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dimanche 2 août 2009

Queens Of The Stone Age - Lullabies To Paralyze (2005)



Voir la chronique de Queens of the Stone Age (1998)
Voir la chronique de Rated R (2000)
Voir la chronique de Era Vulgaris (2007)


Queens of the Stone Age peut prétendre avoir sorti trois chefs d’œuvre d’affilée ; Rated R, en 2000, Songs For The Deaf, en 2002, avec Dave Grohl à la batterie, et celui-ci, Lullabies to Paralyze, en 2005. Trois albums qui témoignent d’une vraie évolution au fil des années, et l’aventure continue (Era Vulgaris en 2007). Cette extraordinaire discographie est aussi révélatrice d’un son nouveau, car nul autre groupe n’a celui de Josh Homme et sa bande ; guitares vrombissant et barrissant, riffs ou lamentations, boucles tournoyantes de longue haleine et distorsion asthmatique ; et cette voix ! Celle de son leader, qui peu paraître déroutante mais bientôt devient indispensable, et repousse toujours plus loin ses possibilités, dans un registre unique. Josh progresse au rythme de son groupe, et il est sur Lullabies véritablement omniprésent et charismatique.

Mais c’est un autre chanteur charismatique qui a l’honneur d’ouvrir le disque ; Mark Lanegan, auteur de mélodies folk- rock arides bien plus dépouillées que ce qu’a l’habitude de faire QOTSA ; et sur This Lullaby, Mark apporte son style, son feeling en plus de sa voix, accompagné à la guitare acoustique par Josh. Le résultat est poignant et un peu triste, mais on sait que l’apaisement ne va pas durer. Josh Homme a tellement de choses à dire sur ce disque, que rétrospectivement, cela peut paraître étrange pour lui de ne pas commencer tout de suite… Mais ce n’est que le premier signe du ménagement d’énergies qui ne peuvent se déverser comme elles viennent, mais sous forme torturée et tortueuse ; le résultat est calme comme la méditation d’un fou. Alors, si ce premier morceau laisse entrevoir quelque chose de la suite, c’est l’aspect morbide des chansons. Mais on avait été en quelque sorte prévenus par les images de jaquette, présentant le groupe masqué de têtes d’animaux, différentes figures armées (un ange avec un revolver, une silhouette féminine avec un poignard, et une hache plantée dans le sol). Et bien sûr, cette fillette cernée qui regarde quelque part dans le noir.

Pour cet album, Homme est rejoint par Troy Van Leeuwen à la basse et Joey Castillo à la batterie, étant donné que Dave Grohl s’occupe de ses Foo Fighters et que le bassiste fou Nick Oliveri, qui avait tant participé sur Rated R, a été prié de quitter le groupe à la suite de problèmes de violence scéniques et violences conjugales présumées. On retrouve aussi Alain Johannes à la guitare, qui est notamment à l’origine de l’enregistrement des deux précédents albums du groupe, et de Humbug des Arctic Monkeys, entre autres. Cependant, ce changement de line-up n’entrave pas l’identité sonore du groupe, puisque c’est bien Josh Homme qui incarne cette identité ; on est tenté de penser que QOTSA, c’est lui, bien que Joey Castillo en particulier ait la réputation d’être particulièrement tellurique sur scène, et que cela contribue aussi à l’identité du groupe, qui, il ne faut pas l’oublier, est un groupe de hard-rock avant tout. Pour ceux qui l’oubliaient, il faut voir comment le riff de Someone’s in the Wolf nous replonge dans les années 70… Sans dénaturer, là non plus, « l’identité » qui est décidément si prononcée au sein du groupe et hérité du Stoner de son ancêtre Kyuss. En outre, la qualité de ce disque n’est peu être pas indifférente au lieu ou il a été enregistré ; le Joshua Tree Studio, en plein désert californien, sans doute l’un des endroits sur terre les plus propices pour faire de la musique sans concessions ; pas de facilité, pas de portables, ni de télévision, rien que la bonne nourriture d’une étrange grand-mère à tablier rouge et un rack de guitares qui vous tend les bras.

