“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”
James Vincent MCMORROW
Qualités de la musique
soigné
(81)
intense
(77)
groovy
(71)
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(61)
ludique
(60)
poignant
(60)
envoûtant
(59)
entraînant
(55)
original
(53)
élégant
(50)
communicatif
(49)
audacieux
(48)
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(48)
onirique
(48)
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(48)
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(47)
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(47)
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(46)
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(44)
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(43)
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(43)
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(43)
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(38)
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(31)
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(29)
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(29)
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(29)
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mardi 5 décembre 2017
WATERMELON SLIM - Golden Boy (2017)
OO
communicatif, élégant, original
blues
Watermelon Slim a enregistré cet album comme une lettre d’amour au Canada. Invité en 2003 à jouer à Toronto, ce pays lui a beaucoup donné, dans la dernière partie de sa carrière. Lui aussi, comme Smoky Tiger, joue d’une ouverture sur le monde manifeste, comme un sport de combat. Si on y combine son feeling de vétéran de la guitare slide, et sa voix de basse dont il explore toutes les possibilités, évoquant un peu Captain Beefheart dans certaines intonations, c’est une vraie magie.
On débute avec le très rock n’ roll Pick Up My Guidon, et on finit par côtoyer les esprits en entonnant des chants rituels... Scott Nolan, figure de la scène folk de Winnipeg, a apporté une tranche de tendresse, Cabbagetown, et plein de bonnes vibrations à l’album. «Musiciens et vocalistes ( je n’en connaissais que quelques uns auparavant) m’ont fait participer à une expérience nouvelle pour moi de communauté musicale en studio. » témoigne Slim dans les notes de l’album.
Ce sentiment communautaire est aussi nourri par la participation de représentants de peuples natifs canadiens. La production est riche en tours de passe-passe, l’originalité étant cette décision de mettre en avant la voix, le révélant un personnage medium capable de canaliser la danse des nuits et des jours, le passé et le présent avec une sensibilité pour le travailleur, l’explorateur, le militant de la liberté des peuples. L’inventivité des arrangements ne fait pas oublier qu’ils sont au service d’un grand partage. Watermelon Slim apparaît, dans les photos accompagnant le disque, comme un parleur de rue, toujours micro en main. Une personnalité atypique, refusant de s’incliner dans le sillage des héros. Les mots puissants, les histoires vécues peuvent donner le change, et aussi Barrett’s Privateers, le chant viril Irlandais maintes fois repris depuis qu’il fut enregistré par Stan Rogers, entre autres par Smoky Tiger. Dark Genius, qui évoque les ombres totémiques de dirigeants politiques, culmine sur cette phrase : « He was a dark, dark genius/And i’ll probably just end like him some day ». Pas de fausse modestie, mais une majesté méritée pour un homme prenant le parti de la générosité et de la sincérité totale dans tous les aspects de cet album.
mercredi 22 novembre 2017
MALCOLM HOLCOMBE - Pretty Little Troubles (2017)
OO
audacieux, rugueux, lucide
Blues, americana
Pretty Little Troubles mêle l'euphémisme et l'ironie, et le message nous cogne dès Crippled Point of View : Holcombe ne nous offre pas d'échappatoire que de contempler ses plaies. Ses maladies, ses combats, contre la société et la misanthropie, l'histoire objective d'un point de vue isolé. La cocasserie de Good Ole Days, avec le banjo d'époque du producteur Darrell Scott. Les 'bon vieux jours' sont ceux des travailleurs en Virginie, leur vie au rythme de la souffrance sociale. La seule raison de tout cet humour , c'est qu'ils sont désormais morts et enterrés et y trouvent plus d'honneur que jamais. La vivacité du morceau injecte une vraie nostalgie, comme si la grâce du souvenir transcendait la douleur des vies brisées par l'imposture. Bury England est dans la même veine, mais à ce stade de l'album, on s'est accoutumés à la proximité avec Holcombe, et à cette étroite famille de trimards au sein de laquelle il nous convie.
Malcolm Holcombe a joué dans certaines villes de Caroline du nord depuis quarante ans. A Boone, il salue le « Windmill », conçu dans les années 70 pour apporter l'électricité, et qui n'a jamais fonctionné. Le mot évoque le travail des champs plutôt que la technologie des énergies renouvelables, pourtant la traduction française est l'éolienne. Empreinte d'une ruralité qui grince, gronde, rutile. Authentique et proche de sa terre, Holcombe l'est sans forcer. Il est en toute humilité un symbole, bien au-delà de cette partie du Sud américain.
Solitaire de tempérament, il a depuis des années brisé sa carapace, enregistrant des albums collaboratifs en compagnie de musiciens extraordinaires. Tony Joe White venait saluer sur Another Black Hole (2016), et la pléthore d'instruments à cordes joués par cet amoncellement de talents n'occulte jamais le jeu singulier de Holcombe, qui éreinte son instrument avec une sollicitude magique. C'est l'impression que donne, en tout cas, le mélange de précision et de rudesse de son jeu tendu. Rien d'un esthète à première vue, dans cette voix éraillée, et pourtant chaque mot est une teinte de sa palette de noirs, étalée au couteau. La chanson titre, par exemple montre une densité et une profondeur des mots frappante comme un coup de poing.
