Parution : janvier 2009
Label : Vice Records
Genre : Garage
A écouter : Short Fuse, Again & Again, Drugs
6.75/10
Qualités : spontanéIntroduction immédiate dans l’univers crépusculaire, bluesy et sudiste des Black Lips, Take my Head ouvre ce cinquième disque depuis l’apparition du groupe en 2000, 200 Million Thousand. Un exercice de style avec fulgurances. Le quintet mal léché d’Atlanta aligne ainsi les influences garage rock (Count Five, les Kinks, les Sonics, les Stooges). La parenté avec Iggy Pop est par ailleurs scellée par une reprise de l’un de ses vieux morceaux, Again & Again (qui date de son groupe Los Iguanas dans les années 1960). Certains titres semblent, plus qu’influencer, rendre hommage au Velvet Underground ; ce sont Old Man, Drugs, ou ce qui ressemble à une parodie bourrée de Waiting for the Man (Starting Over). De façon amusante, ceux-là sont parmi les meilleurs morceaux du disque, ce qui prouve que de manière générale, en musique, l’invention est largement surestimée. Album écrit et enregistré à toute vitesse, très brut, 200 Million Thousand continue sur la trajectoire des très bons Let it Bloom (2005) et Good Bad Not Evil (2007) à presque tous points de vue. Les morceaux sont cependant un peu plus longs que d’habitude, et le disque semble explorer de nouvelles voies plus cérébrales, sordides et profondes, par exemple avec Trapped in the Basement (inspiré par l’histoire de Joseph Fritzl). Ces moments de torpeur, qui ne correspondent pas vraiment à ce que le groupe fait de mieux, donnent son humeur particulière à l’album. Des essais comme la baston buccale The Drop i Hold peuvent paraître le signe d’une crise d’inspiration. On retiendra surtout un disque exceptionnellement varié pour le genre garage et le groupe, une œuvre tentant à sa manière de coller aux impressions contrastées laissées par ces temps mouvementés. L’élection d’Obama est par exemple évoquée sur Big Black Jesus et Melt Down. Le peu de moyens mis en œuvre sont une forme de limitation capable de rendre le groupe et l’album stimulants, et les plaça à tort au côtés de ceux qu’on voulait ne jamais voir gagner en maturité. Ils ont prouvé en 2011, avec Arabia Mountain, que la variété et la mélodie pouvait triompher de sa lie, enregistrant de ce fait ce qui est peut-être leur meilleur album à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire