“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

samedi 28 juillet 2012

Bande-son des Jeux Olympiques Londres 2012


Les anneaux avec Greenwich, dans la banlieue Londonienne, en arrière plan. La Tamise était l'un des symboles forts de la cérémonie.


L'Angleterre a encore prouvé la richesse et la cohérence de sa culture populaire, mélangeant musique, histoire, littérature (avec la présence de JK Rowling) humour et séries télévisées à l'occasion de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, le tout orchestrré par le réalisateur Danny Boyle.

Captain Algernon Drummond, William Johnson Cory - Eton Boating Song

Elgar, AC Benson - Land of Hope and Glory

The Jam - Going Underground

Muse - Map of the Problematique

Big Ben Chimes

Sex Pistols - God Save the Queen

The Clash - London Calling

Simon May - EastEnders Theme

The Shipping Forecast

Sir Hubert Parry, William Blake - Jerusalem

Elgar - Nimrod

Handel - Arrival of the Queen of Sheba

Eric Coates - Dambusters March

Handel - Music for the Royal Fireworks

Monty Norman - James Bond Theme

Mike Oldfield - Tubular Bells

Mike Oldfield - In Dulci Jubilo

Vangelis - Chariots of Fire

BBC News 1954

Arthur Wood - The Archers Theme

Winifred Atwell - Black and White Rag

Sugababes - Push the Button

OMD - Enola Gay

David Rose - The Stripper

Lionel Bart - Food Glorious Food

Irwin Kostal, Richard Sherman, Robert Sherman - Bedknobs and Broomsticks

Rizzle Kicks - When I Was a Youngster

Eric Clapton - Wonderful Tonight

Colin Tully - Gregorys Girl Theme

William Pitt - City Lights

The Who - My Generation

The Rolling Stones - Satisfaction

Millie Small - My Boy Lollipop

The Kinks - All Day and All of the Night

The Beatles - She Loves You

Mud - Tiger Feet

Led Zeppelin - Trampled Under Foot

The Specials - A Message to You Rudy

David Bowie - Starman

Queen - Bohemian Rhapsody

Sex Pistols - Pretty Vacant

Duran Duran - The Reflex

New Order - Blue Monday

Frankie Goes to Hollywood - Relax

Soul II Soul - Back To Life

Happy Mondays - Step On

Eurythmics - Sweet Dreams (Are Made of This)

The Verve - Bittersweet Symphony

Prodigy - Firestarter

Underworld - Born Slippy

Jaan Kenbrovin, John William Kellette - Im Forever Blowing Bubbles

Blur - Song 2

Dizzee Rascal - Bonkers

Tigerstyle - Nacnha Onda Nei (contains Michael Jackson - Billie Jean, Queen & David Bowie - Under Pressure and Ilaiyaraaja - Naanthaan Ungappanda)

Arctic Monkeys - I Bet You Look Good on the Dancefloor

Mark Ronson & Amy Winehouse - Valerie

Radiohead - Creep

Muse - Uprising

Kano & Mikey J - Random Antics

Tinie Tempah - Pass Out

MIA - Paper Planes

Coldplay - Viva La Vida

The Chemical Brothers - Galvanize

Franz Ferdinand - Take Me Out

Kaiser Chiefs - I Predict a Riot

Roll Deep - Shake a Leg

Adele - Rolling in the Deep

Oasis - The Hindu Times

Oasis - Wonderwall

Emeli Sande - Heaven

William Monk/Henry Francis - Abide With Me

Pink Floyd - Eclipse

The Beatles - The End

The Beatles - Hey Jude

David Bowie - Heroes

Eric Spear - Coronation Street Theme

Ron Grainer - Doctor Who Theme

John Philip Sousa - Monty Python Theme/The Liberty Bell

David Bowie - Absolute Beginners

vendredi 27 juillet 2012

The Gaslight Anthem - Handwritten (2012)



Parutionjuillet 2012
LabelMercury
GenreRock, Scène du New Jersey
A écouterHandwritten, 45, Too Much Blood
O
Qualitésefficace, communicatif




A 4 albums de leurs débuts, The Gaslight Anthem ont clairement choisi de marcher sur les pas de leurs héros. Le chanteur Brian Fallon entretient une relation de respect mutuel avec Bruce Springsteen, et révère Pearl Jam, le grand groupe de rock américain qui suscita l’enthousiasme dès Ten (1991), leur premier album, et les impressionnantes Animal, Alive et Jeremy. Leur vocaliste Eddie Vedder écrivait des chansons poignantes et avait un charisme incroyable (même hors de scène, il suffit de le voir introduire Neil Young au Rock and Roll Hall of Fame pour s’en apercevoir) et tout le groupe semblait vouloir renouer avec les temps d’un rock FM avec du cœur et des tripes.


C’est pareil sur Handwritten ; les petites amies prennent du baby’ et du ‘honey’, et The Gaslight Anthem est resté au temps où les structures couplet-refrain-couplet refrain étaient la seule façon d’écrire une chanson. Pour commencer, le premier extrait de l’album, 45, évoque l’âge d’or du vinyle : « “Turn the record over / I’ll see you on the flip side”. La filiation avec Springsteen vient tout aussi naturellement : comme lui, The Gaslight Anthem cherchent leur inspiration auprès des travailleurs à col bleu dont le but dans l’existence est de rendre leur entourage plus heureux et de distinguer plus clairement la signification de leur présence en ce monde. Brendan O’Brien, le producteur, est aussi un maillon entre Fallon et Springsteen. Le tempo semble ralentir imperceptiblement sur Handwritten, le morceau-titre placé en deuxième position, et Fallon continue d’ouvrir la voie puissamment, sincère et sans détours. « Have you seen my hand ? So just look and shake.” « Have you seen my heart ? Have you seen how it bleeds ? » Rares sont les valeureux qui jouent avec le cœur dans la main tels que le font The Gaslight Anthem, alignant sans faiblir les hymnes – traversés de wooo-hoo, de ye-eeah et de shas-la-la - destinés à être repris en chœur dans les stades. C’est ainsi qu’ils ont une filiation assez évidente avec les Foo Fighters.


