“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

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Trip Tips - Fanzine musical !

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mercredi 20 avril 2016

WOODS - City Sun Eater in the River of Light (2016)



O
ludique, funky
indie rock, psychédélique


Pour le groupe de Brooklyn Woods, dès l'ouverture de City Sun Eater in the River of Light, les cuivres apparaissent comme un artifice qui démarque ce neuvième album, ou au moins Sun City Creeps, du précédent With Light and With Love. Avec sa pulsation afro-beat et son piano rhodes, le groupe a la bonne idée d'insuffler une vibration de reggae psychotique les faisant ressembler, de la façon la plus engageante, au groupe de reggae les Congos, qu'ils imitent grâce à la voix falsetto de Jeremy Earl et l'égarement dans un présent irrésolu et jouissif. « Sun City creeps/oh, let it go/we fall in to love/Take as we go. » Attention, la constance de ce falsetto un peu vibrant peut énerver. 

Le prochain morceau de bravoure s'appelle Can't See at All, dans cet album où les chansons se démarquent surtout par une pulsation funky, une répétition entêtante de certaines phrases, une instrumentation excentrique. Tout ce tropicalisme démarque un peu mieux le groupe des autres combos de pop rock psychédélique américain. L'apothéose caribéenne arrive avec The Take, bien amenée par son chorus de trompettes, et jusqu'à la surprise de son attaque de guitares électriques. Mais cela reste en stase. Politics of Free joue le rôle du single ensoleillé et (un peu plus) propulsif dans un album hagard. The Other Side encapsule encore un peu plus le sentiment doucement aliéné de l'album, retournant la réalité pour la rendre plus enveloppante. « There will always be a place for you/Meet me on the other side/What would say to tomorrow's sky/I wich the sunset almost every night... »

jeudi 7 avril 2016

STEVE GUNN - Eyes on the Lines (2016)








OOO
élégant, groovy, apaisé
Rock alternatif, psychédélique


Après Way Out Weather, un album exploratoire et acoustique, qui profitait d'une attitude décontractée, jazz, Steve Gunn se dirige vers un son plus électrique et intriqué que jamais, avec des chansons complexes et enivrantes. Un album plus dynamique, inspiré par Kurt Vile (dont il a été le guitariste jusqu'à Smoke Ring For My Halo), mais chaque élément - guitares, percussions - entrent dans un système différent, interne à Steve Gunn, qui relie aussitôt Eyes on the Lines à son prédécesseur. Ancient Jules célèbre une liberté et une assurances toujours plus grandes, la capacité à gérer une grande densité de guitares aux accents divers pour les faire communier vers des soli qui échappent au psychédélisme pour offrir un déroulé maîtrise. Steve Gunn joue de sons qui sont propre aux 'primitivistes' américains tels John Fahey, une candeur qui souligne des paroles insouciantes et opérantes sur Full Moon Tide, qui le relie comme jamais à l'âge d'or des années 70. Il reconstitue une partie de l'histoire de ce qui fit le charme de la guitare en offrant à ces sonorités enchantées des mélodies accrocheuses , des rythmes cavalants, une profondeur de champ telle qu'il est difficile de s'en détacher.



Sa voix, un peu déformée par les effets, lui donne un air flegmatique, plus désaffecté que Vile et Adam Granduciel (The War on Drugs) à qui il est comparé. The Drop est une vaste dérive qui culmine sur les paroles en écho au titre de l'album : «Eyes on the Line/You know they hold every move ». Nature Driver, avec son rythme plus poussé, évoque directement The Waron Drugs, mais propose toujours d'entrecroiser trois guitares plutôt que d'en faire hurler une seule. Là, la formule semble un peu se répéter, Rien qui soit de l'intensité rock plus immédiate de Drifter, un morceau de Way Out Weather qui évoquait furieusement le Velvet Underground. Avec Park Bench Mile, Gunn se dirige plutôt vers un shuffle jazzy dansant, avec un rythme sous pression, permettant à la musique de se s'épaissir à toute vapeur. Heavy Sails contient un solo fluide et distinct qui semble être dû à Kurt Vile. Ark se démarque encore à la fin, par un sentiment de complétude et d'extase suave que les artistes ont tendance à oublier de toucher, parfois, lorsqu'ils font primer la forme sur le fond. Sans frime, Steve Gunn y a gagné un vrai charisme. Eyes on the Line est un album contemplatif, hardi et luxuriant.

(Paraît le 2 juin)

vendredi 20 novembre 2015

La semaine Heavy metal # 5 - GOLDEN VOID - Berkana (2015)






OO
intense, soigné
Stoner, Rock, Psychédélique

Golden Void, groupe d’Oakland centré sur la chanteur/guitariste charismatique Isaiah Mitchell, mélange mélodies et rock cramé (‘stoner’) lourd de riffs heavy metal qui salue leurs influences Black Sabbath et Pentagram. Ils donnent plus de groove et de structure au psychédélisme à l’œuvre au sein de Earthless, l’autre groupe de Mitchell. 
Alors que le leader pourrait facilement se laisser piquer par le fuseau de son rouet et plonger dans de vastes digressions électriques, il sait faire de la place pour les autres musiciens. Il le faut pour développer des ambiances convaincantes quand quatre de ces morceaux approchent ou dépassent les sept minutes. Il ont trouvé la voie d’une musique exploratoire, riche et méditative, jamais meilleure que lorsqu’elle prend une dimension spirituelle, lancinante.  

