Antony Hegarty est né en 1971. Père ingénieur, mère photographe, les Hegarty s'installent d'abord aux Pays-Bas : « J'avais 7 ans. Mes premières pulsions créatrices sont nées en fabriquant des collages : soudain, ma vie passait du noir et blanc à la couleur. Voilà la sensation que j'essaie de retranscrire avec ma musique. » La famille émigre ensuite en Californie du Nord. Antony navigue d'un groupe de death metal à la chorale du quartier. « Au catéchisme, on m'a enseigné que seuls les hommes avaient une âme. Pour moi, les êtres humains, la nature, les animaux sont intimement liés. Ce monde complet m'inspire mes rêveries d'artiste. » Des rêveries qu’il partage dans son affection toute particulière et contagieuse. « Une chose qui me touche c’est une chose avec laquelle je veux vivre ».
Il crée ensuite un groupe new-yorkais de drag queens, et se lance dans le théâtre expérimental à New York. « La musique et le cinéma des années 1970-1980 entretenaient un dialogue très intense avec les adolescents et pouvaient bousculer des vies... Je me suis installé à New York parce que cette ville ne connaît pas de règles et permet toutes les métamorphoses. » Nourri d’une éducation forgée à partir des disques de Culture Club et autres Soft Cell, et inspiré du personnage incarné par Isabella Rossellini dans le film de David Lynch Blue Velvet (et lui crée un alter égo sur acène avec Fionia Blue), Antony fonde Antony and the Johnsons en 2000. Leur musique est le véritable chaînon manquant entre la musique néo-classique et le blues. Elle révèle une forte personnalité. Antony se définit comme appartenant au genre féminin et apparaît souvent androgyne. Mais le plus remarquable est sa voix aux modulations uniques.
Le musicien britannique David Tibet (membre fondateur du groupe de musique expérimentale Current 93) découvre Antony en écoutant une démo. Le premier album du groupe, Antony and the Johnsons sort en 2000 chez Durtro, le label de David Tibet. En 2001, le groupe sort un EP, intitulé I Fell in Love with a Dead Boy. L'œuvre contient une interprétation de Mysteries of Love, chanson composée par David Lynch et Angelo Bandalamenti (interprétée par Julee Cruise pour la bande originale de Blue Velvet), et une reprise de Soft Black Stars, chanson de Current 93.
Le producteur Hal Wilner remarque I Fell in Love with a Dead Boy et le fait écouter à Lou Reed qui décide de recruter le groupe pour son projet The Raven (2003), puis sur Animal Serenade (2004). Cette preuve de reconnaissance permet à Antony et ses Johnsons de signer chez Secretly Canadian. Le groupe sort en 2004 un nouvel EP, The Lake, sur lequel Lou Reed intervient. Le label profite de cette sortie pour rééditer leur premier album, leur offrant ainsi une bien meilleure diffusion, notamment aux Etats Unis. « Lou est mon mentor. Il me soutient, me protège, me conseille d'une manière à la fois poétique et pratique... Je porte en moi beaucoup d'icônes des années 1970, mais je n'aurais pas voulu vivre à cette époque : il n'y avait pas de place pour des artistes transgenres. Aujourd'hui, j'ai la chance d'être l'ambassadeur de ma communauté. » Il semble ouvrir à l’idée de tolérance de nouveaux horizons mystiques, tout en comprenant que la qualité de sa musique est liée comme celle d’autres artistes à la prise de conscience de la vulnérabilité de l’Amérique après les attentats du 11 septembre 2001. « Ca a réveillé tout le monde de nouveau. Et après le temps qu’il a fallu pour surmonter ça, ça a vraiment paru possible de faire venir de la nouveauté ».
Au mois de février 2005 , I Am A Bird Now prend son envol. Ce disque contient des duos d’Antony avec Boy George, Rufus Wainwright et Devendra Banhart. Il est salué par la critique, et lauréat du Mercury Prize anglais. Hope There’s Someone, le titre qui ouvre le disque devient le plus grand succès du chanteur, le véritable accomplissement de son artisanat délicat. Bien sûr, il faut aussi créditer à ce succès les musiciens qui l’accompagnent et sans qui Antony and the Johnsons ne serait qu’Antony Hegarty ; aujourd’hui, il s’agit de Julia Kent (violoncelle), Parker Kindred (batterie), Jeff Langston (basse), Maxim Moston (violon) et Rob Moose (guitare, violon).