Aucune de ces comparaisons ne serait possible si Brian Fallon n’avait pas une voix à l’égal des chanteurs qui viennent d’être cités, reproduisant les schémas de Chris Cornel (Soundgarden) et évoquant même Tom Petty – quand ce n’est pas Kurt Cobain qu’il imite, sur une reprise de Sliver. Cette voix est l’élément le plus convaincant de l’album ; aussi efficaces qu’elles soient, sans cette voix, convaincue, intense, mise au premier plan, les chansons auraient pu sonner creux. Sa férocité occasionnelle garde le groupe dans une forme d’intensité émotionnelle et lui évite la balourdise. La chanson Handwritten, sorte de super-héroïne dont la vigilance vitale prépare et transcende le reste de l’album, revient chaque fois à la rescousse en faisant éclater de nouveau la bonne volonté. "What's your favorite song?/That's mine, I've been crying to it since I was young." L’album est parfaitement séquencé, trouvant son centre dans la power-ballade Too Much Blood et son riff particulièrement épais. "Are you scared this sounds familiar?" Visiblement, Fallon ne craint ni les impressions de déjà-vu, ni qu’on l’accuse d’avoir eu la main lourde ; cette attitude effrontée lui rend service.


Leur grosseur n’empêche pas le groupe d’avoir une certaine subtilité. Les paroles sur Handwritten semblent plus personnelles que jamais, et c’est peut-être ce que présageait le titre de l’album. Too Much Blood évoque la relation entre sa vie privée et son besoin d’évoquer des expériences personnelles pour continuer à alimenter les chansons du groupe. . “If I put too much blood on the page / And if I just tell the truth / Are there only lies left for you?” Une chanson que l’on peut replacer dans son contexte en se souvenant qu’au terme du précédent disque, American Slang (2010), Brian Fallon avait reconnu qu’il ne savait pas s’il serait capable d’écrire de nouveaux textes pour un futur album. Quant à Keepsake, son histoire d’enfance livrée à elle-même est rendue plus déchirante par la présence d’un harmonica. Cette attitude est un peu en retrait avec les 2 morceaux censés conclure l’album (c’est sans les 3 morceaux ‘bonus’ qui existent sur ma version de l’album) ; 2 chansons introspectives, Mae et National Anthem : cette dernière réflexive sur l’état d’une société peut-être découragée parce qu’elle en sait trop sur l’état du monde. Ce n’est peut-être pas le disque le plus direct de The Gaslight Anthem, qui a accusé des comparaisons avec The Replacements, mais c’est un album dont on ressort avec le sentiment positif qu’une grande simplicité est à l’œuvre, une simplicité qui pourrait concerner nos vies aussi.

jeudi 26 juillet 2012

Galactic - Carnivale Electricos (2012)





Parutionfévrier 2012
LabelAnti-
GenreFunk, Jazz, Rytm and Blues, Zydéco...
A écouterCarnival Time, Ha Di Ka, Move Fast, O Coco Da Galinha
°
Qualitéscommunicatif, varié

La musique de la Nouvelle-Orléans et plus largement, celle du golfe du Mexique, fonctionne beaucoup par collaboration et émulation. Treme, la série télévisée de la chaîne américaine HBO n’a fait qu’amplifier l’engouement pour les valeurs qu’elle véhicule. Ces jours-ci sort la bande son de la 2ème saison paraît, et on y entend entre autres une réunion explosive entre l’ensemble funk innovant Galactic, le vénérable Dirty Dozen Brass Band et le rappeur gangsta Juvenile. C’est un autre rappeur, Mystikal, qui crève la bande-son de ce disque audacieux avec cette injection : Go, Mystikal, go !, sur Move Fast, une chanson intense dont la fonction de commentaire – ici sur la scène hip-hop de la Nouvelle-Orléans – reflète le reste de l’album. Lorsque Galactic, avec la hauteur de vue que lui ont donné deux décennies d’activité sur les traditions néo-orléanaises, décide de dédier son huitième album pour célébrer la tradition du carnaval, ils ont aussi dans leur lunette une autre capitale du carnaval mondiale, Rio. Le brésil participe à la chaleur de cet album, à travers un morceau tel que Magalenha. Ce titre est glissé entre 2 chants rituels modernes, Ha Di Ka (les indiens de Mardi-Gras Big Chief Juan Pardo et les Golden Comanches accompagnent) et Hey Na Na, et Voyage ton Flag, qui permet de célébrer le carnaval en mode Zydéco sur la base d’un gimmick d’accordéon samplé. Le versant le plus traditionnel et cuivré de la musique locale revient en force avec Out in the Streets (qui profite de la participation du claviériste Ivan, de la célèbre fratrie des Neville brothers), Karate ou Carnival Time, LA chanson capable mieux qu’une autre de faire le tour de la question - qui plus est réinvestie par celui qui l'a inventée. La rencontre de sons anciens et nouveaux gagne une nouvelle sensualité avec Ash Day Sunrise, qui culmine sur un solo d’orgue hammond. C’est le point d’orgue d’un album qui reste au beau fixe.

La musique de la Nouvelle-Orléans est avant tout une musique de performance. C’est aussi l’une des musiques les plus à même d’êtres partagées, car mieux que partout on incite dans cette ville le public des concerts à participer, en frappant dans leurs mains, en chantant, en dansant. Même s’ils pourraient se contenter de jouer les invités de luxe tous les ans au New Orleans Jazz festival, les Galactic ont une grande ambition, qui est d’expérimenter sur les mélanges des styles qui rendent la musique locale aussi détonante, afin d’en faire des disques entièrement nouveaux. Ils réussissent mieux que quiconque, même si le résultat de leur sessions n’attend qu’une chose, c’est d’être capturé dans des conditions plus propices à susciter l’extase : en live !




mercredi 25 juillet 2012

Garland Jeffreys - The King of in Between (2011)





Parutionjuin 2011
Label
GenreRock, Scène New-Yorkaise, Auteur
A écouterConey Island Winter, The Contorsionist, Roller Coaster Town
°°°
Qualitésengagé, poignant, groovy




The King of in Between : le roi de l’entre deux. Un titre peut-être caustique, car cet extraordinaire auteur rock n’a jamais vraiment traversé l’atlantique, malgré des albums et des concerts sans faute dans les années 70. Aujourd’hui, Garland Jeffreys ressurgit après s’être laissé ces 15 dernières années envahir par la vie la plus vraie, consacrant le plus clair de son temps à élever sa fille, Savannah, qui fête ses 15 ans justement, en 2012. Cet album, le 12ème de sa carrière, il le publie au travers de son propre label, et il sort selon l’endroit en 2011 ou 2012. Entre deux encore. Il ne faudrait pas que ce soit vain, et que sa musique élégante et racée ne reste entre les mains de bloggeurs américains certes enthousiastes. La photo de Anton Corbjin qui illustre la pochette montre le chanteur métis à l’intersection du boulevard Martin Luther King et Malcolm X à Harlem. Entre-deux toujours. Entre humilité et défiance, nostalgie et soif de mouvement. « J’ai toujours eu une certaine exubérance, reconnaît t-il. Je ne me range jamais pour longtemps. ». Elevé dans la New York des années 50 aux sons de Duke Ellington et Nat King Cole, il rencontrera Lou Reed et collaborera avec John Cale pour Vintage Violence, avant de combiner en solo son amour pour la soul, le blues, le reggae ou le punk. Le pape de la musique néo-orléanaise, Dr John, joue sur son premier album en 1973 ; en 1977, il fait paraître Ghost Writer, enregistré en Jamaïque. « Ce disque était un bijou », remarque t-il. « Mais le music business n’était pas fait pour l’art », ajoute t-il pour expliquer le relatif échec de l’album. Roy Cicala, son producteur d’alors, travaillait aussi avec John Lennon. La chanson Wild in The Streets était jouée dans nombre de juke-box à New York – tous les soirs chez Max’s Kansas City. I May Not Be Your Kind, Cool Down Boy et Spanish Town furent tout de même des hits à la radio. L’album de Lou Reed baptisé New York (1989) est un sacré morceau, mais New York Skyline, sur Ghost Writer, est peut-être la plus belle chanson jamais écrite sur la ville.


« Je suis encore en train de m’ajuster au nouveau business de la musique », raconte Jeffreys aujourd’hui. Son pinacle de passion musicale se situe dans une époque qui précède l’avènement du CD. « Mais je suis sur un plan à horizon 90 ans comme B.B.King, Tony Bennett et John Lee Hooker. » Force est de constater que le moment n’est pas venu pour lui d’abandonner, au contraire. En 2012, il ajoute aux tableaux de New York et au ballet des intolérances une réflexion pleine de justesse et de malice sur le vieillissement en l’absence de ses symptômes habituels - l’esprit de Jeffreys est aussi vif et tranchant et sa musique tient en haleine. Coney Island Winter donne le ton, musicalement comme thématiquement : « Vanity Strikes/Humility speaks/Insanity lives on the edge of the street/This is a story, it happens every day” Il se pose en observateur du quotidien dans ce rock à la croisée du blues parlé. « I want kiss the ground » réclame t-il pour montrer son attachement et son respect, non sans une pointe d’amusement. Les réminiscences de sa jeunesse vont et viennent, illustrées par l’image d’un parc d’attractions qui part en miettes. Les commentaires politiques et sociaux fusent avec une adresse telle que n’importe qui peut ressentir leur portée. C’est comme le hip-hop : de la musique urbaine affutée dont les seules concessions et faiblesses sont celles du cœur. La grosse caisse bat fort dans la poitrine de ce premier morceau. I’m Alive, dont on devine aisément le propos (« grateful i’m here and still alive »), est plus dense encore grâce à une véritable orchestration. Le refrain ("I’m alive, i’m alive, i’m alive, not dead ») est facile à reprendre, comme le sont les doo doo doo doo sur le funky The Contorsionist.


L’album est devenu réellement intéressant avec Streewise, une chanson à la fois dure, bienveillante et poignante. « Regarde ma petite fille, elle marche dans la rue/rentrant de l’école/Sans savoir quel dégénéré elle risque de rencontrer». On devine qu’il est question de Savannah, de ce que Garland Jeffreys veut lui transmettre, de père à fille, en termes de sagesse urbaine. « Et quand je pense à ce que mon père m’a appris/Il m’a pris par surprise/J’ai levé les yeux vers lui et il a dit/Tu dois connaître la rue. » La tolérance et la politique refont toujours surface, lorsqu’il évoque la présidence d’Obama et la polémique d’un racisme toujours très présent aux Etats-Unis – même les plus puissants doivent avoir conscience des dangers de la rue, car ils peuvent être assassinés. The Contorsionist explore à son tour plusieurs sentiments, ce que c’est que de jouer le jeu du show business en se pliant à ses règles, ou de jouer de la musique en décidant simplement d’ouvrir son cœur à son entourage. Jeffreys revient toujours à plus de simplicité fondamentale, avec ce refrain superbe : « Everybody need somebody to love », pas besoin de traduction. All Around The World, fait encore preuve de perfection, que ce soit au niveau du feeling, des arrangements, de la production. Un reggae comme aux grandes heures où il côtoyait la soul pour se former en messages de paix, une preuve définitive de combien Jeffreys a compris toute l’essence de ce style musical auquel il s’est beaucoup consacré. Les chansons continuent de se succéder, toutes meilleures les unes que les autres ; un nouvel hommage à John Lee Hooker, qu’on avait laissé aux mains bienveillantes de Ry Cooder sur son récent disque, Pull Up Some Dust and Sit Down (2011), et un retour en force de la romance avec Love is not a Cliché ou The Beautiful Truth.


Roller Coaster Town renoue plus étroitement que jamais avec les images d’une jeunesse valeureuse et pleine de détermination, celle qui n’a pas quitté Jeffreys lorsqu’il écrit. Enfin, on pense à Levon Helm, le batteur de The Band décédé en avril 2012. Les deux hommes avaient eu l’occasion de jouer ensemble à plusieurs reprises, et Larry Campbell, musicien sur the King of In Between et producteur des 2 derniers albums de Helm, Dirt Farmer (2007) et Electric Dirt (2009), sera resté leur dénominateur commun jusqu’à la fin. Jeffreys ne peut décemment pas attendre 13 ans de plus pour le prochain disque.