Il s'inscrit dans la lignée du texan Guy Clark, dont le collaborateur Verlon Thompson est de la partie. Parmi les bonnes surprises de cet album, la ballade Rocky Ground, illuminée de pedal steel et de la voix en backing de Thompson. Difficile de faire plus américain. « Watching you grow old and lonely/Hungry to be found » chante Holcombe, décrivant un état qui fut le sien avant d'être exhumé et de quitter l'alcool. We Struggle atteint le même niveau d'émotion, avec une économie de mots bouleversante. Damn Weeds, autre classique, poursuit dans cette véracité sur le vif. Les chansons ont d'ailleurs été écrites sur une période de deux semaines, d'où sans doute une certaine homogénéité thématique. Darrell Scott les pare d'une audace sincère, sans y réfléchir à deux fois. La cornemuse en est le gage. Le quatuor de cordes le pinacle.
jeudi 5 octobre 2017
CHARLIE PARR - Dog (2017)
OO
Communicatif, naturel, engagé
Country blues
L'aridité de Charlie Parr n'est qu'une apparence. Ses chansons sont fertiles et profondes, même si elles sont chantées depuis une Duluth, Minnesota, une terre rurale avant tout intérieure. Une distance qui semble temporelle, aussi, l'impression qu'une autre époque presque pantéisme s'invite dans ses chansons sur la quête de chaleur humaine.
Surtout, on entend beaucoup de blues dans sa musique, et même un peu de ce style du Delta de mississippi. Ainsi, quoi qu'il joue, cela semble puissament ancré, même quand la tempête menace, ou que l'inondation fait des ravages.
Accompagné de quatre musiciens, jonglant entre guitare et banjo, il chante l'humanité comme quelqu'un qui a vécu le pire, qui a peut-être été en passe de la perdre. Plutôt ue de se replier, il élargit son expérience, invitant chacun à s'y reconnaître, à participer, provoquant une musique évocatrice car capable de tous nous impliquer. Il joue une musique folklorique et commune, primitive et expérimentale, dérivant comme par définition de notre histoire à tous, ce qui nous le rend très sympathique.
Ici, la musique traditionelle est définie par la confrontation avec l'extérieur. Cette confrontation qui résonne dans les tonalités insondables sur Rich Food and Easy Living. Ou dans le dénuement si réaliste sur Sometimes I'm Alright, tétanisante de justesse., dans un lyrisme laconique proche de Bill Callahan sur le bouleversant A River Ain't Too Much To Love. "The times are hard to tell/fiding light at the bottom of the darkest well". La vérité n'est peut-être pas si palpable, mais la justesse de l'artiste au plus près de son inspiration est aussi claire que la sérénité du monde physique, naturel, celui qui n'a pas besoin de nous, mais que, si nous sommes lucides, nous réclamons en priorité.
Parr est capable d'un entrain communicatif, qu'il plaide la cause animale, ou plus classiquement l'importance d'avoir un endroit ou l'on se sente chez soi, sur Lowdown ou Peacefull Valley, une transe rayonnant du plaisir fou de jouer ensemble, astucieusement placée à la fin de l'album. Ray & Glover, un groupe de Minneapolis, lui sert d'inspiration. I Ain't Dead Yet s'entend comme une reprise d'un de ses héros, peut-être Spider John Koerner, un présage issu des années 60 et qui sonnera juste à chaque fois qu'un homme ressentira le besoin d'un peu de reconnaissance en retour de ses efforts pour s'intégrer, honnêtement, ici bas, plutôt que, sans sincérité, où Dieu voudra. L'urgence de vivre, et d'écouter avec humilité ceux qui nous entourent, va de soi quand on écoute Dog.
samedi 15 octobre 2016
REVEREND KM WILLIAMS - We All Sing The Blues : Live in Deep Ellum (2016)
OO
communicatif, hypnotique, rugueux
Texas blues, hill country blues
« All lives matter » insiste le Reverend KM Williams en introduction à ce concert enregistré à Dallas, apportant sa nuance au slogan Black Lives Matter. La défiance est à son comble en 2016 aux Etats Unis, alors qu'Obama est sur le pont de quitter la maison blanche, et qu'il a été instrumentalisé pour attiser les haines raciales plutôt que pour faire de ce marasme social une nation intègre. Dallas, le Reverend KM Williams s'y est fait filmer pour un superbe documentaire, sur lequel plane l'ombre de ses inspirateurs, en particulier son «héros» Blind Willie Johnson, ou Elmore James. Williams y montre une maîtrise de l'histoire du blues, et montre qu'il a depuis longtemps sondé les raisons qui poussent des personnes, quelle que soit leur couleur de peau, à rechercher ce genre de vibration musicale jusqu'à en faire un art à l'intensité charnelle.
Quelles que soient les étiquettes et les préférences, « we all sing the blues ». Il y a la notion d'art consommé, partagé, durable, comme pour faire table rase de l'image vaine de musiciens consumés par leur musique. Et Deep Ellum, quartier artistique et expérimental du vivre-ensemble de Dallas, est un endroit parfait pour exprimer ces idées en musique.
Dans une époque de grande solitude, ce n'est pas anecdotique que de redonner de l'endurance au partage. Cette musique, le Texas blues, le boogie aux influences Hill country, peut servir d’émetteur pour nos pulsions. On se rend compte bien vite qu'il y a beaucoup de personnes pour recevoir ces ondes, puis les interpréter et en faire quelque chose de bon. Saisir la musique, l'énergie sans cesse recommencée derrière ses pulsions et en faire une force pour aller de l'avant ensemble, persévérer. Chacun a le pouvoir de changer les choses, en allant à des concerts pour écouter une musique libre, ouverte, qui ouvre les sens et le cœur, se laisser hypnotiser par ses riffs fusionnels, répétitifs, et les longues phrases d'harmonica de Deacon Jeff Stone. La balancement d'une telle musique est fait pour perpétuer des actes intimes inavouables, en connexion avec au moins une autre âme que la sienne. C'est du blues, pas de la pop ; aucun risque de se laisser abuser, tromper.
Le Reverend KM Williams est de ces musiciens qui dégagent plus que de l'authenticité, de la fraîcheur. Dans l'authenticité il y au une forme presque élégante de respect. Il y a l'acte de faire avec ce qu'on a à l'intérieur de nous, sans chercher la perfusion de l'argent, qui nous ferait perdre notre liberté. C'est aussi le fait de rechercher dans la musique des relations aux expériences de la vie au quotidien, dans faire un mode de vie. C'est une musique qui imite la vie, exprime la vérité à propos de la vie, pleine et ressentie au plus profond, entraînante comme un désir intérieur.
Étrange que d'être, aux yeux de la société, le plus proche de Dieu, le révérend, tout en interprétant cette musique pulsionnelle. Le secret est dans les rapports de force, l'inflexibilité de d'esprit, le rapport d'ouverture, la capacité à être inviolable, fidèle à soi-même comme à une forme de dieu supérieur. Le son du Reverend KM Williams est très électrique, l'harmonica incessant, son jeu indécent laissant penser qu'il ne représente par d'autorité supérieure, comme le musicien tirant une trop lourde révérence à sa musique, mais à sa propre exigence qui est une règle saine et équitable. La transe et la plénitude, puisqu'il s'agit du corps autant que de l'esprit, est atteinte sur I Know his Blood can Make me Whole où la guitare s'épanche superbement.
A découvrir également, ses enregistrements et séances filmées avec l'incroyable percussionniste Washboard Jackson, qui n'est pas présent (ou bien perceptible) sur cet album.
vendredi 7 octobre 2016
LURRIE BELL - Can't Shake This Feeling (2016)
OO
élégant, groovy, intemporel
Chicago blues
L'harmonica est un instrument tellurique, vibrant. Tout à fait à même de secouer les sentiments, les pressentiments, de relever les esprits accablés. C'est celui de Matthew Skoller, grand musicien et compositeur de sa propre musique, ici au service d'une petite légende partie célébrer une nouvelle fois, après Blues in My Soul (2013), le son de Chicago que contribua à fonder Delmark, la plus ancienne maison de disques indépendante américaine de jazz et de blues. Sans doute encouragé par les récompenses récoltées récemment, et par la confiance que lui voue le label, Lurrie Bell engage ces festivités sans fioritures, en formation resserrée, et parvient à saisir dès la première seconde l'essence de cette musique virtuose et vigoureuse en diable. Lui et son groupe nous tiennent en haleine au long d'un disque si dynamique qu'il finit par nous inculquer un peu de blues sans nous par la densité des sentiments.
La spontanéité est celle d'un concert, d'ailleurs ont entend clairement des gens siffler et applaudir par moments. La voix nuancée de Bell brille particulièrement quand le tempo ralentit, sur une reprise de T Bone Walker, I get so Weary, qui fait briller la guitare du maître, capable d'aller chercher des notes les plus triturées et gutturales. Cette guitare se fera houleuse sur l'extraordinaire This Worrisome Feeling in My Heart, dans un registre mélancolique, où Bell se montre hanté par le blues, c'est à dire à la poursuite de sa propre vie. "These troubles i seem to find/It won't just let be me." C'est l'une des quatre compostions de cet album. Sinner's Prayer exacerbe le sentiment religieux avec une fougue surhumaine. La clarté de la formation brille sur la chanson-titre, dès l'introduction où presque tout est dit, avant qu'un balancement extrêmement familier et plaisant s'enclenche, une rengaine émotionnelle avant tout, paroles oblige, et qui produit des déroulés successifs de piano et d'harmonica sur une base basse batterie indéboulonnable. Born With the Blues mais à profit les capacités divertissantes de cet ensemble, peaufine à n'en plus finir. Sa voix modulée empreint Do You Hear d'une immense élégance. Au rayon des blues lents, qu'il faut rechercher dans le blues en général pour son pouvoir émotionnel supérieur, et du côté des compositions, Faith and Music assied définitivement Lurrie Bell parmi les grands esprits de cette culture nationale à la teneur artistique absolue. C'est une musique qui se joue avec un mental d'acier, pour lutter contre l'égarement que provoquent les émotions, avec une endurance héroïque.
Une émission blues vivement recommandée :
https://www.mixcloud.com/DrWax31/clarksdale-radio-show-2016-2017-01/
Libellés :
°°,
2016,
Blues,
élégant,
groovy,
intemporel,
Lurrie Bell
lundi 12 octobre 2015
OZARK SHEIKS - Run Devil Run (2015)
OO
communicatif, hypnotique, entraînant
Country, rock n' roll, blues
Le fait d’avoir lu Corto Maltese en écoutant les Ozark Sheiks a surement contribué au fait qu’ils sont désormais pour moi un groupe avec une capacité pour l’aventure, l’ironie, le détachement… D’un peu répétitifs, leur mélange survolté de country, de rock n’ roll et de blues joué en bande a revêtu, de plus en plus, un pouvoir libérateur. Leur attitude est excellente, c’est elle qui fait passer l’écoute de ce disque pour un pur bonheur à partager. On les voit danser tous ensemble, faire la fête. Leurs danses peuvent devenir transes quand ils empruntent au hill country blues du Mississippi (Martin Creek Blues).Ou rêves dodelinants dans d'insistantes et harmonieuses ballades (Ozark Crank).
Ecoutez votre chanteur de folk texan préféré (Townes Van Zandt ou Bill Callahan), puis une fois touché du doigt le dénuement sensuel et quasi tantrique qu’ils dégagent, plongez-vous d’un seul coup dans cette longue chevauchée d’album (une heure quand même).Run Devil Run est généreux, choral et partageur comme si les Arcade Fire n’avaient jamais joué de l’accordéon mais de l’harmonica (accordéon pourtant présent sur une chanson au nom Arcadefirien, Wake up Sinners). C’est traditionnel en diable.
http://ozarksheiks.com/
mardi 1 septembre 2015
BUBBLES BROWN - Mt Gilead (2015)
oo
romantique, fait main, intemporel
blues électrique
Elles n'est pas belle, cette pochette ? Du blues rural avec guitare slide électrique et percussions diverses, dont la fameuse washboard, par un duo de l'Indiana, La plupart des chansons de ce premier album généreux ont beaucoup de charme (Mary's Anne's in Love...), celles qui restent sont abrasives et énivrantes (Bought & Sold, Touch Me Don't Love Me, Sugar Bowl Blues). Leur forumle rappelle bien sûr Left Lane Cruiser et The Black Keys. Le prénommé Bubbles Brown, quand il quitte sa rude voix de fermier, a une voix haut perchée qui soudain peut rappeler celle d'un Father John Misty. Par contraste, Bloodshot Moon est comme un serpnt à sonnette agonisant sous une botte en cuir de vache. Une musique de durs jouée par des cœurs sensibles.
http://bubblesbrown.bandcamp.com/album/mt-gilead
mardi 28 juillet 2015
JORMA KAUKONEN - Ain't in No Hurry (2015)
>
O
apaisé, intemporel
country, folk, blues acoustique
Irrésistible est un terme sans doute trop rarement utilisé pour décrire la musique d’un mec de 74 ans sur un album de chansons country acoustiques. Mais sans dire qu’il a saisi là toute l’essence de cette tradition musicale, ce qui est sans doute vrai, il a enregistré avec Ain’t no Hurry un album qui fait du bien. C’est la musique d’un capitaine pragmatique, depuis son passé dans un immense groupe, Jefferson Airplaine, puis avec Hot Tuna, dans une veine de blues acoustique, sans parler de toutes les fois où il a joué pour son propre compte, du bluegrass (qui dit bluegrass dit duos homme/femme, et il y en a sur cet album), du folk, du blues dans les clubs de la Californie et de l’état de Washington. Même terre à terre, on l’a vu, les cheveux orange, en punk rocker dans les années 1980, puis fonder le Fur Peace Ranch dans l’Ohio, une sorte de nirvana pour guitaristes, dans lequel se déroulèrent des concerts et des ateliers de musique.
Les milliers de choses qui font la vie d’un tel homme laissent forcément un goût de poussière quand on prend sa carrière au cours de la 74ème année. Il n’a plus rien à prouver. Ain’t in No Hurry est plein du plaisir de jouer avec des amis, sans chercher à faire dans la pédagogie, et s’il y a de la nostalgie, elle est légère. Comment ne pas être rattrapé par le souvenir de Janis Joplin en 1964 quand il joue Nobody Knows Whe, You’re Down and Out ? La qualité d’enregistrement est bien meilleure que la demo d’alors, mais le feeling est, et c’est magique, inchangé. Kaukonen est resté exactement le même. Les collaborations – comme sur les presque huit minutes de Bar Room Crystal Ball – alternent avec les compositions poignantes. Seasons in the Field, avec ses paroles hypnotiques, est une belle façon de finir. Les thèmes sont forts et récurrents, comme rassemblés dans une force d’évocation qui donne tout son sens au terme de composition originale : c’est rassembler encore une fois, dans un tour de force toujours inédit, les inspirations d’une vie à écouter jouer le monde alentour. La si reposante steel guitar a beaucoup résonné.
Libellés :
°,
2015,
apaisé,
Blues,
Country,
disques US,
Folk,
intemporel,
Jorma Kaukonen
lundi 20 juillet 2015
JACK BROADBENT - Along the Trail of Tears (2015)
O
Intimiste, fait main
Blues, acoustique, folk
La voix de Broadbent, un hobo britannique, n'a pas la puissance qui conviendrait, mais au fil de cet album il porte sans trop en faire la chanson blues à un certain paroxysme, son propre nirvana. Au milieu de l'album, l'endurante Don't Be Lonesome, la fragile Without You et l'austère People Live in Hell démontrent sa force d'évocation au delà de la révérence.
Toutes les chansons sont de lui à l'exception de la reprise citée en premier lieu. C'est un blues souvent acoustique, délié mais pas égaré. Un blues qui a l'intelligence existentielle et la foi profonde qui convainc de plus en plus au fil de l'album, quand la pochette pouvait sembler composée. Avec Making my Way, on entre dans la dernière partie de l'album, où plus rien n'est à prouver, où les schémas auraient pu devenir répétitifs, mais ce n'est pas le cas. Parce que Making my Way est chantée avec une résolution irrésistible et qu'on apprécie une bonne fois pour toutes la façon qu'a Broadbent d'utiliser sa guitare aussi comme percussion. Puis vient The Plane Overhead, qui parle de son expérience intérieure avec une musique pleine de souffle, jouée dehors. Quelques harmonies inattendues viennent couronner cette performance enregistrée avec trois fois rien et pourtant hantée. Lorsqu'il l'enregistra, dans un bel été 2014 au coeur du Lincolnshire en Angleterre, il décrivit l'expérience comme un 'heureux accident'. "Ce qui a commencé comme une pièce improvisée a 'décollé' pour ainsi dire, quand un avion est passé au dessus de nous pendant l'enregistrement, donnant à la chanson son identité." Cet aspect improvisé n'est pas sans rappeler Riley Walker, dans un genre plus dépouillé.
Une artiste très prometteur !
jeudi 16 avril 2015
JAMES HARMAN - Bonetime (2015)
OOO
entraînant, élégant
blues, swamp blues, rythm and blues
Bourré d'intelligence, de sensualité, de vitalité Bonetime de James Harman pourrait bien être mon album de blues de l'année 2015. Catégorie Côte Ouest, en tout cas. Celui qui a éveillé la californienne Candye Kane à la bonne musique. Elle le découvrit lors de concerts et personne, alors, ne plaçait sa musique ans la niche du blues. Depuis 1962, Harman est un parrain de cette scène insouciante en apparence, qui n'a pas besoin de ressortir les reliques pour retrouver le mojo mais prouve avec Bonetime qu'il est capable, après six ans sans album, de produire une oeuvre cohérente, originale, et divertissante en diable. Tout est mis au service des chansons, on en oublie de remarquer le jeu des musiciens, pourtant excellents. Les chansons viennent se gonfler de choeurs, ceux de Kane, par exemple. On démarre sur les chapeaux de roue, sur la chanson titre et par une intro à l'harmonica, avant que la voix toujours avenante du maître lâche un couplet en forme de déclaration d'amour biaisée comme il les multiplie - avec juste la déférence qu'il faut pour ne pas passer pour un goujat. Puis vient un de ces soli qui ont biberonné Laura Chavez, la coéquipière de Candye Kane sur ses propres disques. Tout s'enchaîne à merveille, sans hésitation, sur des rythmes parfois lancinants (Ain't It Crazy) ou des influences rythm and blues ou vaudou (Blue Strechman Tattoo pourrait être sur le nouvel album de Dr John), décrivant des personnages en décalage, obsédé par la luxure bon enfant et les vieux gris gris de la musique blues.
http://electrofi.com/
Téléchargement gratuit :
http://mp3rally.com/2015/02/25/james-harman-bonetime-2015/
JOE & VICKY PRICE - Night Owls (2015)
O
fait main, rugueux, ludique
blues
Aux croisées des routes qui mènent à Chicago, depuis 1982 Joe & Vicki Price se sont mis à jouer ensemble. En 1987 ils se sont mariés. Depuis, en dehors des accolades récoltées en particulier par Joe Price par la profession, ils ont fait les premières parties de Buddy Guy, John Lee Hooker, Willie Dixon, Pine Top Perkins, Homesick James, Honeyboy Edwards, Louisiana Red, Al Green, Greg Brown ou Iris DeMent. Leur blues est très fun, repose beaucoup sur l'utilisation du bottle neck et une approche en apparence très rudimentaire et fait maison du blues, débarrassée de toute prétention guindée. Après avoir sortir des albums chacun de leur côté en 2008 et 2009, puis avoir récolté un Award en 2010, Night Owls est l'un de ces albums qui passeront inaperçus en France mais seront appréciés par les amateurs de blues comme ceux de folk révèrent les enregistrements si riches et amusants de Michael Hurley. Il alternent les chansons de Joe et de Vicky, car les deux en écrivent, comme dans l'ambiance spontanée d'un club tel le Buddy Guy's Legends à Chicago, où ils se produisent. Leur inspiration prend sa source à la campagne, d'où leur fierté d'avoir remporté le prix de meilleure chanson blues pour Hornet Nest, une idée venue à Joe Price alors qu'il s'est retrouvé la cible d'un nid de guêpes dans un grange.
http://www.cdbaby.com/cd/joeandvickiprice
jeudi 26 février 2015
PURA Fé - Sacred Seed (2015)

OO
engagé, communicatif, original
blues, world
Elle dit aimer le rock n' roll. Peut être la prochaine fois nous enregistrera t-elle un disque rock. C'est le guitariste français Mathis Haug qui a convaincu la chanteuse amérindienne élevée à Manhattan en 1959 de se concentrer, cette fois, sur son chant, pour mettre l'accent sur l'oreille musicale étonnante sa culture méconnue. Si les chansons témoignent de son engagement aux côtés des indiens Tuscarora de Caroline du Nord - les puissantes True Freedom ou Idle No More -, et de leur lien privilégié avec la rivière - River Peole - ce n'est pas pour sa force politique ou sociale que cet album est le plus fort, mais bien pour sa capacité à produire naturellement des grooves soyeux et séducteurs, qui mélangent la prédominance du chant, ou plutôt des chants -la voix de Pura Fe se superpose sous l'effet d'enregistrements successifs-, la guitare lancinante de Mathis Haug, l’harmonica et, plus original le violoncelle. En découle une vibration cool, presque zen, ceinte d'un peu de gravité. Elle qui a été élevée entre le swing et le gospel et la musique classique, laisse aussi entendre son admiration pour Duke Ellington en interprétant in a Sentimental Mood. Les indiens furent forcé d'adopter la religion catholique, mais une fois dans l'église ils s'approprièrent les chants gospel pour en faire autre chose, et c'est un peu ce qu'on entend...
Guidés par le charisme de Fe et au rythme de son tambourin rituel, les chansons sont en forte cohérence, s'interpénètrent et racontent les luttes et les espoirs comme en descendant le fleuve, jusqu'à l'embouchure. Jusqu'au final enchanteur de My People, My Land. Même si elle "croit en l'émergence d'une conscience identitaire", avec cet album de mélanges, Pura Fe fait primer le plaisir de chanter et de perpétuer le blues, car comme elle dit, de nombreux afro américains on du sang indien dans leurs veines : Jimi Hendrix par exemple.
http://nuevaonda.fr/
http://purafe.com/
samedi 24 janvier 2015
MARY FLOWER - When My Bluebird Sings (2014)
OOO
envoûtant, intemporel
Blues acoustique, folk
Un anniversaire ! 20 ans se sont écoulés depuis Blues Jubilee, le premier album de Mary Flower. When my Bluebird Sings est le 10ème. Une chanteuse folk peu médiatique de Portland, Oregon (et pourtant détentrice d'un award), mais c'est peut-être du au fait qu'elle se concentre davantage sur la pédagogie que sur sa carrière. ce qui est plutôt cool, d'enseigner le blues à l'école. On le sait, folk et blues acoustique sont étroitement liés. La relation d'intimité que Flower entretient avec ses guitares est si forte que je n'ai pas résisté à l'envie d'en savoir plus : ce sont donc une Gibson HG-2 Lap Slide Guitar de 1950 et une Fraulini Angelina. Mais, dit t-on, elle possède aussi une guitare de 1934. Il y a une interaction précise et confiante entre ses instruments vénérables, toujours aussi vigoureux qu'au jour de leur fabrication, et la musique de Mary Flower, qui réanime l'âme. Parfois entourée d'autres musiciens dans des sets dans un esprit plus ragtime, When my Bluebird Sings se démarque pour deux raisons : elle y est seule, et il constitué entièrement de compositions originales, alors que Flower avait l'habitude de reprendre Big Bill Broonzy, Emmet Miller, Tampa Red (Boogie Woogie Dance), Bessie Smith... Il alterne instrumentaux en forme d'impromptus émouvants, comme ceux du folk anglais de Davy Graham, et des chansons en accords ouverts, brillantes de nuances, entre pudeur, tranquillité, mélancolie et légèreté. Delta Dream ou My Bluebird transposent le bucolique enchanté de Nick Drake au Mississippi. Le blues du Mississippi d'avant la naissance du rock n' roll est une influence, dans l'expressivité et la générosité de cette musique réduite pourtant à sa plus simple expression. La guitare est frottée, caressée, les cordes tirées autant que pincées, faisant ce son rond et sans âge qu'affectionnent souvent ceux qui veulent souligner leur espièglerie.
http://maryflower.com/
1994
1999
2001
2003
2003
2005
2007
2009
2011
lundi 28 juillet 2014
JIMMY "DUCK" HOLMES & TERRY "HARMONICA" BEAN - Twice as Hard (2014)
OOO
intemporel, rugueux, spontané
Blues
Retourner au Mississippi des juke joints, après des volutes de pop, pourrait paraître un dur retour à la réalité. Entre deux inondations, le terrain fangeux laissé par le fleuve est pourtant propice à une liberté totale, un imaginaire foisonnant. Un esprit né de la réalité la plus brutale. Comme dit Jeff Konkel dans les notes de pochette de cet album miraculeux, si Holmes et et Terry Bean jouent, chacun de leur côté, un bleus assez dur, ensemble, ils produisent l'une des musiques les plus vraies du delta. Le lien qui les unit produit de l’électricité, une singularité qui les éloigne de toute société musicale préformatée. Ils agissent selon leurs propres règles. Certains bluesmen s'en sont échappés comme de grands manipulateurs de mots (et de femmes ?), d'autres comme des guitaristes impossibles à imiter. Le blues agissait comme une conversation, avec soi-même et ceux qui les écoutent de près. Twice as Hard donne l'impression d'être deux fois plus près des musiciens que la plupart des albums enregistrés aujourd'hui. Nous sommes avec eux dans de grandes salles remplies de chaises de plastique, insensibles à l'eau qui monte. Le quotidien autour de Clarksdale en de Bentonia est rude, Jimmy Holmes et Terry Bean épinglent les jours, les ralentissent jusqu'à les rendre hypnotiques. Sur Park You Car, les interjections de Holmes et les notes les plus aiguës de Bean nous redonnent la volonté que le temps, peu à peu, nous a retiré. L'envie de se remettre sur la route, complètement libre, vers le delta le plus proche.
Je remercie Hugues qui m'a offert ce disque pour mon anniversaire... Et je m'en vais écouter le dernier podcast de son émission blues de ce pas ! :
http://www.mixcloud.com/DrWax31/clarksdale-radio-show-2013-2014-14/
jeudi 10 avril 2014
SHEMEKIA COPELAND - Never Going Back (2009)
OO
groovy, communicatif, élégant
blues, funk, rythm and blues
Dans la vie, 'il est toujours trop tard et il est temps'. En tout cas, il n'est jamais
possible de revenir en arrière.