Golden Void vous invite à un voyage solaire, une odyssée. On retrouve des claviers Arp ondulants et vintage, des déflagrations de batterie, des grooves infectieux, et des guitares saturées, mais c’est au service d’un son à la fois pastoral et cosmique, avec flûtes superposées à des nappes fuzz. Le côté plus lourd et musclé reprend régulièrement le dessus sur les rêveries ‘astrales’, jamais mieux que sur The Beacon. La dernière partie du morceau montre un groupe déterminé à affirmer sa différence, dans une scène californienne très ouverte et hagarde. Un groupe qui a le regard braqué vers un large faisceau émotionnel, mais aussi, comme ici, qui sait se recentrer pour véritablement frapper. 

Une autre influence est le chant émotionnel de John Frusciante. C’est au final une œuvre  qui parvient à atteindre un lyrisme déchirant (I’ve Been Down).

jeudi 29 octobre 2015

KONTIKI SUITE - The Greatest Show on Earth (2015)



O
lyrique, hypnotique
indie rock, psychédélique

Cette musique venue de Carlisle, dans l’Angleterre les méandres de l'Eden river, conjure toute la substance des Byrds, de Buffalo Springfield et de ces groupes des années 70, bien sûr, mais sérieusement revue à travers le pop-rock plus nette d'un groupe plus récent, le Teenage Fanclub. Derrière leurs qualités d'impeccables multi-instrumentistes, ces six garçons savent rester mystérieux aux entournures - une pochette pleine de fantaisie onirique et un titre, 'le plus grand spectacle du monde', qui laisse dans l'expectative. Pas vraient de surprise, au fond ; ils continuent dans la lignée du très séduisant On Sunset Lake

Ils se placent entre la libération charnelle des premières années psychédéliques et le romantisme anglais des Smiths. La voix du chanteur, quant à elle, évoque sérieusement celle de Jeremy Earl, de Woods, groupe qui officie dans la même chapelle de psychédélisme doux mais lancinant et chargé d'amour. On aime les guitares s'élevant dans la brume diaphane quand elles sont matinées d'harmonica, de mellotron (Years Roll On), et les pedal steel qui renvoie à la country anglaise de Richard Hawley. Evidemment, avec la petite voix de Benjamin Singh, ils privilégient la substance sur le style, courent la distance avec ce qu'ils ont et nous y font revenir à chaque fois plus désirants.

http://kontikisuite.bandcamp.com/album/the-greatest-show-on-earth

jeudi 8 octobre 2015

ISRAEL NASH - Israel Nash's Silver Season (2015)





OOO
envoûtant, intemporel, lyrique
Rock, psychédélique

Israel Nash Gripka. Si son nom laisse imaginer un bar à colonnes néo-classiques enfumé au narguilé, c’est au Panthéon grec des groupes dérivés de Neil Young qu’il mérite d’entrer. Le groupe marrie – et le mot, qui suppose une célébration, a son importance – des sons spaciaux, psychédéliques, tonitruants, des riffs garage gigognes, des harmonies vocales et le timbre à l’émotion intense de Gripka. L’artiste, originaire du Missouri, et désormais résidant au Texas, continue une tradition de songwriters au cœur sur la main, partageant le label de Steve Earle ou Townes Van Zandt. 


Certainement enregistré en analogique, l’album laisse entendre un authentique souffle américain, en en refaisant, de façon toujours inespérée, une terre à l’échelle de son immense sensibilité. Israel Nash fait de l’américana avec les potards dans le rouge des valeurs humaines. Tout y est, même le mellotron sur l’introduction de L.A. Lately, l’une de ces balades en mid-tempo qui représentent un voyage intérieur comme Neil Young n’est plus occupé à les faire. Six minutes et demie superlatives, des notes caressantes et poignantes culminant sur un refrain cosmique. 

L’autre folie de plus de six minutes, Strangers, annonce son caractère habité et héroïque dès l’intro acoustique, avant de résonner comme un Going to California (Led Zeppelin), avec cette largeur de vue, cette envie d’embrasser toutes les lumières mystiques qui puissent émaner de la contemplation d’êtres humains. Déjà parfait au début, le même plan se répète encore et encore, d’une chanson à une autre, donnant l’impression d’un album inamovible, monolithique, comme les intemporels le sont. Un voyage assourdissant et libérateur au pays de la Musique ! Jonathan Wilson n’est parfois pas très loin...

mardi 1 septembre 2015

La semaine psychédélique (4) - TREMBLING BELLS - The Sovereign Self (2015)








OO
envoûtant, lyrique
Psychédélique, folk-rock

Des roulements de tomes, des mélodies circulaires de guitare et de synthétiseurs fiévreux et chamaniques, des inventions sonores dans le magma électrique des guitares et la stridence du saxophone, des références à Lou Reed et aux tragédies grecques (c'est ce que promettait la pochette). Des chansons architecturées et envoûtantes comme une plongée baroque dans mille et une nuits britanniques. 

Ils évoquent parfois Yes et The Incredible Sring Band sans jamais approcher le stéréotype, gardant un panache décoiffant même dans leur numéro le plus pittoresque, The Singing Blood, quand même amené par une mélodie au piano immédiate et et parfaitement percutante. Mais c'est surtout la voix de Lavinia Blackwell qui donne sa valeur au groupe. Il faut écouter les sept minutes de Bells of Burford pour s'en convaincre. Elle a des capacités d'envoûtement qui ont amené des comparaisons avec Siouxie & the Banshees. Leur psychédélisme n'est pas enfermé dans une époque, mais reflète les modernités plus froides et ramassées de la new wave. Les duels de guitare sont puissants, pour se maintenir en ligne avec cette voix qui demande tant de force d'évocation en compensation de sa noirceur. 

vendredi 28 août 2015

La semaine psychédélique (3) - PRIDJEVI - S./T. (2015)