vendredi 20 juillet 2012

Sharon Van Etten





"J’ai décroché un job chez Joe, un petit restaurant Italien de Times Square. Trois heures après le début de mon premier service, j’ai été relevée de mes fonctions quand j’ai renversé une assiette de veau sur le complet en tweed d’un client. Consciente de n’avoir pas d’avenir dans la profession, j’ai abandonné ma tenue – à peine tâchée - avec les talons compensés dans des toilettes publiques. Cet uniforme blanc, ces chaussures blanches, ma mère m’en avait fait cadeau, c’est en eux qu’elle avait placé ses seuls espoirs pour mon bien-être. Ils étaient maintenant comme des lis fanés, abandonnés dans un évier blanc. » C’est le New York de Patti Smith, celui qu’elle raconte dans son roman autobiographique Just Kids (2010).
Au seuil de l’enregistrement de son troisième album, Tramp (2012), il y a chez Sharon Van Etten le romantisme des rues de New York, des restaurants, des hôtels et des chambres de fortune. Une errance a donné son titre à l’album, ‘clochard’. Tramp est aussi le récit d’un nouveau départ et de rencontres avec d’autres troubadours qui sont à la New York d’aujourd’hui ce qu’étaient les fréquentations du Chelsea Hotel à Patti Smith. Il y a une difficulté persistante à vivre en ville avec des aspirations de bohème. Sharon Van Etten a réussi d’un seul élan, s’élançant avec effort, ces 3 dernières années, pour devenir l’une des meilleures. Une chanteuse folk-rock à l’aura magnétique, à la voix puissante et subtile, capable de polariser l’attention sur sa musique.
Comme Patti Smith, Sharon Van Etten abandonne la « tenue » propre aux petits boulots pour donner cours à sa passion pour l’art et la création, au risque d’une déception future. C’est un cursus dans une université du Tennessee qui est le déclencheur. Elle reconnaît l’importance qu’a joué l’apprentissage de la composition harmonique classique, même si elle décidé à l’époque de quitter l’école – école et musique ne se sont jamais vraiment conciliées dans son esprit. Elle regagne provisoirement le foyer familial dans le New Jersey (état au nord de New York) pour pouvoir se consacrer exclusivement à la musique… et à ses proches.
« C’est difficile de revenir chez ses parents quand on a dépassé la vingtaine… mais ils ont été très encourageants. » Les 4 ou 5 années suivantes seront consacrées à épauler les artistes d’une maison de disques locale, Ba Da Bing (qui a vu passer les très recommandables Comets of Fire, Shearwater ou Six Organs of Admittance) pendant leurs tournées. Elle écrit et joue des chansons pendant la nuit, et finit par attirer l’attention de Kyp Malone (l’un des deux chanteurs du groupe au succès international Tv in the Radio), qui l’aidera à faire ses classes au sein de la scène locale.
Pour ce qui est du petit ami, Sharon Van Etten a eu moins de chance que Patti Smith. Le musicien immature qu’elle avait rencontré dans le Tennessee la découragea pendant toute la durée de leur relation - 5 ans - d’écrire des chansons qu’ils trouvait trop intimes. Smith eut quant à elle une relation longue et constructive avec Robert Mappelthorpe, le célèbre et tourmenté photographe réputé pour ses photos en noir et blanc et ses nus masculins. Ensemble, ils avaient bravé la pauvreté, s’étaient mutuellement entraînés à créer, à faire fleurir l’imagination de presque rien – magazines pornographiques pour l’un, poèmes de Rimbaud pour l’autre. Quand son premier album, Horses, paraît, en 1975, Smith est une femme familière à l’acte de créer. Elle a franchi une étape en mettant ses poèmes en musique, tandis que sa passion pour les arts plastiques est mise de côté. « Elle a une voix si reconnaissable, s’enthousiasme Sharon Van Etten lorsqu’on la questionne quant à l’influence de Horses sur sa propre musique. Elle chante toujours de façon presque parlée, très grave et rauque mais jamais vraiment fragile. Elle apparaît toujours très forte et émotionnelle sans paraître en faire trop, et son groupe est très agressif sans être bordélique. » «Pissing in the river (une chanson sur Radio Ethiopia, 1976) est l’une des chansons les plus incroyables que j’aie jamais écoutées, ça parle de bouger à New York et, au moment ou je l’ai entendue elle avait beaucoup de sens pour moi. Patti Smith ne faisait pas réellement de musique au moment de ce disque. Tout le monde l’encourageait à en faire pendant qu’elle galérait simplement pour s’en sortir, et qu’elle n’était même pas sûre de pourquoi elle était là. J’ai lu Just Kids quand j’étais en train de travailler sur Tramp, et je sous-louais une chambre proche de là où Patti vivait avec Robert Mapplethorpe . J’ai pu imaginer ce à quoi ce quartier ressemblait à la fin des années 60, début des années 70. »
Bien plus forte
A la sortie de son premier album, Because i Was in Love (2009), Sharon Van Etten a été comparée un peu paresseusement à d’autres chanteuses de sa génération. « Des artistes telles qu’Alela Diane, Marissa Nadler, Jana Hunter et Mariee Sioux, ont produit de la musique de qualité avec une belle constance, et ont placé un standard assez haut pour ce soit difficile de s’aligner lorsqu’on débute. Pourtant, sur son premier album, la chanteuse de Brooklyn Sharon Van Etten prouve qu’elle a l’expressivité et les qualités d’écriture pour soutenir le pas de ses compagnes.» Comme Marissa Nadler, c’est vrai, Sharon Van Etten adresse des sujets biographiques avec une part égale d’assurance et d’étrangeté. Sa voix est aussi extraordinaire que celle de Nadler; léthargique, large de spectre, avec quelque chose d’un ancien envoûtement. En outre, elle est moins vaporeuse, plus affirmée.
Une tournée avec Meg Baird fit entrer Van Etten dans le giron d’Espers, un groupe de folk fantasque amené par un visionnaire du genre, Greg Weeks. Il produira Because I Was in Love. Sur ce disque, le chant, la guitare de Van Etten ne seront réhaussés que d’occasionnels éclats de cymbales, d’orgue ou d’harmonies vocales. La chanteuse y est encore très directe et personnelle, marquée par la relation qu’elle vient de traverser. Elle semble interpréter ses chansons comme confrontée, en face à face, à un amant ou à un ami, chaque phrase ou presque usant d’un tutoiement indéfini. Les nuances dans sa voix permettent de tempérer la fragilité émotionnelle des chansons. Elle a conçu avec cet album un microcosme dont elle va peu à peu se libérer. Cette libération est consommée avec les chansons Tornado ou Consolation Prize et prend de l’essor sur l’album suivant, Epic (2010). Ce disque de 30 minutes, enregistré en 3 semaines avec un véritable groupe et non plus seule, semble toucher au solstice là où Because i Was in Love nous décrivait le printemps de l’artiste. On y découvre des chansons plus pleines et intenses, à l’image de DSharpg ou One Day. L’expérience du concert est encore plus vibrante (voir les vidéo filmées au festival de Bonnaroo en 2011)
Certains préfèrent toujours Because i Was in Love car sa réserve, son intimité en font un disque plus traditionnellement folk que ceux qui suivront. «L’album Because Was in Love était plus timide et hésitant à tous points de vue. J’ai écrit certaines des chansons pour Epic juste après, sur ma lancée, mais j’étais déjà beaucoup plus à l’aise avec ma personne, et j’étais plus sereine vis-à-vis de ce qui se produisait. Je me sentais bien plus forte », témoignera t-elle après la sortie de son second album. Elle a passé 5 ans avec le mauvais mec, trop persuadée qu’il allait finir par se réconcilier avec sa propre vision à elle, pour finalement se rendre compte qu’il fallait qu’elle passe à autre chose. Ce que certains trouvent étrange, sombre, voire dangereux dans Epic n’est en réalité que l’éclosion d’un tempérament plus affirmé.
Time is on my Side