Shemekia Copeland sait toujours attirer votre attention avec
une classe
qui ne perd pas de son mordant depuis 1998 et la parution de Turn
The Heat Up.
Elle n’enregistre pas seulement des
albums pleins de style, mais
aussi d’humanisme. Plus trivialement, des disques que vous
gardez dans votre
lecteur mp3 et que vous réécoutez à chaque fois que vous êtes d’humeur à
vous
battre avec un salesman, un politician ou un advocate (celui du Diable, en
général) dans
un corridor aux plafonds hauts. (Important pour l’acoustique, les
hauts plafonds). Que vous
réécoutez quand vous arrivez au bout de votre
journée, de votre contrat, quand il s’agit de
supporter des gens qui à l’évidence
n’écoutent jamais de blues. Même sous
des abords aussi
doux que ceux du visage sur cette pochette (et le rendu assez
fade qu’elle provoque), c’est une
musique qui sonde tout de suite votre envie d'en découdre. Tout en vous détendant, avec le
très ouaté Black
Crow ou les funkys Born a Penny et Limousine.
Comme je l’avais remarqué d’abord sur 33 ½, paru en 2012 (et
sans doute encore meilleur),
les chansons vous saisissent, même lorsque votre
compréhension de l’américain reste
limitée ; Copeland a un talent pour décrire
les déceptions et les injustices d’une manière
qui redonne de l’élasticité à la
vie toute entière. Il suffit de ne pas se sentir déjà battu
d’avance.
La grosse claque, ici, c’est la présence de Marc Ribot (Tom
Waits…) en guitariste
providentiel
pour un boogie (Never Going Back To Memphis)
et d’autres morceaux qui remettent les
penseurs d’opérette (religieux par
exemple, sur Big Brand New Religion) à
leur place.
Cet album n’a sans doute pas de moments aussi dramatiques qu’avant,
mais grâce à un
groupe parfait, le message est mieux soutenu sur l’ensemble de
l’album.
samedi 5 avril 2014
JAMES COTTON - High Compression (1984)
OOOO
communicatif, intemporel
blues, rock and roll
Le rock déballe ce sentiment de ne pas être à la hauteur de ce que l'autre attend de nous.
Généralement l'être aimé, voire, dans les cas les plus tragiques, sa famille la plus proche. Le
regret, le remords, que le blues transmet avec le plus d'humilité et de générosité.
L'humour, la vivacité entre les mains d'un harmoniciste aussi extraordinaire que James Cotton,
font oublier les sujets graves. On danse, au son de sa voix rauque, qui date de quand il en
avait une. Elle est même la principale attraction de certaines de ces chansons.
Aujourd'hui, il n'en a plus, et il a peut-être produit en 2013 son testament, où on
l'entend vaguement croasser quelques mots, parfois, entre les attaques toujours fracassantes
de ses harmonicas.
A travers cet album, on devine que le blues est une musique moderne, sans couleur
particulière, révélatrice en ligne directe du sentiment qui l'habite. En 1984, ce disque
authentique était inespéré : les musiciens sont choisis pour faire le pont entre traditionnel et
contemporain, avec Pinetop Perkins au piano, et la production est épargnée des effets de
style qui on rattrapé le funk ou le rock à l'époque.
Un disque découvert grâce à la médiathèque de Nanterre.
Généralement l'être aimé, voire, dans les cas les plus tragiques, sa famille la plus proche. Le
regret, le remords, que le blues transmet avec le plus d'humilité et de générosité.
L'humour, la vivacité entre les mains d'un harmoniciste aussi extraordinaire que James Cotton,
font oublier les sujets graves. On danse, au son de sa voix rauque, qui date de quand il en
avait une. Elle est même la principale attraction de certaines de ces chansons.
Aujourd'hui, il n'en a plus, et il a peut-être produit en 2013 son testament, où on
l'entend vaguement croasser quelques mots, parfois, entre les attaques toujours fracassantes
de ses harmonicas.
A travers cet album, on devine que le blues est une musique moderne, sans couleur
particulière, révélatrice en ligne directe du sentiment qui l'habite. En 1984, ce disque
authentique était inespéré : les musiciens sont choisis pour faire le pont entre traditionnel et
contemporain, avec Pinetop Perkins au piano, et la production est épargnée des effets de
style qui on rattrapé le funk ou le rock à l'époque.
Un disque découvert grâce à la médiathèque de Nanterre.
vendredi 6 septembre 2013
WILLIS EARL BEAL - Nobody Knows (2013)
OOO
intense, hypnotique, sombre
soul, blues alternatif
L’album commence avec deux morceaux qui donnent la sensation que Willis est un classique, avec notamment la chanson Coming Trough qui profite de la présence de Cat Power, une chanteuse dont les premiers albums écorchés, dans les années 1990, sont sans doute parmi les références de Willis Earl Beal. Un passage lumineux qui donne l’impression que Beal veut ramener la soul là d’où elle vient. Mais ce n’était que pour montrer qu’il en était capable.
Burning Bridges nous fait basculer dans le genre de long développement cinématique qu’Al Spx nous avait servi avec Hector, sur l’album I Predict a Graceful Expulsion (2012). Sa vidéo ou elle interprétait une mariée enceinte et possédée, affranchie des dernières lumières de la civilisation dont elle est bannie pour accomplir son rituel d’adieu au corps de l’homme dans ses mains. Comme la chanteuse canadienne, On peut sans aucun doute possible dire que Willis Earl Beal nous ‘prédit une expulsion grâcieuse’ une expectoration à la hauteur de ses talents vocaux magnifiquement enregistrés, sa voix conservant l’aspect brut qui a l’a rendu si attractif dès Acousmatic Sorcery en 2012.
