“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

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jeudi 2 juin 2011

{archive} Gil Scott-Heron - The Revolution Will Not be Televised (1974/1988)





Voir aussi la chronique de Winter in America (1974)
Voir les archives sur Gil Scott Heron

Parution : 1974/1988
Label : Bluebird
Genre : R&B, soul, spoken word
A écouter : Lady Day and John Coltrane, Home is Where the Hatred Is, Save the Children,

9.75/10
Qualités : poignant, sensible, engagé, vibrant


Cette compilation contient l’essence de ce qui fait Gil Scott Heron au début des années 1974, dans un époque où tout ce qu’il avait d’important à dire lui venait en même temps, ou il lançait des traits d’esprit à profusion,  créant un œuvre à la densité rare. C’est l’endroit idéal où commencer à l’écouter. Scott-Heron faisait alors preuve d’une conscience politique et sociale que peu d’artistes ont égalée. A mesure que son talent s’était révélé, il était devenu auteur de prose,  de vers, musicien (son instrument de prédilection restera le piano rhodes), et surtout orateur, inspiré par Martin Luther King et avec en tête, constamment, le discours que celui-ci avait prononcé devant le Lincoln Memorial en 1963. Scott-Heron avait ce besoin brûlant de partager des messages simples et très puissants, les communicant avec une ferveur inoubliable. Il était de ces artistes qui transforment votre façon de penser, qui exacerbent votre sensibilité. Un slogan aussi fort que The Revolution Will not be Televised a un peu vieilli, à l’heure où la révolution passe par les réseaux sociaux ; et cette chanson qui est devenue pour beaucoup l’épitaphe de Scott-Heron ne devrait pas cacher toutes les beautés humanistes que révèlent certaines de ces chansons, et la vivacité de son espoir, un sentiment indispensable pour faire face, aujourd’hui comme hier, à l’engrenage de la finance. Ecouter Gil Scott-Heron c’est consommer un peu de cette espérance – qui pourra être utilisée dans les jours, les mois, les années à venir pour toute action utile à soi et aux autres.

La version de 1974 de cette compilation rééditée en 1988, tout en étant plus courte, a plus d’impact. Les morceaux ajoutés en 1988 sont en réalité la seconde face de l’album Pieces of a Man (1971), dont sont aussi tirées certains des meilleures sélections ici. Allant de 1970 à 1972, les enregistrements présents nous permettent de profiter des meilleures chansons de Scott-Heron au début de sa carrière. Le style musical est très ouvert ;  poésie parlée, rythm & blues innovant qui contiennent des influences jazz, grooves qui préfigurent le hip-hop. L’abrasivité de certaines pièces – No Knock, The Revolution Will not Be Televised, Brother - confirment les assertions comme quoi Scott-Heron serait un parrain du rap. Ces séquences choc choisissent la confrontation directe et ne deviennent que jouissives, étant donné l’agilité de langue du parolier. Sa colère est contagieuse, notamment sur Whitey on the Moon : «  A rat done bit my sister Nell (with Whitey on the moon)/Her face and arms began to swell (and Whitey's on the moon)/I can't pay no doctor bill (but Whitey's on the moon). « Un rat a mordu ma sœur Nell/Son visage et ses bras commencent à enfler/Je ne peux pas payer de docteur/Pendant que le Blanc est sur la Lune ». Tout est une question de point de vue, et ce que fait Scott-Heron est nous ouvrir à une réalité complètement différente à celle à laquelle la plupart d’entre nous sommes habitués. L’époque ne change rien. Ses observations transcendent les temps et les lieux, car Scott-Heron est un véritable écrivain (il a d’ailleurs commencé par écrire un livre, The Vulture).