Les 3 albums de Sharon Van Etten ont été écrits sur une période courte, et un certain flou chronologique entoure toutes ses chansons. Il y a celles écrites avant New York qui semblent déjà tendre à une nouvelle vie, à de nouvelles amours, et celles écrites plus récemment, une fois Van Etten installée en ville, qui offrent des méditations plus adultes, telles celles qu’elle a aimé lire chez Patti Smith. Lire Just Kids a fait comprendre à Sharon Van Etten qu’écrire était comme encapsuler le temps. « Quoi que vous écrivez, vous y êtes vraiment connecté, et vous pouvez toujours revenir, dans votre esprit, à ce dont il s’agissait. » C’est la possibilité de voir sa vie sous forme de différentes séquences, à travers des lieux visités, des relations amicales et intimes, qui fonde une carte trouble mais passionnante. Avec Tramp, son troisième album, les frontières New-York ne suffisent pas à cette déambulation vitale. Une tournée européenne enrichit son répertoire comme s’il s’agissait de vignettes dans un album – mais de vignettes qui plutôt que de servir de souvenir capturent un temps toujours présent, celui du sentiment à l’origine de chaque chanson. Warsaw, par exemple, a été écrite en Pologne, pendant une tournée ; Give Out après un autre concert… Chaque lieu a une énergie distincte, et écrire en mouvement a contribué au son de l’album. « Je craignais que ça ne devienne un disque trop schizophrénique parce que j’étais si dispersée, mais finalement, c’est devenu l’un de ses points forts. »
 Van Etten embrasse tous les temps avec une grâce rare, avec une élégance un peu perdue aujourd’hui. Elle sait se montrer candide quant à l’instant présent, se vouant à la plénitude, sans arrière pensée sur son premier album : «mon orteil touche heurte légèrement le tien/Ton pied frôle ma cheville en retour/je n’ai besoin que de cela. ». Il est question d’amours qui naissent, qui ont duré, qui se terminent ; lorsqu’elle chante une ancienne relation, elle dégage une appréhension nouvelle, toujours ce désir d’être acceptée, d’être appréciée. En écrivant au présent elle prépare l’avenir ; c’est ainsi que des chansons écrites pendant l’enregistrement d’Epic vont être réinvesties pour Tramp. Dans une écriture généralement réflexive et temporelle, le présent est le temps des chansons les plus intenses, Crime par exemple : «To say the things I want to say to you would be a crime/To admit I’m still in love with you after all this time.» Le présent est d’une intensité punitive, sur Tramp : « Tu aimes t’accrocher à tes rêves », assène-t-elle. En quelques années ses expériences ont varié. Elle a depuis sa première relation appris a faire durer ses amours en chansons, en leur ajoutant les commentaires qui la préparaient à une vie future ; elle semble aujourd’hui plus à même de laisser les sentiments les plus palpables prendre le pas sur sa vie plutôt que sur sa musique. Dans un élan naturel, son art va en se renforçant, en trouvant de nouvelles ramifications à travers les amitiés les plus fortes, en participant à son propre épanouissement plutôt qu’à celui de ses albums. « Mais avec le temps, ça m’a fait aimer, ça m’a fait aimer lus fort », chante t-elle sur Love More, la chanson qui a donné, de manière inattendue, une nouvelle dimension à sa carrière.
Pour Tramp, album subséquent à sa signature avec la maison de disques Jagjaguwar, Van Etten a utilisé des chansons éparses. Epic avait été enregistré en 3 semaines, Tramp en plusieurs mois. Ce disque profite d’une écriture affirmée, mais semble aussi être le moment ou les chansons lâchent prise sur la vie réelle, où ces 2 mondes cessent de n’être que miroirs pour évoluer comme 2 entités distinctes : l’art et la vie quotidienne des sentiments. «It’s bad to believe in any song you sing," chante t-elle sur I’m Wrong, privant parfois les chansons d’entretenir un lien trop évident à la vie réelle. Elle exprime ainsi sa volonté de ne pas en faire un travail autobiographique. Elle marque un retrait, desserre sa prise sur ses textes : «We got to loose sometimes» sur We Are Fine. Les mélodies vocales superbes, habitées de Tramp et les refrains saisissants annoncent un triomphe intime, émancipent la chanteuse de la domesticité. D’abord peu encline à revivre des sentiments forts, Van Etten a reconstruit enfin, une aventure vigoureuse sur laquelle elle multiplie les prises de vue, usant de gravité et malice. Des postures qu’elle semble emprunter à l’une de ses influences majeures ; le célèbre canadien à qui elle a dédié l’une de ses plus belles chansons, Leonard. Ces chansons marquent les étapes de son ouverture propre, en plus d’être des commentaires globaux. A propos de Give Out : « Elle parle de déménager à New York, de tomber amoureuse à nouveau, de s’ouvrir à l’extérieur et de redevenir vulnérable. C’est effrayant de retomber amoureuse !
nouvel élan
Chez Patti Smith, le Chelsea Hotel des années 70 est une expérience bénie, où demeure une impression de fraternité, d’ébullition artistique. Les musiciens New-Yorkais semblent depuis lors graviter autour de la légende de cet hôtel et de ses excès. Les amis de Van Etten balisent les séquences de sa vie. Ils alimentent son travail, l’encouragent, jouent pour elle, reproduisent ses chansons. Ils se font en quelque sorte les relais d’une histoire qui était encore, il y a peu, très intérieure et semble progressivement s’échapper d’un livre encore à écrire. A travers ses amis, Van Etten se met soudain à vivre à New-York, même lorsqu’elle est ailleurs, en tournée. Des types barbus insiste pour lire ses poèmes, des adolescentes expriment le besoin d’être à ses côtés et d’autres plus agées s’étonnent qu’elle ne soit pas lesbienne. Ils le reconnaissent tous, c’est le genre de personne qui fait naître un élan irrépressible de tendresse, de protection, une envie de rendre service.
Bon Iver faisait paraître en 2008 For Emma, Forever Ago. Le magazine Rolling Stone le qualifia de « l’un des meilleurs albums de fin de couple de tous les temps », et en regard de la chanson Skinny Love on comprend bien pourquoi. « And I told you to be patient/And I told you to be fine/And I told you to be balanced/And I told you to be kind". La tonalité triste des morceaux de cet album, dont le retentissement aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde fut exceptionnel pour un album de folk, sera largement transcendée dans son second album, simplement appelé Bon Iver (2011).
La force émotionnelle de ses disques ont directement interpellé Van Etten, et de nouvelles perspectives s’ouvriront pour elle lorsqu’elle apprendra que Vernon, en compagnie d’Aaron Dessner, joue en concert une reprise de Love More, la dernière chanson bouleversante sur Epic. Portée par un nouvel élan, elle contacte Dessner, qui est trop heureux de se proposer de produire son nouveau disque. Son propre studio d’enregistrement, non loin de là ou Van Etten sous-louait une chambre, servira quasiment de nouveau domicile à la chanteuse. C’est l’histoire la plus connue quant à l’enregistrement de Tramp : la relation de Sharon Van Etten avec Dessner, le chanteur du groupe New-Yorkais The National – un groupe inspiré par l’indie-rock, l’americana et la brit-pop que le bouche à oreille a fait exploser avec High Violet, mais dont les plus beaux faits d’armes sont sans doute Alligator (2005) et Boxer (2007).
Écrire et jouer ne rapporte pas beaucoup d’argent, mais il n’était pas question pour Sharon Van Etten de retourner vivre chez ses parents. Pendant 14 mois, elle dormira successivement chez plusieurs amis ou dans des sous-locations. Sa nature un peu anxieuse et son manque d’attaches ont suscité des textes intenses. Ecrire en tournée, enregistrer sans chez-soi l’a obligée à restreindre ses méthodes de composition, sans imaginer quel souffle allaient prendre ses compositions, une fois sa nouvelle ‘famille’ constituée.
Matt Barrick (Walkmen), Jenn Wasner (Wye Oak) Zach Condon (Beirut), ne sont qu’une petite partie de l’extraordinaire entourage de musiciens qui participeront à étoffer ses chansons les plus récentes. La voix de leurs propres groupes est largement audible jusqu’en Europe et en France. Avec ou sans eux, le temps du concert revient rapidement pour Sharon Van Eten. «Prétendons que c’est le bonheur, s’amuse t-elle en jetant un regard pétillant aux musiciens qui l’accompagnent. 5 ou 6 ans plus tôt, ces mots auraient peut-être sonné comme désespérés ; mais ce soir, à New York, tandis que fans, journalistes et pontes de l’industrie musicale l’observent en train d’interpréter son nouvel album en entier, elle tourne à l’euphorie la peine, le stress, la colère qu’elle a pu porter. Le fait qu’elle se saisisse ensuite d’un ukulélé ne fait que souligner la légèreté dans son coeur.
« c’était le meilleur groupe de New-York », écrira Patti Smith en commentant un concert du Velvet Underground. John Cale, du tendem Cale/Lou Reed à l’origine du Velvet Underground, a produit Horses. Sharon Van Etten s’est directement inspirée d’un album solo de Cale, Fear, pour le visuel de Tramp. La ressemblance est frappante ; même si sur le visuel au verso de la pochette, Sharon Van Etten n’est pas prostrée comme Cale, mais le buste dressé, de face, fière.

