“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

mardi 28 mars 2017

CINDY LEE BERRYHILL - The Adventurist (2017)






OO
audacieux, apaisé, soigné
Folk rock, pop


« Love could bring us together/and love can pull us apart/you better check your weather/and the weather things of the heart ». Ça sonne comme une évidence, un essai sur les émois relationnels éprouvé mille fois, mais le temps du disque, il devient clair que cette tentative révèle un geste d'une grande amplitude et force, visant à relier les volontés éparpillées de Cindy Lee Berryhill pour la réassoir au cœur d'un certain pouvoir de création. The Adventurist, enchaînant fantaisies et fulgurances de l'imagination, est consacré à recoller Berryhill, lui permet de restituer aux autres le support émotionnel récolté malgré elle. Longtemps elle fut retenue aux côtés de son mari handicapé par une attaque cérébrale. Il s’appelait Paul Williams et il s'agissait d'un journaliste renommé. En retour de son expérience où les mots n'étaient peut être pas aussi importants que les attitudes et les gestes, où le bonheur avait tendance à se déliter, elle agglomère de quoi nous subjuguer.
Il y a quelque chose d'alerte et de vif dans la voix de Cindy Lee Berryhil, elle fait penser à celle de Kristin Hersh ou Tanya Donelly de Throwing Muses. On l'entend fermement décidée à donner le maximum, à faire s'entrechoquer les années écoulées depuis Beloved Stranger (2007). Les mélodies prennent une place particulière pour donner au disque sa clarté, sa liberté de ton et de style, et son émerveillement, avec l'utilisation de nombreux instruments à cordes.
The Adventurist embrasse le monde, invente et élargit les possibilités d'une vie dans laquelle Berryhill n'a plus envie d'un jour se ressemble. Elle exauce les vœux, fait des percées subtiles et franches, profitant d'une musique profondément ancrée et soulignée par la gravité du violoncelle, à l'image du blues Horsepower. « You got the weight of the world on your hands ». Cette phrase résume l'album, il y a cette envie de tout impliquer, et cette sensation d'un poids qu'il faut supporter avec soi, en soi. Passer dix ans de sa vie à faire le deuil de la vie d'avant alors que la personne qu'on aime est pourtant toujours là, d'une certaine manière. The Adventurist est un triomphe personnel, que Cindy Lee Berryhill réussi à transformer en moment magique pour nous aussi. Après quelques mesures d'orchestre pénétrant, Horsepower se termine dans une luxuriance improvisée. Le marimba y produit une autre couleur que le vibraphone.
La désinhibition est à l’œuvre, et les émotions sont réécrites dans un langage très singulier faisant l'originalité de l'album. Une impressionnante cohorte de musiciens y ont participé. Probyn Gregory (banjo, basse, guitare acoustique, cor) et Nelson Bragg (batterie, percussion, vibraphone, instruments fabriqués de toutes pièces) viennent du groupe de Brian Wilson (Beach Boys), et sont parfaits pour enjoliver ce qui devient des scénettes à caractère de plus en plus harmonieux et nécessaire au fil de l'album. C'est l'impression renvoyée par Gravity Falls, avec cor, violon, violoncelle. Pourquoi se répandre autant, si ce n'est pour se rendre au besoin impérieux d'être aimé et de chérir la vie avec fougue, un emportement tempéré par la conviction de l'importance vitale de son propre combat. Même si elle chante « vous », on comprend « nous tous », et elle a l'honneur d'être la première, celle qui produit l'étincelle du sentiment : “You can’t fight the feeling/Like a mountain on fire starts with a spark/Not a matter of reason, an affair of the heart.” sur An Affair of The Heart

On revient à Somebody's Angel :  elle exprime la passion qui ne se tarit pas. But I’m still young enough to want someone to hold through the night.” 

dimanche 26 mars 2017

SORORITY NOISE - You're Not As... As You Think (2017)