C’est intense, parsemé de glockenspiel et de piano, l’austérité élégiaque se mariant bien avec l’interprétation très libre du chanteur ténébreux, de la voix profonde et inquiétante au falsetto implorant. Disintegratings arrive, avec son groove désossé et laissé aux seule notes d’un piano hanté, la basse rampant dans un angle tandis que des voix préenregistrés perturbent le recueillement de Beal. Cette chanson, l’une des plus dénudées de l’album, est pourtant sale, maculée. Il faudra attendre Blue Escape pour réentendre une chanson dont la pureté concurrence Everything Unwinds.
Dans le milieu de l’album, on bascule dans un faux blues dont le ressort repose sur le pouvoir de Beal à émuler, parfois à éructer, à jouer des codes du genre sur des rythmiques et des grooves addictifs. Too Dry To Cry pose les dernière bases d’un album cohérent et hypnotique, dont les éléments et les instruments vont désormais ressurgir pour mieux surprendre, pour souligner d’un trait gras cette voix qui ne perd jamais en intensité ce qu’elle gagne en fureur ou en décadence. Earl se dépeint comme un être intransigeant, cruel, une araignée affamée qui parcourt les murs de sa morale, de sa conscience sans jamais revenir complètement au centre de lui-même. Il évite ainsi de se caricaturer. Et cette conscience ne se repose jamais.
Tous les mouvements qu’il effectue autour de ses victimes, y compris de lui-même, sont accompagnés d’un sens de la menace surgie de nulle part, une ombre de harcèlement et de danger avec laquelle les bluesmen ont beaucoup joué, souvent avec plus de légèreté qu’ici. La voix qui raisonne, comme une ironie face à l’indifférence et à l’oubli qui frappe l’artiste de rue. Mais s’il chante, c’est qu’il espère encore que sa chance va tourner . « You got to give me a chance to/Reverse this romance”. Dans le carré infernal des chansons de 7 à 10, What’s the Deal est une prêche hallucinée, qui résonne comme si elle avait été enregistrée spontanément par l’âme de Beal à son corps défendant. C’est une Passion dont l’éclat religieux est rendu profondément humain, divergent. La note d’orgue lugubre qui traverse la chanson continue à la fin pour constituer le pinacle glaçant de l’album.
Emuler n’est pas quelque chose d’honteux, et Beal se sert de ce qu’il peut répliquer comme d’un tremplin pour conduire l’auditeur dans des territoires intangibles. Pour les amateurs de Tom Waits, de Bone Machine (1992) par exemple, il n’y a rien d’effrayant dans Nobody Knows : ils vont adorer se retrouver à la merci de Beal lorsqu’il qu’il se transforme en bête sur Ain’t Got No Love. Les rythmes, l’instrumentation métallique et l’orgue de barbarie rappellent Waits. Beal trouve bon d’y ajouter quelques notes de guitare psychédélique, de d’invoquer Jesus Christ et le Diable en hurlant. C’est avant que des rires maniaques ne viennent souligner l’ambiance infréquentable et que Beal ne termine, sur un truc typique de Waits : un hennissement du fond de sa gorge sifflante. Je ne me rappelle pas qu’une ballade de Tom Waits m’ait touchée de la façon particulière qu’a Everything Unwinds de le faire. C’est le vagabond sous les étoiles “Je danse dans le chemin/avec de la rouille dans l’âme/à côté des bennes à ordures/sans but particulier/tandis que tout se déploie....
Libellés :
°°°,
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Blues,
hypnotique,
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sombre,
Soul,
Willis Earl Beal
jeudi 27 juin 2013
JAMES COTTON - Cotton Mouth Man (2013)
OOO
rugueux, groovy, intemporel
blues, rock n'roll, funk
Un album merveilleusement simple et direct : il s’agit
de ce vieux blues de Chicago qui est comme propulsé comme par la traction d’une
locomotive neuve. Les attaques d’harmonica de James Cotton, 77 ans, sont aiguisées
comme jamais. Les notes rugueuses sont parfois prolongées de longues secondes,
sur Wrapped Around my Heart par exemple, une ballade poignante interprétée par
Ruthie Foster. Cotton ne peut presque plus chanter, et laisse la génération
suivante – dont Warren Haynes, dont j’avais remarqué l’album Man in Motion – donner
leur plus honnête performances sans que l’intensité ne baisse jamais. Le piano funky
donne presque à l’album un esprit de fête. Vocalement, même si le maître ne se contente que
d’introduire une chanson, d’intervenir lorsqu’il est trop question de lui – sur
He Was There – et murmurer sur Bonnie Blues, il laisse une impression profonde.
Son harmonica est l’artefact ultime de la musique blues ; il jouit autant
qu’il travaille, surpasse n’importe quel autre instrument que vous entendrez
dans un disque en 2013. Toutes les chansons, même si elles sont basées sur des
idées mélodiques bien connues, sont originales, et écrites dans un esprit d’hommage
aussi bien à l’homme qu’à la scène qu’il est l’un des derniers à incarner. Une scène qu’il
partageait autrefois avec Muddy Waters et Howlin’ Wolf.
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