mardi 17 juillet 2012

Toots and the Maytals - Mojo août 2011



Bill Fay - Life is People (2012)






Le retour inattendu d'une légende de l'acid-folk des séventies ! Plus de détail à la sortie de l'album.

"Hard-won wisdom from the forgotten man of British singer-songwriting, retired hurt since 1971's masterly Time Of The Last Persecution. Now in his late sixties, but undimmed as tunesmith and observer of people, Bill Fay returns on August 20, with a third full album, entitled Life Is People, on Dead Oceans. MOJO has heard it and can attest to its moving brilliance, while Bill's collaborators - including Matt Deighton, Mike Rowe and Wilco's Jeff Tweedy - have played a blinder. Close your eyes and let the essence of Bill - wounded, soulful, trimmed with gospel - wash over you."

Voir la chronique de Time of The Last Persecution



"I've recently been listening obsessively to the new BILL FAY LP, Life is People.
I did a swift write-up of it for a forthcoming Shindig and will be doing a much longer piece on him soon.
Here's the short one . . .

BILL FAY: The enigma returns
There's a great scene in the current HBO series Treme, set amidst the chaos, anger and wry fight for everyday dignity and survival that is post-Katrina New Orleans, where a young and recently arrived violinist, Annie, is walking home from a John Hiatt gig with Harley, a street troubadour and sage counsel, ably played by Steve Earle. Annie is dissecting Feels Like Rain, a song she fell in love with at the concert, trying to unpick its greatness by connecting the water-based metaphors to the catastrophe that has befallen the city and seeing in the lyrics' tale of endurance a parallel with the riders on the storm here and now. Finally, Harley reveals the song was written over twenty years ago when "you still had training wheels on your bike and nobody had ever heard the name Katrina – and THAT is what makes it a great song!"

This captures in a nutshell my feelings about Bill Fay and the multiple meanings he holds for me. The man's music has long served as a kind of balm, a personal charm against whatever the world may hurl. His slowly emerging catalogue, consisting obviously of the two early 70s Decca Nova LPs, as well as the retrospectively collated and released Tomorrow Tomorrow And Tomorrow and From The Bottom Of An Old Grandfather Clock, is full of songs that soothe the soul with their calm and stillness, their repetition, their religious undercurrents; songs that seem deeply moral and deeply wise, without ever being ever remotely hectoring; songs that are opaque and elliptical, which speak of an old England that lives on only in memory and that yet are also somehow timeless. They are also songs I've lived at key junctures in my life. To give but one example, following the birth of my daughter, I played Tiny perhaps a thousand times, clinging to its rapture as we span in a whirl of confusion and delight,

On hearing that Bill was back in a recording studio (one ten minutes from my house!) laying down his first proper LP since 1971's harrowing Time Of The Last Persecution, my initial feelings were a mix of delight at knowing he was still among us and trepidation. Let's face it, these re-emergences rarely deliver more than sentimentality and shadows of former glories. Even when listenable, new material hardly ever hits as hard as long loved early work.