J’ai lu quelque part que l’empathie des gens les uns envers les autres devait sauver le monde. Pour la stimuler quelque peu, on peut prêter une oreille à ces Pieces of a Man (la chanson, un touchant portrait de famille où il dit avoir vu son père « se mettre en pièces »), ou Home is Where the Hatred Is, qui décrit les causes intimes de la violence, et comment cette violence commence d’abord par se manifester envers soi-même avant de nuire à autrui. « I left three days ago, but noone seems to know i’m gone » « Home is where the needle Marks/Try to heal my broken Heart ». Et surtout, Save the Children, la brillante complainte pour sauver l’avenir des nouvelles générations, entre les mains desquelles on place une responsabilité chaque jour plus grande. « We got to do something yeah to save the children/Soon it will be their test to try and save the world/Right now they seem to play such a small part of/The things that they soon be right at the heart of ». Au centre des chansons de Scott-Heron, il est toujours question de cœur ; l’empathie est sienne, il la travaille comme Klein son bleu si particulier. Ca et là, la légèreté, l’humour – assez noir, c’est le cas de le dire en ce qui concerne Brother – ou une instrumentation sensuelle allège l’atmosphère. Lady Day and John Coltrane, tiré de Pieces of a Man, est un classique R&B qui raconte comment la musique jazz peut adoucir les mœurs. Scott-Heron ne se fait pas seulement plaisir dans ces moments de brillance pop, il ouvre ses auditeurs, les met en confiance, les charme. Save the Children ou Home is Where the Hatred Is montrent aussi l’excellence de Scott Heron comme chanteur de soul.

mercredi 17 novembre 2010

{archive} Gil Scott-Heron - Winter in America (1974)




Voir aussi la chronique de The Revolution Will Not be Televised (1974)


Parution : mai 1974
Label : Strata-East records
Genre : Rythm and blues, Jazz, Soul
A écouter : A Very Precious Time, The Bottle, You Daddy Loves You

°°°°
Qualités : groovy, poignant, intemporel, engagé

Winter in America s’ouvre sur quelques notes de rhodes méditatives, une citation solennelle, et les premières phrases de Gil Scott-Heron, enfin, sont lentes, comme s’il voulait en sentir tout le poids. Alors qu’il nous avait habitués à des morceaux effrénés de prose, de proto-rap et de funk virtuoses et ramassés, le délicieux jeu de piano de son ami Brian Jackson est ici langoureux, contemplatif. Sans cesse à la recherche de la meilleure façon d’adresser le monde, Scott-Heron en trouve une qui, mine de rien, vaut bien toutes les autres – en se donnant davantage d’espace, il se laisse le temps d’entendre, autant qu’il souhaite être entendu par ses auditeurs. C’est comme s’il donnait de la place à un troisième protagoniste, situé entre lui et son public. Alors, si Winter in America déroutera celui qui s’attend à du funk enlevé et à une réponse pied levé aux dernières oppressions sociales, c’est l’œuvre la plus intéressante du duo Brian Jackson/Scott Heron. La voix de Scott-Heron y brille particulièrement.

Le disque est le fruit d’une et d’une longue focalisation thématique dans des travers fantomatiques. Il devait d’ailleurs s’appeler Supernatural Corner, en référence à ce qui apparaissait comme une maison hantée à Washington. Une métaphore intéressante à laquelle Scott-Heron préfèrera celle d’un hiver rigoureux auquel tous avaient pu goûter lors de la crise du pétrole au cours de l’année 1973. « ...Bobby Kennedy, le Dr King et John Kennedy, ceux-là représentaient le printemps et l’été, et ils les ont tués », dira t-il. « Tout le monde est en mouvement, en recherche. Il y a une agitation dans nos âmes qui nous fait continuer à nous interroger, lutter contre un système qui ne nous donnera pas d’espace et de temps pour s’exprimer dans de nouveaux termes ». La télévision, les médias, sont au centre de ce système qui accapare le temps et l’attention. Avec Winter in America, Scott-Heron continue à réfléchir à comment adresser différemment la conscience sociale du monde. Il ne relaie pas d’évènements politiques et sociaux, mais ce qu’il décrit est à la fois plus diffus et plus proche de chacun de ses auditeurs. Il est capable de se montrer attaché à des lieux, à des personnes, d’assumer une identité – et d’en jouer une, peut-être, ce qui est le péché de tricherie de beaucoup d’artistes.

Winter in America, c’est toutes ces petites phrases lancées dans des intonations marquantes : « Looking for a way/out of this confusion, looking for a sound/to carry me home” sur River of my Father ; “Was there a touch of spring ?” sur le morceau suivant, A Very Precious Time. Cette chanson résume bien ce dont il est question ; capturer des instants et transformer la chronique sociale en félicité.