OO
intense, sensible
pop, indie rock, hardcore

Un album concis, prenant le parti d'aller directement vers ce qui provoquera chez leurs jeunes auditeurs le réconfort au milieu de leur désarroi. Sorority Noise abandonne toutes les poses indie rock, les prétentions par lesquelles beaucoup d'autres tentent d'être pris au sérieux. Ce qu'ils ont à faire est tourné vers l'intérieur, nous parle de résolution et de résilience. Et pour bien se situer, entre ses pensées les plus sombres et l'auditeur, le chanteur Cameron Boucher semble émerger à contrecoeur d'un sommeil difficilement gagné. « The last week/ I've slept eight hours total. » commence t-il sur No Halo. Il embrasse la mélodie mieux que jamais, chose remarquable étant donné le ton qu'il prend, celui d'une conversation morne. Ce décalage caractérise la plus belle qualité de l'album, le peu d'efforts qu'il met à atteindre des sommets. Sorority Noise humanise les sentiments que d'autres se contentent d'interpréter. La production atmosphérique, presque douce par moments, fait briller les moindres revirements et donne un relief vertigineux à des chansons pourtant réduites au plus strict nécessaire. Ils excellent avec les tempos lents et suscitent une sérénité sourde avec First Letter From St Sean ou Leave the Fan On

Cameron Boucher a vécu avec une impuissance encore plus grande, question de génération, ce que Neil Young avait exprimé avec Tonight's the Night : les dommages létaux de la drogue sur son entourage. Plus un suicide, certains diront que ça revient au même, mais pas ici. Chaque cas dépeint dans ces chansons de pop hurlée est éprouvé avec une distinction et une délicatesse que l'on imagine aisément entrer en résonance avec le public 'trash' sensible américain. Cameron Boucher sait pourtant si bien nous engager, à chaque hurlement. Avec l'art d'être frontal tout en nous donnant l'impression d'une apaisante maîtrise, cet album est un tour de force.

samedi 18 mars 2017

ALL STRINGS ATTACHED - Incantations For Strange Folk (2017)





OO
engagé, communicatif, original
Gypsy rock


Leur style bohème repose sur une candeur et une franchise sémillantes, et leur force festive reflète parfaitement quelque chose de typiquement australien : des groupes-orchestres taillés pour produire des concerts super excitants et distiller une rage artistique bienvenue. Dans le monde exalté de All Strings Attached, quintet opérant à Sunshine Coast, nord de Brisbane, c'est carnaval toute l'année, on se réveille déguisé pour le petit déjeuner, on ne sait plus très bien quand a commencé la performance mais on ne s'imagine plus retrouver la vie monotone d'avant. Ils se réclament du gypsy folk d’Europe de l'est et le combinent au punk et au hard rock, sans ciller. Mais que peu donner sur disque cette musique dénaturée, qui mêle riffs agressifs, rythmes endiablés de polka et violon gitan ? Ce serait maigre sans cohésion mais elle est là, dans le style charismatique, mais en plus progressif, de Gogol Bordello et de son cabaret punk gitan ukrainien, grâce à la présence et à l'inspiration hyper-communicative de leur chanteuse violoniste. Les refrains appellent à la générosité, au retour à la vie réelle.

On commence à vraiment prendre part à leur fantaisie sur All Strings Show. La plantureuse tranche de violon, viola et violoncelle terminant le morceau semble être ponctuée par un aboiement de chien ! La variété et la qualité des mélodies nous rassurent rapidement, cet album n'aura pas le défaut de répéter la même formule et de nous lasser. Au contraire, ils explorent des tempos différents. Sur Keep it Stupid ils commencent à évoquer System of a Down. C'est le guitariste-chanteur, dont la voix curieuse sert essentiellement de contrepoint au cours de l'album, qui y tient le rôle majeur. Son coffre de pirate abreuvé de rhum du pacifique vient donner de la texture à l 'ensemble. 