O
original, envoûtant
psychédélique, dream pop, 
world music

C’est étrange la façon qu’a ce groupe de retenir l’attention. D’abord parce qu’il s’agit de rock psychédélique croate, une collaboration faite d’un échange de mails aussi fulgurant que lorsque Sato Matsusaki et Greg Saulnier s’envoyaient des bribes musicales entre le Japon et les Etats Unis pour Deerhoof, et qu’en tant que tel ce trio a une fraîcheur rare. Mais vient ensuite une raison plus profonde encore. Pridjevi a des penchants pour le jazz, avec des entrecroisements de vocalises, de claviers et clavecins absolument baroques, et quelque chose de diablement est-européen dans sa façon décomplexée d’utiliser les grooves est-européens (pensez à Tom Waits sur Swordfishtrombones (1980)) que le bain de réverb n’amoindrit en rien. Les ambiances les plus mystiques démarrent comme un instrumental rêvé de Radiohead période Amnesiac (2001), sur Svijet Na Dlanu, avant de rejoindre, avec les voix omniprésentes le chorus de cette œuvre si cohérente et scindée qu’elle en est obsédante. Le swing du piano rhodes sur Lucifer Ja rend les voix tout de suite moins angéliques, comme dans une danse au balancement erratique et brûlant. Pas besoin de whiskey et de vodka pour se sentir gagné du motif d’une fuite incessante, d’une excitation indolente que rien n’interrompt que le début d’une nouvelle rêverie.

https://pridjevi.bandcamp.com/

samedi 22 août 2015

La semaine psychédélique (1) - CHILDREN - Great River (2015)





O
vintage, attachant
Indie rock, Psychédélique

Et encore un groupe psyché de derrière les fagots. Personne ne les a vus venir non plus, ceux là, mais c'est un peu l'idée avec les groupes psychédéliques. C'est leur deuxième album. Ils ont été élus groupe du mois par un zine local, là bas, à Los Angeles.  
Ils laissent une tache mauve dans un coin de votre tête, mais encore faut t-il y consacrer un brin d'attention et de temps. C'est à dire faire ce que vous avez à faire pendant que le disque tourne, en entier, sur sa platine (c'est toujours la méthode conseillée pour avoir un meilleur son... Non ! Attentez ! Leur label Californien, Future Force, sort encore des cassettes !). A mettre bien fort pour s'imprégner de la tache en question. Ensuite, le principe, c'est que vous vous fassiez votre propre impression. Je vois des paysages défiler, des arbres, des marécages (car enregistré au Mississippi), beaucoup de soleil, de l'indolence et la nostalgie d'un Hotel de synthèse qui a beaucoup inspiré les Eagles. Parfois, ils nous rappellent juste l'élégance cosmique vintage de The Walkmen, ou de Real Estate. Les harmonies et les sons (analogiques ?) sont splendides partout, par exemple sur Incantation, à écouter en priorité. Le travail candide d'un groupe détendu et ouvert à l'inconnu. 

Allez, rdv là http://childrentheband.bandcamp.com/album/great-river pour écouter Doowaddado. 

samedi 6 septembre 2014

KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD - Oddments (2014)







OO
Garage rock, psyché, lo-fi
attachant, original, vintage

Mettons qu'on invente de toutes pièces un passionné de musique, installé à Paris, qui déciderait de partir mystérieusement pour l'Austraslie, Melbourne. Mettons que ce soit une fille (oui, ça évite qu'on me soupçonne de vouloir partir). Enfin, le groupe qu'elle (ou il) devrait rencontrer d'urgence, voir sur scène live, c'est celui-ci. Pour reprendre les gens de là bas : "These dudes are one of a kind, or seven of a kind, I don't know how many of them there are but regardless, fucking sweet." Oui, ils sont sept. Et 'doux' n'est pas vraiment l'adjectif qui leur irait le mieux. Il sont piquants. Du psychédélisme cru, strident, qui déborde, mais se paie le luxe de ressembler à Pavement, le temps de Stressin'. Pour le reste, on pense du vent de liberté garage des Thee Oh Sees, dont King Gizzard partage la créativité prolifique. De sorciers, ceux-là n'ont pas que le bâton de pluie (il est bien là, sur Homeless Man in Adidas, avec un incursion aussi des oiseaux locaux), mais tout l'attirail mélodique très particulier. Ils utilisent l'électricité comme Captain Beefheart, pour le plaisir de la télékinésie, pour mentir aux sens, produire des formes et des couleurs forcément hallucinées. Work This Time est un morceau incroyable. Ah oui, j'oubliais : le son est volontairement pourri. Heureusement que le son mp3 ne ressemble pas toujours à ça. 

jeudi 10 juillet 2014

THEE OH SEES - Castlemania (2011)




OO
ludique, extravagant, spontané
psychédélique, garage rock

Un album très pop des inénarrables Thee Oh Sees ! Rien que dans l'année 2011, il y en a eu 2 autres. Quand on commence par Castlemania, on ne veut plus s'arrêter d'écouter ce groupe californien délirant, désormais débarrassé pour l'instant de son petit pendant sinistre et lourd. Les morceaux sont pop dès la première seconde, ils sont enfin concis, il y a du saxophone et de la flûte comme dans Jethro Tull. Si les morceaux sont courts, ils trouvent tous leur saveur particulière, ce qui donne un total généreux et varié. Certains instruments se démarquent souvent, comme les claviers sur Blood on the Deck, et mille formes de guitares.  Et bien sûr, quand on les écoute avec la perspective de les voir en concert, les nuages dans le ciel deviennent définitivement roses. C'est l'album d'un groupe plus libéré qu'à l'accoutumée : ils laissaient derrière eux leur ancien studio, 'cher au coeur' du chanteur et ont passé quelques journées mémorables et productives.

mardi 11 mars 2014

THE SOCKS - S./T. (2014)



OO
lourd, intense
hard rock, psychédélique

)

march, the 18th 
Album is out

The best new french hard rock / psychedelic band.

