OOO
poignant/doux-amer
folk/folk-rock
Derrière le patronyme peu vendeur de Magnolia Electric Co. - J.J. Cale a une chanson appellée Magnolia - se trouve Jason Molina, un artiste folk avec lequel il n’est pas évident de s’y retrouver. Originaire de l’Ohio, il a d’abord été bassiste dans des groupes de heavy metal avant d’entamer une carrière solo. En 1996, il fonde Song : Ohia, groupe à taille variable autour de lui-même et écrira sept albums en sept ans d’activité.
En 2000, Song : Ohia sortira pas moins de trois disques dans la même année ! Très rapidement, Molina sera fidèle au label Secretly Canadian (Antony and the Johnsons, Foreign Born, I Love You but i've Chosen Darkness, etc.). Il collaborera aussi de nombreuses fois avec le producteur et, membre de Shellac, Steve Albini (Nirvana, Pixies, Manic Streets Preachers et de nombreux autres). C’est donc un artiste prolifique et rodé qui enregistre Josephine, cinquième album de Magnolia Electric Co. Pourtant, il continue à y croire (« Quand je suis sorti du studio, je savais qu’on avait réalisé quelque chose d’important”, dit t-il de ce nouveau disque enregistré au Electrical Audio de Steve Albini).
Son travail fut parfois comparé au Bringing it all Back Home de Bob Dylan. L’approche musicale de Jason Molina évoque aussi Willie Nelson ou encore Warren Zevon. Ici, l’écriture, qui crée un microcosme dans lequel les morceaux se répondent autour de ce personnage de Joséphine, et aussi un peu autour de Evan Farrell, l’ancien bassiste du groupe qui est mort dans l’incendie de sa maison en 2007. Le disque aborde selon Jason "la dislocation" sous toutes ses formes, évoquant des exils incessants ces dernières années de l’Indiana à Chicago jusqu’à Londres et le décès de Evan. Il y a ça et là des brides de country ou de gospel, qui paraissent inévitables dans l’environnement artistique de Jason Molina, mais la plupart des morceaux sont d’un folk lumineux à rapprocher de Neil Young, avec un son proche du projet solo, le groupe ne servant qu’a accompagner la voix claire de Jason. « Musicalement, je crois qu’il s’agit d’un album plus puissant (que ces précédents efforts) » « Où il n’y a pas forcément plus d’instrumentation, mais simplement de la gravité dans l'exécution ». Aucun morceau n’est à jeter, et c’est là la force du disque qui captive tout au long de ses quatorze morceaux. La délicatesse de l’écriture hisse le disque au-dessus de beaucoup de groupes qu’on serait tentés de privilégier pour son plus contemporain ou aventureux.
Si, pour les amateurs du groupe et de l’artiste, le meilleur de sa discographie semble appartenir au passé, comment résister à The Handing Down aux réminiscences de Crazy Horse, ou à la magnifique berceuse The Rock of Ages ? Malgré les fantômes, inévitables dans l’expérience d’un homme sur la route depuis longtemps, c’est un disque réconfortant et lumineux. Et son charme désuet est finalement une de ses qualités les plus marquantes.
Excellent album effectivement.
RépondreSupprimerMême si, pour ma part, je pense que Molina n'a jamais égalé sa période Songs / Ohia et, plus particulièrement, le chef d'oeuvre "Magnolia Electric Co." (2003) qui a marqué la naissance d'un groupe en tant que tel, celui ici chroniqué...
Merci Mmarsupilami, je pense tout comme toi. Mais merci aussi à toi Bertrand pour l'article !
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