“See that black man over there/he’s running scarred”. Une vision qui fait froid dans le dos tant qu’elle est déconnectée de son background musical et de l’intonation énergique plutôt que passéiste de Scott-Heron. Qu’on se rassure pourtant, sur The Bottle, dont est tirée cette sentence, c’est le moment d’avoir chaud. Cette fameuse chanson up-tempo qui est restée l’une des plus célèbres de son auteur et probablement l’une des plus emblématiques des années 1970. Le seul titre du disque qui a une chance de passer à la radio, et va effectivement rencontrer un succès logique. Basé sur des accords de rhodes entêtants plaqués par Scott-Heron, auxquels se joint la flûte de Jackson, et des paroles au pathos authentique, The Bottle a beau être redoutable, il laisse bien entendre une formation resserrée, minimaliste. Et effectivement, les deux musiciens enregistreront seuls la plupart du temps, faisant même mine de négliger la production de l’album, qui sera critiqué pour son manque de concision... mais dans cette configuration, ils s’autoriseront davantage tout en se recentrant sur les genres musicaux qui les attiraient le plus ; rythm & blues et jazz tenté de tradition africaine.

Tout s’est précipité avec The Bottle, mais le disque ralenti bientôt de nouveau. En écoutant Your Daddy Loves You, on comprend d’où vient tout le réconfort qu’a pu apporter Gil Scott-Heron à son pays. La chanson prend la forme d’une confession que fait un père à sa fille, où il admet avoir été trop faible pour voir simplement qu’il avait cette amour filial pour réparer les maux des grandes personnes. Intimiste et touchant au minimum, mais on serait tenté de dire visionnaire lorsqu’on mesure avec quel évidence Scott-Heron prend le mauvais rôle pour lui donner, doucement le ressort nécessaire à son salut. On voit bien que ce disque est l’occasion pour lui de changer de méthode et de tempérament. La formule est la même que pour The Bottle : accords plaqués et flûte, une musicalité qui n’a pas perdu sa nouveauté depuis, en témoignent les concerts en 2010. L’ironie et l’humour sans déguisement a remplacé la rancœur sur H2Ogate Blues (entendre "Watergate Blues"), une pièce jouissive, parodie de commentateur des médias croisée d'érudition sociale, dont le maigre public ne perd manifestement pas une miette. Le titre qui porte le nom du disque, mais n’y est pas inclus, est quand à lui disponible sur le best-of intitulé Glory.

samedi 11 septembre 2010

Gil Scott-Heron - Messages




« Si vous êtes pauvres aux Etats-Unis, alors vous comprenez ce qu’il dit. »

« J’ai récemment finit de lire Atlas Shrugged de Ayn Rand et j’ai pensé que ça évoquait clairement les circonstances actuelles. J’ai écouté le travail de Gil Scott Heron, The Bottle, We Almost Lost Detroit, Winter in America et les autres, et je ne peux rien imaginer de plus poignant et approprié aujourd’hui. Ses paroles résonnent en chacun, sans distinction. Qu’il ne soit pas plus reconnu de nos jours est ahuirissant. Génie. »

« Gil Scott Heron a/avait l’une des plus belles voix dans l’histoire musicale Américaine, belle à la fois de ton et de contenu. Le mot artiste est devenu tellement banal. Il s’applique à Gil. »

« La voix de la logique, de la raison, de l’intelligence, dans un marché de masse polllué et superficiel de pop abêtissante, etc, le travail de Gil Scott Heron devrait être considéré pour de futures études sociales. Le contenu et la profondeur de son travail va surement imprégner l’esprit de futurs révolutionnaires. »

« Tout est altéré et les artistes ne sont plus musiciens. Regardez Roger Troutman, ce type utilise un vocoder comme instrument. De nos jours les artistes utilisent ça pour cacher leurs voix trop faibles. »

« J’ai vu ce frère à de nombreuses reprises quand je vivais à Detroit dans les 70’s et les 80’s. Après un de ces concerts on a fait le tour de Detroit pour tenter de trouver la bouteille de vin 1’09… On la trouva et après l’un de ces concerts Gil se relaxait sur les marches au bord de la scène et on a parlé… On a tué la bouteille de 1’09 à trois avec Gil et mon fils… Quand je pense à ces temps là je souris, c’était le bon temps à Detroit City… »