I downloaded my advance zip file of the forthcoming Life Is People LP, noted with some small optimism the supporting cast (which includes Matt Deighton, who's done stints with Oasis and Paul Weller, a few serious session men and Ray Russell and Alan Rushton from the early days) and sat back waiting for the disappointment to kick in. Halfway through the fifth song, The Healing Day, I suddenly found myself in floods of tears as a great sea of emotions somehow connected to my relatively new state of parenthood, my dad and his flat south London tones and my own creeping sense of mortality, surged through me, swept along by the elegiac sweep and slow soar of the strings. I've heard plenty enough music already in life to have a somewhat jaded – or as I prefer to think of it, refined - palette – but this utterly destroyed me. I played it twenty times in a row and was left speechless.

Be learned of this one thing: this is a VERY special collection of music that transcends any notion you may have of old legends retreading the boards. It speaks of endings and darkness, of humility and kindness and it moves more than anything I have heard in simply an age."

lundi 16 juillet 2012

Jimmy Cliff - Mojo Magazine juillet 2012




Foxygen - Take the Children off Broadway (2012)








Parutionjuillet 2012
LabelJagjaguwar
GenreRock alternatif, Indie rock
A écouterMake it Know, Waitin 4 U, Why Did i Get Married ? 
°
Qualitésextravagant


Les jeunes californiens Jonathan Rado et Sam France font de la musique ensemble depuis quelques années, et sont passionnés d’instruments de musique et de chansons comme d’autres se fascinent pour les lignes de code et l'informatique ; c'est une affaire de conviction et de persévérance. Leurs tentatives prolifiques ont fini par donner un album surprenant, diffus et dense. Même un auditeur attentif pourrait prendre Take The Kids Off Broadway pour un disque oublié des années 70, par un groupe qui aurait tiré son coup dans l’indifférence générale, coincé entre quatre géants dont le dernier album leur ouvrait les portes du monde psychédélique qu'ils avaient snobbé jusqu'alors.
Ce n’est pas évident de saisir que le duo appartient à cette espèce DIY qui prend des éléments d’une époque donnée pour en faire une chanson, d’autres éléments d’une autre époque pour une autre chanson, projetant dans toutes les directions des idées, ignorant l’aspect narratif qui veut que l’histoire de la musique rock doive, à travers les morceaux de musique rock eux-mêmes, nous en raconter, une, d’histoire, justement. L’effet produit peut désorienter. Les quatre géants, en ouvrant les portes de leur monde psychédélique, n’ont pas pour autant désobéi à leurs formules bien établies, et ce sont ridiculisés dans l'épisode. Replacé dans son contexte, Foxygen triomphe à leur place.   
Le duo a deux avantages ; il sort son premier album largement distribué, ce qui crée un fort effet de surprise, pour ceux hors de leur sphère d’amis qui ne les connaissaient pas ; et ils arrivent à une période ou le besoin de se fait ressentirtant de passion et de plénitude. L’album multiplie les pistes, les sonorités, les voix, condensant les années 60, le glam-rock, et l’idiosyncrasie freak-folk de Beck dans un seul élan. Ce ne serait presque rien si les 7 chansons ne se développaient et n’évoluaient de façon aussi gracieuse – laissant transparaître un amour du geste qui les propulse dans une dimension idéale de plaisir partagé dans laquelle la musique devient un jeu poignant. L’accumulation se transforme en fertilité, en richesse lysergique, ce qui est le mieux prouvé avec la pièce centrale de 10 minutes, Teenage Alien Blues, pour laquelle Franck Zappa a été cité. Cette capacité à cristalliser quelques moments d’euphorie, en particulier les instants les plus intenses de la ballade Make It Known et le refrain de Waitin 4 U, qui évoque les Rolling Stones. Ruby Tuesday a couché avec les sonorités givrées de Their Satanic Majesties Request. On pense au choc provoqué par Girls en 2009 avec Album, et aussi à l’engouement provoqué par le rock psychédélique sincère de MGMT ou Ariel Pink.
Electric Sun Machine, Cat Food, Dog Food, Motor Oil, The Jurrassic Exxplosion Phillipic, et Ghettoplastikk Kill Art, ce sont le nom de tous les albums qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous bien qu’ils aient existé dans l’histoire du duo et fassent désormais partie d’un répertoire modulable à souhait, réinventé et affirmé jusqu’à ce résultat. « Je suis le gardien des vibrations et le leader du culte, affirme Sam Frances. « Je suis le manager. Je suis le comptable. Je passe la plupart des coups de fil, annonce Jonathan Rado. » Ils veulent donc essayer de faire de Foxygen le travail de cadres californiens, et de passer à leur tour des contrats habillés en sweat à capuche. Mais ils n’ont pas brulé les étapes ; il y a eu la galère au Whisky a-Go-Go, un bar aujourd’hui plutôt nul de Los Angeles, et avant ça, le cursus scolaire. « La plupart de nos concerts étaient à l’école, se souvient Frances. Nous nous produisions en en classe, en s’amusant avec un mélodica et une guitare. Notre première influence a été le Brian Jonestown Massacre. Nous regardions Dig (le film sur la relation houleuse entre ce groupe collégial formé en 1990 et un autre, les Dandy Warhols) tous les jours. Nous aimions le fait qu’Anton [Newcombe] est capable de jouer de tout. Nous voulions jouer de tout. J’ai acheté un accordéon et un xylophone. Nous les apportions lors de nos concerts et réalisions qye nous ne pouvions pas vraiment les jouer. Mais ça fonctionnait tout de même. Nous avons essayé d’avoir un sitar pendant longtemps. » Si leur musique est parfois sur-écrite, c’est intentionnel ; avec des éléments tels que cuivres, chants choraux, nappes de synthétiseurs et claviers jazzy accompagnant la guitare, ils parviennent à installer un équilibre entre un certain classicisme rock et l’impression de mélange pop imprévisible, l’interpolation théâtrale pure et simple.
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