Resist ! 

jeudi 27 février 2014

PINKUNOIZU - The Drop (2013)




OOO
hypnotique, vintage
psychédélique, indie rock


Le jeune quatuor Danois Pinkunoizu a accompli une prouesse avec cet album. 


Il est très agréable à écouter parce qu'il commence dans un chaos relatif et se

 termine dans la douceur, parce qu'il entremêle une voix masculine et une 

autre féminine sur des chansons à la destination incertaine. Il multiplie les 

tendances mélodiques modernes dans son écrin de musique roborative 

échappée du début des seventies - Can et Kraftwerk sont des références. La 

clarté du piano fait écho aux tournures psychédéliques novatrices. Ils ont 

joué en première partie d'Owen Pallett en décembre 2012, c'est un souvenir 

musical qui s'était imprégné dans ma mémoire aussi clairement que ce disque 

novateur et analogique va le faire.  


Un disque découvert grâce à la médiathèque de Nanterre. 

samedi 1 février 2014

TEMPLES - Sun Structures (2014)

 

 

 
 
 
O
audacieux, hypnotique
psychédélique, psych-rock,

Le public anglais est conquis depuis la parution en 2012 de la chanson Shelter. Sun Structures est superbement produit, avec force claviers et réverb -  une profondeur sonore quasi cosmique -, solidement arrimé sur une base rythmique percussion / caisse claire aussi sauvage que maîtrisée. On se demande dans quelle mesure tout cela est emprunté aux groupes allemands comme Can ou Faust. Comme le Shelter d'Alcest, ces temps-ci, c'est un disque à écouter fort. La pochette, qui représente la Triangular Lodge, un château construit par multiples de trois selon une obsession pour la sainte trinité, ajoute, avec les paroles l'ésotérisme et l'empreinte bucolique à l'anglaise. Ca peut paraître prétentieux pour un groupe aussi jeune de vouloir jouer avec nos, sens, mais il y a plusieurs cas ou les constructions des chansons prennent la tangente, transcendent l'alternance couplet/refrain pour nous plonger dans un tunnel de tonalités kaléidoscopique.

mercredi 1 mai 2013

THE HELIOCENTRICS - 13 Degrees of Reality (2013)




 
OO
hypnotique/original
expérimental/psychédélisme
 
13 Degrees of Reality est un album avec lequel on se sent simultanément guidé et lâché dans l'inconnu. C'est un album d'humeur et de texture, mais sans thème ni mélodie. Il est mu par une force irrépréssible, comme la machine qui propulsait dans des zones incontrôlées la musique de Hawkwind, progressant avec la tension implacable du rock progressif de Can tout en donnant encore une impression de nonchalance et de spontanéité.
 
Posté sur internet par le collectif anglais un mois avant la sortie de l'album, Wrecking Ball suscitait déjà des interrogations, par sa durée (plus de sept minutes), son introduction sinusoïdale, ses guitares électriques transformées, ses percussions ethniques, sa patience et son évidence, comme s'il s'agissait d'un morceau exhumé des années 1970, une époque dans laquelle on croyait jusque là que tout ce genre de musique avait déjà été créé, et que les technologies numériques avaient détourné pour toujours même les plus véritables musiciens de l'amour de la texture analogique. Le nom de l'album laissait par ailleurs planer une supposition trop évidente : les Heliocentrics allaient nous proposer l'expérience psychédélique type, la déformation des perceptions et la multiplication coutumière des dimensions. Quand on n'a pas déjà écouté Out There (2007), leur pallette étonne pourtant. Autant que sur le Cosmogramma de Flying Lotus. La construction à 21 entrées de 13 Degrees of Reality ajoute à la filiation avec cet album original de 2010.
 
Wrecking Ball est à la place d'honneur sur l'album, celle du moment d'apaisement et de réel trip que l'on attend à chaque nouvelle écoute, tout en découvrant avec Ethnicity, Mysterious Ways et Collateral Damage un groupe en totale autharcie, voués à déconstruire les conceptions de vraie musique avec l'attitude la plus fair-play qui soit. Malcolm Catto à la batterie et au piano, Jake Ferguson à la basse et à la guitare Thaï, et leurs amis le guitariste Ade Owusu, le percussionniste et flûtiste Jack Yglesias, le claviériste Ollie Parfit et le bidouilleur Tom Hodges sont totalement voués à un monde curieux où sur des sections rythmiques insulaires et plus au moins léthargiques se succèdent nappes électriques, marimbas, sonorités de moog ou cordes de véritables violons à l'orientale. Sans pointer vers une musique du monde qui citerait ses sources, ils conservent tout au long de l'album l'esprit absorbé qui donne à 13 Degrees of Reality son évidence, son atemporalité. Ils restent toujours très lisibles grâce à un son qui étouffe le chaos du free-jazz pour favoriser l'émergence d'une pulsation hip-hop.
 