« Gil Scott-Heron est l’un des artistes afro-américains les plus appréciés et hors du temps. Il utilise toujours la poésie comme un outil politique dans sa musique. »

« Il a 60 ans, né en avril 1959. Il s’est débarrassé d’une dépendance à la cocaïne qu’il avait depuis 15 ans. Il est aussi séropositif. Les drogues et l’alcool peuvent vous faire vieillir vite. Mos Def l’aide pour un come-back. Je pense que la leçon pour nous est d’être prudents dans nos modes de vie et prendre les bonnes décisions ; mais le « Father Time » nous rattrapre si nous ne mourrons pas jeune. »

« Ce qui m’attriste le plus c’est le fait que la culture aujourd’hui nettoie le cerveau des jeunes avec de faux artistes comme Gaga, Miley, etc. Dans les 70s, les gosses écoutaient aussi Gil. C’est comme si nous régréssions culturellement. La musique, New York, l’Art et tant de choses au monde ont été kidnappées légalement par de gentils riches aux dents blanches et en bonne santé, sans conception de la souffrance humaine. »

« Gil Scott-Heron rapait avant même que le hip-hop n’existe. C’est l’original !!! Tous ses apprentis du spoken word devraient en prendre note, il faisait du spoken word bien avant que ces muthafuckas naissent. Toujours un homme avec un message. Tellement de talent ! »

« Scott-Heron est souvent reconnu comme le « parrain du rap » et est largement considéré comme l’un des pères fondateurs du genre. A voir les fondations politiques qui sous-tendent son travail, il peut aussi être qualifié de fondateur du rap politique. Message to the Messengers plaidait pour qu’une nouvelle génération de rappeurs parle de changement plutôt que de perpétuer une situation sociale, et soit plus souple. »

« C’est fondamentalement différent du rap et du hip-hop mainstream. C’est quelque chose de politique. C’est quelque chose issu du mouvement de protestation sociale des 60’s. C’est fait pour informer plutôt que de simplement divertir ou faire de l’argent. Le rap commercial vient des mêmes sphères mais ses buts sont différents. Il cherche d’abord à divertir ou à promouvoir le rappeur lui-même. Il ne cherche généralement pas à promouvoir un changement extérieur. »

« J’ai écouté cet homme depuis que je suis adolescent. Il a toujours délivré des messages et il a toujours eu raison. Cet homme était en avance sur son temps et essayait de nous faire savoir ce qui se passait. Il essaie toujours de le dire. »

« Gil Scott Heron enseigne le savoir à une génération au bord de la stupidité. J’espère que tous ceux qui se disent rappeurs écoutent le message de Scott-Heron. »

« Le message de Gil n’a jamais été entendu grâce aux médias. Il a atteint les masses à travers ceux qui l’écoutaient et faisaient écouter les autres. Quand il prit un tournant commercial avec The Bottle qui passa à la radio, les choses changèrent. Les médias était satisfaits de voir « black man out there who’s running scared ». Bientôt sa vie imita son propre art. »

« Je suis né dans les 80’s (1986 pour être précis) et je ne suis pas Afro-Américain, mais je vais vous dire, cses mots sont les plus vrais que j’ai jamais entendus concernant ma génération, je les écoute et espère que tout le monde peut les écouter. Cette génération de divertissement n’a pas de vraies valeurs (c’est ce que les artistes promeuvent) et les gens sont pareil à mon avis… Ma génération se donne du crédit en ne faisant rien… et c’est triste. »

« Voir Gil Scott Heron évoluer depuis le jeune homme en colère jusqu’à la voix de la raison est une expérience inspirante. Gil est le lien entre Jimmy Baldwin, Malcom X, et MLK Jr. et la génération hip-hop. »

« Cette année j’ai 55 ans et j’ai grandi avec Gil Scott, et la guerre, et Malcom X, et Martin !!! Quelqu’un a eut le culot de me demander, quel est ton héros ? Et je me suis souvenu de ce que j’avais appris dans les rues de South Philly, un héros n’est rien d’autre qu’un homme-sandwich. Etre un homme noir pour moi c’est l’ultime forme de survie. »

