter l’admiration et d’illuminer In Ear Park. L’album préféré de Robin Pecknold (Fleet Foxes) sur l’année 2008.

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