Bien joué ! Mais l’avez-vous fait tout seuls ? Ou avec un certain Josh Homme, le leader des Queens Of The Stone Age, pour la majorité des titres ? (sept sur dix ?). D’où peuvent venir, sinon, ces guitares juste un peu plus éreintées que d’habitude, cette nonchalance, ces castagnettes ; ces progrès à tous niveaux ? Espérons juste que vous avez attribué tout le crédit nécessaire au géant roux en ce qui concerne Dangerous Animals au moins, ce rock barré estampillé factory du désert. Il semble que les Monkeys sont moins arctiques que jamais. L’album a en effet été fabriqué en partie au Joshua Tree Studio, au beau milieu des sables Californiens ; et il en résulte sans doute le plus bel exemple depuis longtemps de ce que l’influence américaine peu donner au rock anglais, et comme elle peut le faire grandir et gagner en crédibilité. Dans cet endroit, isolé de tout, impossible d’aller boire un verre dans le pub au coin de la rue pendant qu’Alex Turner fait ses parties de chant, impossible d’allumer la télé quand on commence à en avoir marre de faire de la musique. C’est un endroit où les téléphones portables ne passent pas.
Le studio est davantage une maison, avec ses résidents à l’année, que l’on imagine amateurs de sieste et de cuisine épicée, et ses visiteurs occasionnels, par exemple au cours de sessions très productives organisées par Josh avec PJ Harvey, etc. La batterie était enregistrée dans la salle à manger et les amplis étaient dans les toilettes.
Potion Approaching ou Fire And The Thud montre des Arctic Monkeys étranges, comme sous l’effet débilitant du soleil et des champignons ; et le psychédélisme qui en résulte éloigne leur musique des lieux communs. Mais il faut supposer que c’est ce qu’ils voulaient en acceptant ces étranges vacances ; et d’ailleurs ils n’en perdent pas leur accent pour autant. Alex avouait que les Queens Of The Stone Age avaient été une influence pour Favourite Worst Nightmare, leur précédent album. Ici, en travaillant avec le leader du génial groupe californien de stoner dans le rôle du producteur – contacté par leur patron chez Domino Records, Laurence Bell - ils vont significativement plus loin. Josh, en écoutant les démos de Turner, s’est dit « This motherfucker has been listening to Morricone ! » Et c’est ce qu’évoquent les guitares et claviers arides sur Pretty Visitors, par exemple. Le refrain du morceau est quand à lui indiscutablement influencé par QOTSA.
Mais nous ne parlerons plus de toutes fois où le disque nous fait penser à celui de leur mentor pour l’occasion. The Jeweller’s Hands est une autre surprise, avec son piano bastringue ; et je suis désolé de dire que son final fait encore penser à du QOTSA, avec ce son tellement manufacturé que j’ai le nom du morceau sur le bout de langue sans qu’il veuille sortir… un morceau de Lullabies To Paralyse, sûrement.
En ce qui concerne les progrès d’Alex au chant, on peut citer l’expérience des Last Shadow Puppets (que je n’ai personnellement pas encore écouté) pour les expliquer. Mais il est évident que l’atmosphère détendue et propice à tenter de nouvelles choses qui a conduit l’enregistrement du disque est aussi de manière très significative responsable d’un tel progrès ; alors, même s’il n’est pas encore tout à fait satisfait de lui – « I never felt that i could sing » - c’est tout de même agréable.
Cornerstone nous ramène en terrain insulaire ; c’est James Ford qui s’en est chargé, comme deux autres titres du disque, le producteur de Favourite Worst Nightmare. La continuité entre les différents morceaux fut assurée par Alain Johannes, afin d’éviter qu’il y ait une cassure de feeling entre les morceaux enregistrés en compagnie de Homme et les autres en compagnie de Ford. L’exception Cornerstone ne nuit pas à la continuité de l’ensemble.
Finalement, c’est un album court ; vingt-deux morceaux furent enregistrés, mais seulement dix choisis pour l’album, et il parait que le préféré de Josh est passé à la trappe ; quand les élèves défient le maître ! Ils savent où ils veulent en venir, même si à les voir ils ressemblent encore autant à des joueurs de foot qu’a un groupe de rock. Peut être que s’il y avait eu une équipe dans le désert… Ceci dit, la maturité est proche, avec Alex citant Dylan Thomas comme influence… Les fans de Whatever People Say i Am, That's What I'm Not vont t-ils tout comprendre à ce disque ? Oui, si, comme on l’espère, ils ont grandi en même temps que leur groupe.
Quant à moi, je passerai à Arctic Street, Kentich Town, London, faire une révérence, puisque ils y étaient il y a peu pour une séance photo…
- Parution : Août 2009
- Label : Domino
- A écouter : The Jeweller's Hands, Dangerous Animals, Crying Lightning
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