« Winter in America est sorti en 1973, je l’ai acheté alors. J’ai réalisé qu’il allait être arrêté. Et maintenant nous sommes 36 ans plus tard et le même mensonge, la même haine et cupidité contrôlent le monde et ses mots résonnent plus vrais que jamais. Sauvez votre âme… »

« C’est triste que certains des plus importants écrivains, acteurs, artistes aient tant de difficultés dans leur vie privée. Parfois la seule médecine est de faire ce qu’ils font le mieux. Quand cela leur est retiré ou que les gens ne s’intéressent plus à eux, la fin qui leur semblait si loin apparait soudain à leurs yeux. »

« Ce qui est si intéressant avec Gil est de voir que sa musique sonne comme si elle avait été enregistrée dans les 00’s. Quelqu’un connaît Watergate Blues ? Tout ce que t’as à faire c’est échanger les mots « vietnamien » par « iraqi » et tout le morceau pourrait parler d’aujourd’hui ! Longue vie Gil ! »

« C’est super de savoir que certains jeunes gens écoutent toujours de la bonne musicque, mes petits-enfants adorent cette musique. Cette musique a tellement de sens. »

« Son introduction dans ma vie a conduit à un gros changement de pensée et d’action, disons que j’ai été assez fortuné pour changer ma vision de la vie. Quand j’ai vu qu’il accusait le coup, ma première pensée a été qu’il était assez fort pour traverser ça seul, maintenant il peut regarder le diable dans les yeux et dire disparaîs après moi et vas t-en."

« Les gens ne comprendront jamais ce qu’il chante et pourtant ses mots concernent tout le monde. C’est unedes rares personnes qui s’est concentrée sur les vraies épreuves. »

« Gil Scott-Heron, merci de continuer à lutter pour les droits des oppressés et de boycotter l’apartheid d’Israël – peut-être qu’un jour ils vont se réveiller et réaliser quels crimes ils ont infligé et continuent d’infliger aux Palestiniens."

« La musique de GS-H est si intéressante et diversifiée. Son nouvel album est incroyable… et ça inclut les interludes malignes… Dans les 70’s , sa musique se mixait bien avec la scène Latino, Fania All Stars, Joe Batan, etc. Il peut faire tout ça – toucher tout le monde – c’est un talent réel, hors du temps."

« Désolé de vous le dire, mais la race humaine est assez vulgaire… La musique d’aujourd’hui reflète mieux ça qu’elle le faisait dans lkes 60’s et 70’s parce qu’il est bien plus facile d’auto-produire et d’auto-promouvoir. Le coût d’enregistrement des albums de Ray Charles était d’un demi-million de dollars… Maintenant le rappeur moyen à New York dépense 2000 dollars pour digidesign et un PC et c’est tout. »

« Je suis Afro-Américaine, née et élevée à New-York et cette vidéo me fait parfois pleurer (Me and the Devil) parce qu’elle reflètre un peu mon enfance dans les rues de NY. La musique est morte il y a longtemps, on a la « mu-sick » maintenant. Ca nous tue, littéralement ! Ils ont volé l’âme de la musique, l’ont rendue populaire à travers Elvis, les Beatles et autres, et tout ça a disparu ensuite. Les Illuminati, Freemansons ou peu importe la manière dont vous les appelez, contrôlent maintenant l’industrie de la musique. »

« J’ai l’impression que la société est lessivée et tellement dégénérée, pouvez-vous imaginer qu’il y avait une époque où on pouvait voir Stevie, James, Curtis, Gil-Scott en grande forme, trouver un livre de DR John Henrik Clarke à la librairie et aller un un rassemblement de Black Panthers le jour suivant ? Qu’est-ce que’on peut faire maintenant ? Aller voir des films ? »

« Peu importe la qualité des paroles, je suppose que des artistes comme G.S.Heron ou Hall and Oates et beaucoup d’autres avaient à l’esprit qu’une chanson est aussi quelque chose qui se respire et qui fasse danser les gens… Faire des chansons aujourd’hui n’est plus une forme d’art populaire… »

« L’âme la plus touchante et pénétrante jamais née. »

