Parution : 22 juin 2009
Label : Full Time Hobby
Genre : Rock alternatif
A écouter : Radio Milk How Can You Stand It, I Start To Run
7.50/10
Qualités : intense, ludique, fun
Ce trio du Texas, fabuleusement énergique, signe ici son deuxième disque. Le cap souvent difficile est assuré avec une aisance déconcertante. Tempête d’influences débraillées mélangées dans des formats très ouverts, Fits laisse d’abord assez admiratif devant une maitrise technique poussée, résultat d’expériences de longue haleine. Un jeu jamais statique, jamais reposé, à l’image de Radio Milk How Can You Stand It et sa minute de démarrage totalement free ; une batterie immédiatement foisonnante, sur laquelle l’énergie hallucinée des quatre et six cordes peut en découdre, à l’endroit et à l’envers. Plus loin, on a droit à un hard rock qui fait méchamment penser à Hendrix… sauf que quarante ans ont passé et que le trio est bien conscient qu’on ne peut ressusciter les années 60 sans faire grincer les dents. Ainsi tentent t-ils de nous laisser béats le temps d’une écoute, et y parviennent.
Funk, punk, rock chaud, guitar-héros, tout est expédié dans le même tuyau ; on a même droit à une minute quarante huit de chant espagnol enragé, avec El Hard Attack DCWYW. Steve Terebecki fait des merveilles à la basse, et une bonne introduction au groupe semble d’ailleurs I Start To Run dont le clip déjanté montre le dit bassiste obligé de courir et de se mettre hors de portée de fusil avant que ne s’écoule le temps dans le sablier d’un crasseux taré et pervers. James Petralli, chanteur inspiré de Jeff Buckley, et Josh Block sont pendant ce temps contraints, avec quelque nervosité, de jouer le morceau, qui, à 2 minutes cinquante secondes, est juste le tempo qui faut au sable pour passer dans le bas du sablier. Vous l’aurez compris, tout est une question de timing ; sans qu’on ait le loisir de prendre de substances illicites, la première moitié frénétique de ce disque se termine. Ensuite, on assiste à un léger revirement funk et quelques ballades font même leur apparition, sans cesser de surprendre, jusqu'à la belle Syncn, irréelle.
Le trio se réclame du travail de Beefheart, Funkadelic, XTC ou de la Bossa Nova des années 70. Mais ça pourrait aussi bien être une excuse pour avoir le droit de s’éclater sans qu’on les méprise. Peu de gens peuvent comprendre que le plaisir de faire de la musique est analogue à celui d’essayer chaque semaine un nouveau mélange ; toujours aller de l’avant, même si on parvient à des constats plus repoussants que sexy. Sex Prayer est un morceau instrumental qui évoque les Doors, encore faut t-il avoir un sens de l’exploration prononcé, davantage qu’une seule nostalgie, pour faire arriver jusqu'à nous un tel travail ébouriffé et apparemment dérisoire. White Denim perdrait t-il de mordant, après à peine quinze minutes de voltige ? Non, il s’affirme, prouvant l’importance du recyclage encore, dans le petit monde du rock. L’adresse de leur jeu n’a d’égale que leur courage à présenter la matière intacte qui est entre hommage burlesque et prétexte à cohue. Finalement, on trouve au groupe une grande personnalité, qui prend ses racines dans l’aisance des musiciens et dans ses goûts prononcés pour des genres et énergies contraires (free jazz-hard rock etc.). Dans ces conditions, c’est un groupe qui n’est qu’au début de sa route et semble capable de se transformer encore.
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