Je voudrais introduire deux morceaux en particulier ; Burn The Witch, qui profite de la participation de Billy F. Gibbons de ZZ Top à la guitare (très bon feeling dans la deuxième moitié du morceau), et Little Sister. On a l’impression d’avoir déjà entendu ces mélodies, et les QOTSA surprennent à ne pas nous surprendre ; c’est que ces chansons sont tellement efficaces qu’elles semblaient attendre d’être inventées. Pourtant l’ambiance est malsaine, comme partout ailleurs, et on se dit que c’est cela, QOTSA ; à la fois terriblement efficace et tordu. La première partie du disque est construite presque exclusivement de tels titres, à un degré moindre cependant ; Medication, un peu courte pour convaincre, Tangled Up In Plaid et son piano bastringue, In My Head… Le refrain dur Everybody Knows That You’re Insane donne l’impression que c’est Josh lui-même qui perd les pédales. Pourtant, la chanson semble s’adresser à Nick Oliveri, dont le départ est une sorte de deuil pour Josh. Ce premier flot se termine avec I Never Came, morceau particulièrement réussi dans un registre plus mélancolique. Les guitares, accompagnées de tuba et trombone, y sont magnifiques, ainsi que la voix de Josh, en apesanteur. L’impression générale est celle de chansons construites autour de quelque os trouvés ça et là, alimentées de vents de sable et de relents d’alcool.

Sur la deuxième partie de l’album, QOTSA devient impitoyable, comme il pouvait l’être dans les meilleurs moments de ses deux précédents albums. Les morceaux s’allongent, et concèdent un peu plus encore à la folie. Someone’s in The Wolf, est, par ce standard, un excellent morceau ; après une introduction sombre, un riff épileptique fait son apparition ; le morceau est une construction complexe, bien servie de batterie et de cymbales qui sont comme un serpent à sonnettes, et on note la participation de Jesse Hugues (Eagles of Death Metal) à la flute et Chris Goss dans le rôle du loup. Plein de bruits étranges, ce morceau fait basculer l’album dans un endroit malsain, et se prolonge par le tout aussi excellent The Blood is Love, qui poursuit en mid-tempo et exprime une sensualité macabre : « That we may make a kiss that can pierce through death and survive, your words have branded my mind ». C’est finalement ce qu’il y avait au fond du bois, un obsédant riff gothique supporté de batterie martelante et d’une seconde guitare lancinante. Plus loin, on trouve un excellent rock and roll, Broken Box, qui ressemble au point de non-retour, avec un son bien collant et distordu.

You got a Killer Scene Here, Man est un rock de bout de course, et on imagine bien qu’a ce stade Josh a finalement cédé à ces démons, et se balance au rythme décousu du morceau, la tête roulant sur les épaules ; Brody Dalle et Shirley Manson (Garbage) chantent un peu, pour un effet hanté. On se demande plus que jamais si le morceau va parvenir à se terminer, tant QOTSA semble ouvert à la dépravation et va en roue libre sans que rien ne puisse l’arrêter sur sa route désolée. Le « dernier » morceau, Long Slow Googbye, est le signe du retour à une terre un peu plus stable, où Josh garde l’attitude qui va bien mais vire les drogues. Ca se termine magnifiquement par des cuivres, après un silence. Un quinzième morceau vient s’ajouter, Like a Drug, moins produit, qui clot l’album sur un moment plus intimiste.

Lullabies to Paralyze est un album qui raconte la paranoïa, cette peur qui paralyse, naît de la solitude ou des abus. Cet album souhaite mettre en garde, davantage qu’effrayer ; ne pénétrez pas des ces bois… Où les bois sont la drogue, la perte de contrôle, la perte de sentiments, et finalement la mort. Tableau très bien rendu par les chansons dont il faut aussi s’intéresser aux textes. Pêle-mêle, « I could keep you all to myself, i know you gotta be free to kill yourself » (Tangled up in Plaid) ; “Is this the dose you’ve been dreaming on ?” (Medication) ; “There they are, the mob it cries for blood, to twist the tale, into fire wood, fan the flames, with a little lie…” (Burn the witch). “Once you’re lost in twilights blue you don’t find your way, the way finds you…” C’est un grand disque de rock qui parle d’excès de manière à la fois touchante et aliénante.
 
Parution : 2005Label : Interscope 
Genre : stoner, Rock alternatif 
A écouter : Burn the Witch, Little sister; Someone's in the Wolf, The blood is Love 

7.75/10
Qualités : groovy, hypnotique, lourd

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