« Si Robert Johnbson était vivant aujourd’hui, ce serait un rappeur. «

« Gil Scott-Heron est un maître dans son art. C’est mon père, frère, professeur, ami, guide, ange. Puisse le Créateur de l’Univers le garder et le bénir pour toujours. Sois fort, mon Frère ! Tellement d’entre nous sont à ton côté et derrière toi et avec toi. »

« Gil Scott-Heron adonné sa vie aux autres, et c’est un bel acte. »

dimanche 21 mars 2010

Gil Scott-Heron


"La musique n’est pas mienne. Elle nous appartient à tous. A la minute où j’essaie de me l’approprier, c’est fini. C’est mon boulot de transmettre ce que j’ai appris. C’est faire vivre la tradition. " Ainsi parle Brian Jackson, le partenaire de Scott-Heron pour plus d’une douzaine d’albums studio. C’est tout l’esprit de son partenaire qui passe à travers lui.

Gil Scott-Heron est avant tout un messager, avant d’être romancier, poète, musicien. Il utilise la musique pour communiquer et partager, et les mots comme une arme. Beaucoup prétendent faire ainsi de nos jours ; mais avec Scott-Heron ce sont les tripes de l’artiste qui sont en jeu, ce n’est pas un schéma esthétique mais l’expression d’un besoin qui se passe même de créativité – car s’il emprunte à d’autres les mots et s’il laisse la musique courir dans d’autres mains, sa seule voix trahit sa sincérité, son honnêteté.

Gil Scott-Heron est né à Chicago en 1949. De sa mère, bibliothécaire, il a surement hérité son intérêt pour la littérature ; de son père footballeur professionnel qui se faisait parfois appeler Black Arrow sur le terrain, il a peut-être admiré le sens de la défiance. Très tôt, il choisit son camp, et ce qu’il vit au quotidien ne lui en laisse qu’un. Dans The Vulture, roman qu’il écrit à vingt et un ans, Scott-Heron décrit très crument la misère et les trafics de drogue qui ravagent les quartiers laissés pour compte des grandes villes.

Après avoir passé son enfance dans le tenessee auprès de sa grand-mère, Scott-Heron déménage vers 13 ans dans le Bronx, le ghetto Noir à New-York. Il est alors un peu réservé et studieux. Au cours des années, alors qu’il s’attache à cet environnement étrange et peu naturel, cet envers du décor, il n’a qu’à regarder autour de lui pour nourrir son engagement, sans être réellement dans le feu de l’action. A mon sens, il ne le sera jamais ; il semble toujours en décalage avec ses contemporains, même avec ceux qui apprécient son art à plusieurs dimensions.

Il est aussi intéressé par la poésie, mais recherche un moyen plus direct, plus honnête (toujours par souci de ne faire l’esthète) pour s’exprimer, plus en rapport avec une réalité dure, voire répétitive ; où les gens ont un tempérament à fleur de peau, où certains basculent sans crier gare dans la dépendance, et de la précarité à la pauvreté. Dans son exploration de lois des lois du monde, il développe un talent de composition, de chanteur et de pianiste. La musicalité est un aspect très important de son art. Il se dit influencé par "les musiciens, plus que les écrivains. Richie Hawens pour ce qu'il fait avec les images et les rythmes. Coltrane pour le côté intemporel et dynamique de son œuvre. Otis Redding pour sa manière de chanter qui fait que les paroles deviennent des sons. » La musique, et la voix à l’intérieur d’elle, c’est clairement une affaire de rythme. Puis le rythme amène le débit. The Revolution Will Not Be Televised ressemble, dans sa première mouture (sur Small Talk at 125th and Lenox), à la mise sur rails d’un poème urbain flamboyant et marteleur.

Avec l’aide de Brian Jackson, compositeur et pianiste, du flûtiste Hubert Laws et de Ron Carter à la contrrebasse (qui a enregistré près de 1000 albums), Gil Scott-Heron va façonner deux classiques dont l’humeur navigue entre soul et spoken-word ; c’est Pieces of Man (1971) et Free Will (1972). Winter in America, en 1974, finit d’assoir la réputation de Scott-Heron comme l’un des précurseurs du rap et du hip-hop, avec The Last Poets par exemple. Public Ennemy, Rage Against the Machine ou Saul Williams l’ont tous cité comme influence.