Comme d'autres groupes psychédéliques, The Heliocentrics jouent avec les sensations d'aliénation et de paranoïa – leur musique complètement ouverte ne suscite pas ces sentiments, mais peut les justifier selon la sensibilité et l'état psychique de l'auditeur. Cela à cause des interludes parlés qui donnent la voie d'une narration elliptique, de la construction assymétrique et de la variété de l'album. Mais davantage que de supposées drogues, c'est leur affiliation avec la grande scène jazz qui est consommée : ils ont déjà célébré la musique aux côtés des légendes du jazz Ethiopien ou Nigerian comme Mulatu Astatke ou Orlando Julius.

jeudi 7 février 2013

WIDOWSPEAK - Almanac (2013)



O
envoûtant/élégant
folk-rock/psychédélique

Fantaisie de rock nostalgique d'un duo de Brooklyn, Almanac serait complexe si on décidait de l'attaquer en évocant ses influences. L'évidence de celles-ci donne à voir leurs qualités atemporelles – de Fleetwood Mac à Mazzy Star, des Pretenders à Echo and the Bunnymen, en passant par le psychédélisme électrique de l'UFO londonien des années 60. En se concentrant sur le mystère et la duplicité, entre sensualité et envoûtement, de certaines de ces influences, Widowspeak permet à tout le reste de couler de source ; des structures classiques mais des sonorités qui suscitent un flottement incertain, des guitares aux échos enveloppants, enflammées dans des solos qui perçent à travers la production ouatée, et une voix non pas de 'singer' mais de 'chanteuse', avec l'aura mystique de Stevie Nicks. Avec des noms tels que Molly Hamilton et Robert Earl Thomas, ils semblent sortir d'un livre d'images. Dans ses visuels et ses costumes, le duo se permet une extravagance presque superflue : leur musique dégage charme et singularité.

Un lac de guitares et une mélodie chevaleresque nous saisit dès Perennials, ou l'on se rend compte pour la première fois qu'Hamilton va briller par le manque d'urgence de son timbre, répétant “nothing last long / nothing last long enough”à la manière d'une princesse plongée dans son miroir, plus intéressée par les turpitudes qui départagent sa vie adolescente et adulte que par le sentiment de désarroi profond lié à ce qu'elle chante. C'est du college rock, avec sa tendresse, sa perception un peu stéréotypée du mal, sa romance, mais dont l'agression, l'appréhension, aurait été pervertie par la tentative de rattraper un temps perdu – Ballad of the Golden Hour. 'Ashes to ashes to ashes' chante Hamilton sur Sore Eyes, comme pour signifier le constant recommencement émotionnel auquel s'emploie Widowspeak. Hamilton entrevoit la mort, et même la fin des temps, en délivrant une vision particulièrement désincarnée de celle-ci. Des cycles constitués d'attente et d'absence, la narration d'émotions manquées se constituent, se solidifient avec The Dark Age, troisième chanson sur laquelle les ambitons mélodiques de Widowspeak les affilient aux plus rêveurs et aux plus utopiques des groupes de rock des années 80.
 
C'est en fuyant toute esthétique affirmée que Widowspeak trouve son identité et défie notre imagination. Evitant tout acte de confrontation avec l'auditeur, même dans les chansons les plus imagées, Devil Knows, Locusts ou Storm King, ils nous laissent avec l'impression d'avoir vécu les plaisirs d'un voyage mais sans en éprouver la fatigue, et prêts à recommencer à nouveau cette étrange quête.

lundi 16 juillet 2012

Foxygen - Take the Children off Broadway (2012)








Parutionjuillet 2012
LabelJagjaguwar
GenreRock alternatif, Indie rock
A écouterMake it Know, Waitin 4 U, Why Did i Get Married ? 
°
Qualitésextravagant


Les jeunes californiens Jonathan Rado et Sam France font de la musique ensemble depuis quelques années, et sont passionnés d’instruments de musique et de chansons comme d’autres se fascinent pour les lignes de code et l'informatique ; c'est une affaire de conviction et de persévérance. Leurs tentatives prolifiques ont fini par donner un album surprenant, diffus et dense. Même un auditeur attentif pourrait prendre Take The Kids Off Broadway pour un disque oublié des années 70, par un groupe qui aurait tiré son coup dans l’indifférence générale, coincé entre quatre géants dont le dernier album leur ouvrait les portes du monde psychédélique qu'ils avaient snobbé jusqu'alors.
Ce n’est pas évident de saisir que le duo appartient à cette espèce DIY qui prend des éléments d’une époque donnée pour en faire une chanson, d’autres éléments d’une autre époque pour une autre chanson, projetant dans toutes les directions des idées, ignorant l’aspect narratif qui veut que l’histoire de la musique rock doive, à travers les morceaux de musique rock eux-mêmes, nous en raconter, une, d’histoire, justement. L’effet produit peut désorienter. Les quatre géants, en ouvrant les portes de leur monde psychédélique, n’ont pas pour autant désobéi à leurs formules bien établies, et ce sont ridiculisés dans l'épisode. Replacé dans son contexte, Foxygen triomphe à leur place.   
Le duo a deux avantages ; il sort son premier album largement distribué, ce qui crée un fort effet de surprise, pour ceux hors de leur sphère d’amis qui ne les connaissaient pas ; et ils arrivent à une période ou le besoin de se fait ressentirtant de passion et de plénitude. L’album multiplie les pistes, les sonorités, les voix, condensant les années 60, le glam-rock, et l’idiosyncrasie freak-folk de Beck dans un seul élan. Ce ne serait presque rien si les 7 chansons ne se développaient et n’évoluaient de façon aussi gracieuse – laissant transparaître un amour du geste qui les propulse dans une dimension idéale de plaisir partagé dans laquelle la musique devient un jeu poignant. L’accumulation se transforme en fertilité, en richesse lysergique, ce qui est le mieux prouvé avec la pièce centrale de 10 minutes, Teenage Alien Blues, pour laquelle Franck Zappa a été cité. Cette capacité à cristalliser quelques moments d’euphorie, en particulier les instants les plus intenses de la ballade Make It Known et le refrain de Waitin 4 U, qui évoque les Rolling Stones. Ruby Tuesday a couché avec les sonorités givrées de Their Satanic Majesties Request. On pense au choc provoqué par Girls en 2009 avec Album, et aussi à l’engouement provoqué par le rock psychédélique sincère de MGMT ou Ariel Pink.
Electric Sun Machine, Cat Food, Dog Food, Motor Oil, The Jurrassic Exxplosion Phillipic, et Ghettoplastikk Kill Art, ce sont le nom de tous les albums qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous bien qu’ils aient existé dans l’histoire du duo et fassent désormais partie d’un répertoire modulable à souhait, réinventé et affirmé jusqu’à ce résultat. « Je suis le gardien des vibrations et le leader du culte, affirme Sam Frances. « Je suis le manager. Je suis le comptable. Je passe la plupart des coups de fil, annonce Jonathan Rado. » Ils veulent donc essayer de faire de Foxygen le travail de cadres californiens, et de passer à leur tour des contrats habillés en sweat à capuche. Mais ils n’ont pas brulé les étapes ; il y a eu la galère au Whisky a-Go-Go, un bar aujourd’hui plutôt nul de Los Angeles, et avant ça, le cursus scolaire. « La plupart de nos concerts étaient à l’école, se souvient Frances. Nous nous produisions en en classe, en s’amusant avec un mélodica et une guitare. Notre première influence a été le Brian Jonestown Massacre. Nous regardions Dig (le film sur la relation houleuse entre ce groupe collégial formé en 1990 et un autre, les Dandy Warhols) tous les jours. Nous aimions le fait qu’Anton [Newcombe] est capable de jouer de tout. Nous voulions jouer de tout. J’ai acheté un accordéon et un xylophone. Nous les apportions lors de nos concerts et réalisions qye nous ne pouvions pas vraiment les jouer. Mais ça fonctionnait tout de même. Nous avons essayé d’avoir un sitar pendant longtemps. » Si leur musique est parfois sur-écrite, c’est intentionnel ; avec des éléments tels que cuivres, chants choraux, nappes de synthétiseurs et claviers jazzy accompagnant la guitare, ils parviennent à installer un équilibre entre un certain classicisme rock et l’impression de mélange pop imprévisible, l’interpolation théâtrale pure et simple.