Le refrain de la chanson suivante, nous exhortant encore à retrouver notre humanité, est l'un des plus beaux de l'album. Le talent du groupe à écrire y égale celui à agiter le public. Encore une fois, les guitares servent de muscle et permet au violon de jouer du rock, comme dans un tour de magie. Tout au long de l'album, le groupe, par ses messages, reste assez grave pour éviter de basculer dans la farce ou l'absurde. Même les moments les plus burlesques, le pont de Behind the Couch, par exemple, sont emprunts d'une vitalité guerrière jamais superflue. Le carnaval est de retour avec un je ne sais quoi latino sur Forgotten Skies. Caving In montre un groupe encore plus novateur, entre guitare épicée et violon mélancolique. Enfin, Where the Answers Grow conclut avec l'une des chansons les plus immédiatement familières, l'une des premières composée par le groupe. L'une des belles découvertes de ce début d'année, et plus de détails à suivre sur ce groupe encore peu présent sur le web.

http://www.allstringsattachedband.com/


Possibilité d'envoyer l'album par We Transfer en échange d'une adresse mail à redon@hotmail.fr


vendredi 17 mars 2017

WALDORF & CANNON - Old Dogs New Tricks (2017)



OO
intense, ludique, fait main
Rock, blues rock

Old Dogs News Tricks, un titre évident pour cet album blues rock enregistré par un duo irlandais déjà au milieu de leur carrière, hors de leur zone de confort, ce qui leur permet d'échapper à l'ennui et, fatalement, d'enregistrer un disque hyper communicatif. « Tout ce que je fais semble t'ennuyer » démarrent t-ils justement sur la crâneuse Bore You, l'un des deux singles primitifs servant d'étalon à l’œuvre. "Je ne peux pas m'empêcher/d'être complètement désorganisé/complètement libre. » Leur chant choral gonfle le son, nous précipite au cœur d'un album rebelle. La désorganisation, le temps d'un revers de baguette, devient révolution.

Philip Wallace et Oisin Cannon traversent ce disque avec un talent de débusqueur, un flair ultra performant et une spontanéité que seule leurs propres méthodes pouvaient aussi bien préserver. Wallace a enregistré et mixé l'album, tandis que même la pochette a été réalisée sans aide extérieure. Cela a pris un certain temps, mais le contrôle artistique est total.

Les « nouveaux tours » dont il est question dans la chanson titre, redonnent un sens au processus d'enregistrement. Sur un jeu ultra rythmique guitare/batterie, ils ont monté une psychédélisme funky, du punk rock au hard rock, arrachant avec les dents leur slogan à la Rage Against the Machine : Omit the Logic. Une petite phrase récurrente trahissant le manque de principes de l'expérience. L'enregistrement, chose épineuse démantelée en trouvant de nouvelles voies pour jouer et cerner la musique. Le bonheur audible laisse soupçonner qu'un secret fût percé au cours du processus, expliquant leur provocante facilité.

Les contraintes – jouer d'instruments inhabituels pour eux, chanter pour la première fois – sont balayées dans la production finale, elles n'ont pas eu le temps de poser problème que les voilà surmontées et enhardies. On pense à Buke and Gaze, un autre duo astreint à jouer sur le ressort le plus physique de leur musique par défi technique. La batterie conçue pour être entièrement jouée à l'aide de pédales, cymbales comprises, est l'exemple d'un instrument qui n'a pas seulement vocation à apporter un son, mais à produire un challenge.

La production variée – violoncelle, chœurs, saxophone fou, renvoie au rock décomplexé de certains performers dans les années 70. C'est David Bowie, époque Hunky Dory, sur la ballade Bring You Down. Le duo a le goût sûr, ils pensent à ce qu'ils peuvent restituer sur scène, tout en nous surprenant en contournant la formule minimaliste. Le blues hypnotique et poisseux du Mississippi, ils y combinent des refrains mélodiques sur Echoes of the Sacred. L'harmonica y ajoute un supplément de malice. End of The Line évoque les Stooges. 

https://waldorfandcannon.bandcamp.com/album/old-dogs-new-tricks-2

mercredi 15 mars 2017

DA CAPO - Oh My Lady (2017)





OO
lyrique, sensible, lucide
Pop rock, jazz

Déroutant au début, tant il n'est pas ancré dans un endroit bien cerné, mais vole au contraire vers de vagues étendues, par touches enfiévrées. La tension, le magnétisme d'une guitare acoustique sont retranscrites et amplifiées, prenant au départ un essor à l'exaltation académique, puis les amarres lâchent, guidées au son d'une voix nuancée dans la lignée de celle de Conor O'Brien (Villagers). Les amarres, c'est parfaitement en phase avec le sentiment de transit du refrain, We have been waiting here for too long. Il y à la fois la tension statique, contenue dans un orage de saxophone et de trompette, et le mouvement nébuleux d'aspirations aériennes. Puis une guitare espagnole. 