Productif dans le courant des années 70, ils disparaît un peu après Moving Target (1982). Le temps pour ses auditeurs de faire le point sur dix ans de diatribe ininterrompue menée tambour battant avec Jackson.

Son engagement politique et social, évident sur des titres comme New York City ou Winter in America, tranforme aussi ses concerts en débats avec le public. Le gouvernement américain le déteste, et Scott-Heron, pour ne rien arranger, soutient le courant des Black Panthers en s’inspirant de Malcom X. Il a un point de vue très ouvert sur la question : « Si la communauté musulmane veut construire une mosquée, je joue pur eux. Si l'église du quartier veut envoyer de l'argent pour distribuer des vivres aux plus démunis, je le fais aussi. J'aide toutes les organisations qui apportent quelque chose de positif à la communauté noire. ».

Figure au passé flou et à l’avenir incertain, peu responsable de sa propre santé, Scott-Heron semble dédier sa voix à une cause de moins en moins évidente, au détriment de son corps et de son esprit.

Pourtant, en 1994, Spirit voit le jour et montre l’artiste en grande forme. A ce moment de sa carrière, Scott-Heron a réussi. Pourtant, s’il est brillant et érudit, sa musique ne donne pas l’impression d’une ébullition artistique ; mais exprime un état où l’âme et le corps d’innocents sont prêts à exploser des pressions sociales que l’on met sur eux ; c’est une musique qui se nourrit de l’environnement humain de Scott-Heron, sans tendance dominatrice. Au moment de I’m New Here (2010), c’est même plutôt l’inverse ; le poète prend la position la plus humble qui soit, comme si tout était à recommencer…

jeudi 11 mars 2010

Gil Scott-Heron - I'm New Here (2010)



Le pape du spoken-word, avec The Last Poets. Gil Scott-Heron venait à chaque fois avec toutes ses forces, ses faiblesses, taper à la porte pour exorciser le rêve américain. The Revolution Will Not be Televised est peut-être sa pièce la plus célèbre. A sa propre manière, il a incarné l’anxiété des années 70, a porté avec une voix neuve les transformations d’une époque de troubles. Aujourd’hui, cela fait seize ans qu’on ne l’a plus entendu, à l’exception d’un featuring ou deux (il a écrit un livre) ; il a eu des démêlés avec la justice pour des histoires de drogue, malheureusement. Comme si le sarcasme qu’il adressait à la société l’avait rattrapé, qu’il faisait maintenant partie du lot des figures pathétiques qui la constituent, incapable de dominer les emmerdes.

Sur I’m New Here, il apparaît solitaire, comme retardataire ; comme quelqu’un qui a définitvement perdu la course, et, plutôt que de voir les choses comme un leader convaincant, est maintenant déconnecté des réalités qu’il connaît pourtant. C’est ce qui fait que ce disque semble honnête ; Scott-Heron ne tente pas de rattraper le temps perdu, il célèbre en déchu ses revendications passées en les adaptant pour sa nouvelle situation. « It’s easier to run », remarque t-il ; lui n’a pas cherché à fuir en avant ; il préfère regarder fuir les autres devant lui, les voir disparaître vainement tandis qu’il progresse à son rythme en arrière, aux endroits les plus difficiles, les plus noirs, les plus stimulants aussi. Et dans sa musique au moins, il reste maître de lui, complètement décontracté.

Le morceau I’m New Here est une reprise de Bill Callahan, roi solitaire du lo-fi jusqu'à ce qu’il s’entiche récemment de mieux produire ses enregistrements. Me and the Devil est évidemment une référence à Robert Johnson, l’un des premiers musiciens populaires significatifs, et à son Me and the Devil Blues. Comme si Scott-Heron, dans sa position inconfortable, était en mesure de fermer la parenthèse presque sans âge d’une musique accouchée dans la douleur et avec une volonté de repentir incommensurable.

  • Parution : 8 février 2010
  • Label : XL Recordings
  • Producteur : Richard Russell
  • Genre : Spoken Word, Trip-Hop
  • A écouter : Me and the Devil, New York is Killing Me, Running

  • Note : 6.75/10
  • Qualités : attachant, spontané

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