lundi 19 mars 2012

Screaming Trees - Invisible Lantern (1988)




Parution : 1988
Label : SST
Genre : Garage rock, Psychédélique,
A écouter : Ivy, Even If, Lines and Circles

°°
Qualités : spontané, grunge

Le chanteur Mark Lanegan est alcoolique au moment d'Invisible Lantern, sans quoi Ivy n'aurait pas été possible. La première chanson de ce disque incarne peut-être mieux les Screaming Trees que Nearly Lost You, les morceau qui continue toujours d'être cité comme leur chanson pour la postérité. Brutale, elle aborde les aléas de la possession et de l'obsession charnelle de façon assez originale. Mark Lanegan interprétera encore e morceau quinze ans plus tard, en concert : il peut ainsi être entendu dans le bootleg Live at Brighton Market enregistré en 2004. Ivy introduit aussi un peu plus la souplesse erratique des Stooges chez les Screaming Trees. Les trois accords du morceau semblent faire écho à I Wanna Be Your Dog, qui abordait le même sujet en reconnaissant la même soumission. Les choeurs des frères Conner ressemblent aux jappements d'Iggy Pop. Après Even if and Especially When, qui est souvent considéré comme le sommet de la première incarnation du groupe, les Screaming Trees n'avaient pas fait de remarquables progrès dans leurs compositions. Mais leur attitude semblait soudain plus extrême, comme s'ils avaient été poussé à bout. Jetant de ci-de là des morceaux roublards et précipités du type de She Knows n'empêche pas Lanegan d'écrire des paroles touchantes. « See her eye in the sky/Burn once more into my mind/Today she's gone away/To leave me hung up in her wake. »

Invisible Lantern transpirait la hargne et l'instinct de survie : les Screaming Trees avaient enfin trouvé la route maudite des salles de concert, et se dévidaient de leurs impressions sur le sujet. « Nous n'avons joué aucun concert jusqu'à ce que Clairvoyance [leur premier album, 1985] soit terminé. » Annulations et déconvenues retardèrent le temps pour le groupe de prendre la route, mais une fois qu'ils comprirent à leur tour ce que c'était que de jouer à travers tout le pays, ils se rendirent rapidement compte qu'il fallait soit se faire humilier, soit durcir le ton. « Nous avons joué à Savannah, en Georgie, et en plein milieu d'une chanson un type a dit dans le micro de la console : « guitariste, baisse le son de ta guitare ! », se souvient Lanegan. « Je ne comprenais pas ce qu'il disait, ajoute le guitariste Gary Lee Conner. Tout ce que j'entends c'est Lanegan qui me demande d'augmenter le volume de ma guitare, ce que je fis. Un peu plus tard, je suis allé au bar pour demander un verre d'eau et le barman m'a dit avec son accent sudiste, 'Si tu peux pas baisser le son de ta guitare, je peux pas te donner d'eau. »

Ainsi le groupe avait découvert le monde au-delà de la bourgade d'Ellensbourg, son unique disquaire et ses deux cinémas. Ils ressentirent une Amérique plutôt hostile, ou simplement indifférente, et cela façonna l'agressivité de ce nouvel album avant que de futures violences ne viennent épisodiquement saborder le groupe de l'intérieur. « Je pense que tous les membres du groupe l'on quitté et réintégré au moins un fois', témoigne Rod Doak, ami d'enfance de Lanegan et roadie du group entre 1987 et 1990, interrogé en 1996. « Je me souviens d'une demande qu'un gars d'une major leur avait faite, 'Bien, débarrassez-vous des deux gros et nous vous signerons. » Le fait que les frères Conner fassent 120 kilos chacun transformait selon certains le spectacle en exhibition plutôt que d'en faire le concert d'un des groupes les plus importants de la côte pacifique.