Da Capo semble rechercher la voie charnelle en même tant que l'élan vers les choses diffuses. Le chanson titre offre un virement surprenant, nous place dans une situation plus délicate, tourne un sentiment tragique en instants qu'il faudrait saisir en funambule. On pensera plus loin au funambulisme de Robert Wyatt. A. Paugam pousse ses contemplations vers l'insolite. Le refrain, rassemble les fractions éparses dans une mélodie bizarre et réussie. 

L'évocation de l’Espagne est de retour, comme le thème d'un voyage abstrait, avec You Really Don't Know. Voyage fait de ressentis et progressant par vibrations sourdes, dont la fraction évidente est dans la veine pop folk classieuse. Les chœurs rappellent l'album A Church That Fits Your Needs, de Lost in the Trees, un trésor américain que je conseille chaleureusement aux français de Da Capo. Il y a la même propension à faire pénétrer les chansons en territoire païen mais sacré. 

On pense à Villagers surtout sur le plus enlevé I Fell in Love, A. Paugam joue du timbre de sa voix à gorge déployée, c'est un instrument dont il restitue toute l'émotion et le désarroi. On l'imagine, les yeux fermés, se rendant à la note juste, la tête inclinée, les coins de la bouche relevés, figés un instant en une expression de dévotion et de félicité. 

Dès lors, on se laisse amener au gré des arrangements, par exemple sur la très intense Heal Me, qui assoit l'élégance et la verve jazz de Da Capo. On a l'habitude, dans la pop, de cuivres ; mais ici, rejoints par d'autres sonorités, ils vont plus loin, consument l'énergie, absorbent notre rythme de marche et nous laissent flotter pour atteindre des lieux idéels.


https://dacapo1.bandcamp.com/album/oh-my-lady

mardi 14 mars 2017

MARTIN WORSTER - You (2017)




O
fait main, contemplatif, vintage

Pop rock

You est de ces albums, qui, même imparfaits, nous affectent par leur beauté inattendue, la passion qu'ils véhiculent, s'attardant, explorant des temps ralentis, des époques de façon tellement passionnée. Le britannique Martin Worster a bien fait de combiner ses chansons les plus personnelles, les plus anciennes, à des productions années 80. La gravité dans sa voix comble le temps écoulé.

Du point de vue technique, You aurait pu sortir au alentours de 2003. L'informatique qui y est utilisée s'arrête à peut près là : ensuite, commencent les fantômes, le vague à l'âme, traînent les passions pour des groupes des années 80, mieux réutilisées que prenant la poussière. L'album n'est pas un simulacre des tentations d'aujourd’hui, mais émule des souvenirs de triomphes pop introspectifs. Faire revivre des sons qui nous ont fait vibrer, une mélancolie, un certain romantisme définitivement arrêté quand Radiohead sortit Ok Computer. On entend des sons, des productions nous évoquant des souvenirs que nous ne sommes pas sûrs d'avoir réellement : des rêveries spatiales. 

Words Unsaid nous affecte comme Ed Askew dans son dénuement, la façon dont sa voix recherche un timbre, une mélodie, quelque part, aussi, dans la lignée synthétique de New Order. Les sonorités froides ne l'empêche pas de produire des morceaux chaleureux. Des tonnes de sentiments à partager, depuis son studio, et il y parvient, parachevant les meilleures compositions de soli de guitare rétrospectifs. 

Comment tirer des frissons du temps passé devant votre PC ? Même là, vous pouvez avoir du fun, même s'il faut de la patience et deux-trois écoutes. Ne pas rater Helping Hands et Old à la fin, où Worster semble imaginer une suite à The Division Bell.

https://martinworster.bandcamp.com/album/you
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