Si l'attention est facilement accaparée par les progrès de Lanegan en termes de déliquescence vocale, pour une question de fierté et d'honneur, Invisible Lantern se devait d'être l'album de Gary Lee Conner et de son frère. Les riffs de guitare glauques semblent sortis du livre des morts version rock garage, sur Lines and Circles par exemple ; et les soli sont exécutés avec une fluidité et une frénésie qui rappelle James Williamson.

Après Shadow Song, les morceaux deviennent un peu interchangeables, ne gardant pas la hargne du début. Even If, peut-être échappé des sessions pour Even of and Especially When (1987), ramène le psychédélisme des années 60 avec un succès inattendu. Les paroles y semblent s’intéresser aux possibilités d'évasion, par les airs, la mer. « And the waves meet the ship/that we are going to be on ». « On a flight from this day/to a place where we can stay. » Avec encore un album l'année suivante, Buzz Factory, les Screaming Trees prouvèrent qu'ils pouvaient continuer malgré la violence et la précarité de leur situation. Les choses ne changeraient qu'en 1991.

mardi 17 janvier 2012

R. Stevie Moore dans les années 70


Voir aussi ma biographie de R. Stevie Moore

Dans les années 1970

Il pose la base de ses meilleures chansons, celles qu’il réenregistrera abondamment par la suite. Son aventure commence avec Phonography (1976, voir biographie) et continue, avec une productivité légendaire. Un journaliste du Trouser Press suggérait en 1978 de confisquer les studios dignes de ce nom à ces feignants de Fleetwood Mac (ils n’avaient pas sorti d’album depuis au moins deux ans !) pour les laisser à la disposition de R. Stevie Moore. Jusqu’en 1978, les albums de Moore apparaissaient comme une relecture de ce qui se faisait au milieu des années 70, dans la gueule de bois de l’ère Beatles, et alors que des musiques plus dures, plus ambitieuses voient le jour, comme le rock progressif, mues par un désir grandissant de se démarquer de leurs homologues toujours plus nombreux. La musique de R. Stevie Moore reflète cet essor culturel, cette volonté d’indépendance et de différence. Dès Phonography (1976), il est évident que Moore ne sera pas une imitation ou une somme de ses influences, mais qu’il projette une sensibilité particulière, un peu contrite, dans son art.

"Un artiste « dadaïste », selon ses propres mots"

Enregistré comme les autres albums de cette période de façon semi-professionnelle, relativement oublié depuis des albums tels Glad Music (1985) ou Teenage Spectacular (1987), Swing and a Miss (1977) surprend par sa consistance, sa variété, la qualité de ses mélodies (Manufacturers ou Love is the Drug, qui agit comme s’il s’était injecté ABBA dans le bras qui joue les accords et Roxy Music dans l’autre). Il joue la quintessence du musicien et embrasse même ses inspirations dans un ces mises en abime aussi judicieuses que sincères qui font la marque d’un artiste « dadaïste » selon ses propres mots, c'est-à-dire capable de réinterpréter le monde en en assemblant des parties successives. Le fait que Moore appelle directement son auditeur, sur fond d’extrait de TransEurope Express, à se procurer cet album de Kraftwerk, laisse penser qu’il est plus révérencieux qu’on ne pourrait le croire.

Au moment de Delicate Tension (1978), toujours publié par son oncle Harry Palmer sur ses propres HP Recordings, les collections hétéroclites trouvent leur cohérence dans une démarche pop-rock séductrice. Les overdubs, ce procédé qui constitue à réenregistrer plusieurs pistes de voix et à les superposer, est utilisé avec une intelligence maniaque, un signe distinctif du son de Moore. Le psychédélisme brut et la solitude du musicien au travail rappelle Syd Barrett au moment de The Madcap Laughs (1970), sur l’acoustique Norway notamment. On songe à d’autres moments au David ‘mais qui n’a-t-il pas inspiré ?’ Bowie de Let’s Dance avant qu’il ait écrit Let’s Dance, à Kevin Ayers de Soft Machine et même à Pink Floyd sur un morceau comme Zebra Standards. A la fin de ce morceau, l’extrait d’une discussion radiophonique où l’on entend un admirateur de Moore reconnaître : ‘He’s so spectacular and seems to say all the right things ».

Cool Daddio, Funny Child, You are Too Far from Me, illustrent combien cette période fut riche d’un potentiel que Moore allait ensuite ré exploiter. Outre la parfaite Don’t let Me go to the Dogs (ce n’est pas un inédit mais elle a été retravaillée), le post-punk Don’t Blame the Niggers marque les esprits. « I hate the disco/i despise the fashion » récite Moore d’une voix atonale. Son titre risqué était une façon pour Moore de s’indigner du racisme s’immisçant jusque dans le show business. Il écrase aussi les Bee Gees. Suivit, dans la même année, Games and Groceries, l’un des albums les plus populaires de R Stevie Moore, même s’il le fut sans doute grâce à la meilleure exposition de l’artiste après Delicate Tension et le disque qui l’a précédé et qui lui est comme un frère, Swing and a Miss.

mardi 6 décembre 2011

R Stevie Moore - Advanced (2011)

Parution : juillet 2011
Label : 2000 Records
Genre : Pop alternative, Rock alternatif,
A écouter : Pop Music, Theorem, You Don’t Have to Worry About my Love, Carmen is Coming

°°°
Qualités : Doux-amer, sensible, psychédélique, varié, culte

Depuis les années 80, chaque nouveau disque de R Stevie Moore, père de l’enregistrement artisanal de morceaux rock et pop dont le CV musical remonte aux années 60, recycle ses principes de composition et ses thèmes de prédilection, à la recherche d’une quintessence qu’il atteint, grâce à son talent, presque systématiquement, mais parfois sans concision. A ce titre déjà, Advanced, qui ne présente « que » quatorze morceaux, est particulièrement réussi.

Financé par le recueil de fonds à l’américaine de Kickstarter, publié par le label toulousain 2000 records en France, ce disque s’inscrit, contrairement à d’autres productions récentes, dans la grande tradition du musicien. C'est l’occasion de jeter un œil sur ses dernières années de carrière. Moore confère un contrôle de qualité strict à des albums comme Consciencious Objector (2004), Far Out (2004) ou Me Too (2008), une chose remarquable quand on sait que sa productivité le place à la tête de plus de 400 enregistrements (parmi lesquels il convient de séparer les albums conçus et revendiqués comme tels des collections de chansons variées). On peut aussi apprécier le fait que, malgré les collaborations – celles avec le londonien Yukio Yung alias Terry Burrows par exemple -, les disques de Moore n’ont pas perdu une once de personnalité en trente ans, au contraire. Si quelqu’un comme Yung a un appétit apparemment insatiable pour les projets papillonnants, Moore ne cesse de développer son propre répertoire avec une voracité et une passion à peine amoindries par les années, ce à quoi il faut ajouter les tournées incessantes. Plus le temps passe, et plus il sait injecter dans un disque juste ce qu’il faut de dérision, de refrains pop, de langueur amoureuse et de signatures rythmiques originales, avec une énergie et une sincérité constantes.

Advanced est parfaitement équilibré, le fruit du travail d’un concepteur d’albums, d’un artisan chevronné du disque comme entité de création. Quand il prépare un album, Moore est toujours dans une dynamique de création psychédélique joviale. Il sait ce qu’il veut y insuffler, non seulement dans la forme, crossover – deux chansons qui volent à McCartney ce qu’il n’a jamais fait, du rock n’roll, un couple d’inventions sidérantes, des sonorités dépoussiérées et des errements instrumentaux aussi lumineux qu’emprunts d’humilité – mais aussi sur le fond, du point de vue des sentiments exprimés. Et peut importe qu’il s’agisse de compositions vieilles d’il y a quarante ans ou de nouvelles compositions. Elles sont toutes, grâce à l’habileté de Moore, placées sur un pied d’égalité.

Malgré les habitudes, Advanced n’est presque jamais prévisible. Theorem nous séduit par sa liberté psychédélique, la fraîcheur de ses voix enchevêtrées doucement saisies par des instruments à cordes. Plus loin, Carmen is Coming ressuscite la passion de Moore pour les riffs efficaces. Pop Music est une chansons ressuscitée, l’un de ces nuggets pop pourtant complexes, ne serait-ce que du point de vue rythmique. You Don’t Have to Worry About My Love et Love is the Way to My Heart sont là pour la candeur toujours renouvelée. Kix Tartar Sauce est un titre instrumental attachant, aux territoires harmoniques familiers. Advanced n’est constitué que de réussites, le secret pour cela étant que la qualité des structures rencontre toujours la qualité de textes toujours baignés de gravité même lorsqu’il se font les plus légers.
http://2000records.com/
http://rsteviemoore.bandcamp.com/album/advanced







samedi 3 décembre 2011

Chll Pll - Agressively Humble (2009)


Il y a clairement du Frank Zappa chez Zach Hill, dont les résultats sont parfois entre l’étonnant et l’inaccessible. En outre, quand un album de son canon est aussi réussi que Agressively Humble (2009), c’est que son pouvoir de séduction surpasse son étrangeté. C’est que Zac Nelson (de Hexlove), l’autre moitié percussionniste du groupe, est à l’origine d’une instrumentation plus riche que tout ce qui a accompagné le jeu de Hill auparavant, exception faite de ses albums solo. En complicité, Nelson se permet des pauses, d’étranges méditations, dans des morceaux qui introduisent de nouveaux modes de fabrication sur la chaîne pop du type Culture Club. Il façonne des ambiances allonge les formats. She Owns est un petit chef-d’œuvre du musique psychédélique contemporaine. Là et ailleurs, les chœurs polyphoniques se superposent sans forcer à des rythmes stupéfiants. Les voix s’y émancipent à leur étrange façon, comme autant de tâches acides enrobées d’électronique joueuse, pour un résultat aussi mélodieux qu’audacieux. Le disque se marque des répliques torrentielles de Hill sur son instrument, s’assombrit peu à peu. Avec ses phrases énigmatiques du type “I’ve never experienced a man like you/ That’s because I’m not a man.” et son panorama musical qui agit comme le simulacre puissant d’un rêve synthétique, Aggressively Humble est l’un des meilleurs disques à porter le nom de Hill. Celui-ci passe pour l’occasion pour un genre de machine rythmique amené sur terre par un convoi extraterrestre.


BYGONES

By- (2009), c’est une guitare abrasive et la batterie customisée de Hill. Un peu comme Hella, finalement. Ce qui rend Bygones intéressant, c’est le jeu de guitare impressionnant de Nick Reinhart : délicat et puissant, mélodique et inventif. On assiste ici au genre d’émulation qu’affectionne Hill : Reinhart semble poussé dans ses retranchements, dans une forme de vis sans fin, jusqu’au point où on ne sait plus lequel des deux éléments excite l’autre. Les genres musicaux sont abordés en termes de rythmes, du point de vue du siège du batteur ; et à cet endroit, les affectations stylistiques disparaissent, comme une autre de ses ‘barrières’ entre l’artiste et l’auditeur, pour que la musique s’introduise directement dans le cerveau de ce dernier. De même pour les structures, en forme de collages sans couplets ni refrains. En terme de formats, Zach Hill semble toujours avoir un point d’honneur à faire durer ses albums la durée classique, si ce n’est qu’en quarante minutes, à ce niveau d’intensité, la quantité d’énergie transmisse est ahurissante.
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