Le succès qui en découle introduit Antony à un public de plus en plus large, malgré que le chanteur ne craigne pas d’explorer des thèmes tels que la vie et la mort et la dualité homme-femme. Il pense aussi être au cœur d’une mouvance intellectuelle et artistique qui place l’intime au cœur de la création. « Retrouver votre intimité pour chasser la télévision, c'est révolutionnaire. Vous devez commencer par le personnel et le local, car le renouveau viendra de là ». Sa voix inimitable, qui lui donne l’aura d’un chanteur de soul – puisqu’il semble chanter avec son âme - attire l’intérêt d’artistes comme Bjork et Hercules and Love Affair et aboutit à des collaborations de qualité.
En février 2009 sort le troisième album du groupe, The Crying Light. Dédié au pionnier de la danse butô Kazuo Ohno, il voit Antony déployer son empreinte dans une ambiance plus introspective et étouffée. Les sommets de ce disque sont atteints lorsque l’énergie du groupe et du chanteur est enfin libérée ; sur Epilepsy is Dancing (et son fameux refrain : (« Cut me in quadrants, leave me in the corner ») et Kiss my Name, même si la finessse des instrumentations sur un titre comme One Dove est aussi très agréable. Au niveau des textes, Antony continue sa reflexion sur la place de l’homme au sein de la nature qui l’entoure et les relations interpersonelles.
Antony illustre toujours les pochettes de ces disques de portraits de personnalités mis en scène ; Kazuo Ohno ou une artiste underground New-Yorkaise aux côtés ou une mannequin sur son lit de mort, aux côtés de ses propres photos, sur lesquelles il est souvent lourdement maquillé. Une manière de laisser entrevoir les personnages qui peuplent son univers, un univers qui transcende les barrières musicales pour embrasser les arts visuels. En août 2010, Antony fait paraître un nouvel EP, Thank You for Your Love. Y figure une reprise méconnaissable du sempiternel Imagine de Lennon – Hegarty avait neuf ans au moment de la mort de celui-ci – un drôle de clin d’œil pour ceux qui considèrent que la chanson Another World, sur The Crying Light, est une sorte d’imagine pour aujourd’hui.
Albums
Il crée ensuite un groupe new-yorkais de drag queens, et se lance dans le théâtre expérimental à New York. « La musique et le cinéma des années 1970-1980 entretenaient un dialogue très intense avec les adolescents et pouvaient bousculer des vies... Je me suis installé à New York parce que cette ville ne connaît pas de règles et permet toutes les métamorphoses. » Nourri d’une éducation forgée à partir des disques de Culture Club et autres Soft Cell, et inspiré du personnage incarné par Isabella Rossellini dans le film de David Lynch Blue Velvet (et lui crée un alter égo sur acène avec Fionia Blue), Antony fonde Antony and the Johnsons en 2000. Leur musique est le véritable chaînon manquant entre la musique néo-classique et le blues. Elle révèle une forte personnalité. Antony se définit comme appartenant au genre féminin et apparaît souvent androgyne. Mais le plus remarquable est sa voix aux modulations uniques.
Le musicien britannique David Tibet (membre fondateur du groupe de musique expérimentale Current 93) découvre Antony en écoutant une démo. Le premier album du groupe, Antony and the Johnsons sort en 2000 chez Durtro, le label de David Tibet. En 2001, le groupe sort un EP, intitulé I Fell in Love with a Dead Boy. L'œuvre contient une interprétation de Mysteries of Love, chanson composée par David Lynch et Angelo Bandalamenti (interprétée par Julee Cruise pour la bande originale de Blue Velvet), et une reprise de Soft Black Stars, chanson de Current 93.
Le producteur Hal Wilner remarque I Fell in Love with a Dead Boy et le fait écouter à Lou Reed qui décide de recruter le groupe pour son projet The Raven (2003), puis sur Animal Serenade (2004). Cette preuve de reconnaissance permet à Antony et ses Johnsons de signer chez Secretly Canadian. Le groupe sort en 2004 un nouvel EP, The Lake, sur lequel Lou Reed intervient. Le label profite de cette sortie pour rééditer leur premier album, leur offrant ainsi une bien meilleure diffusion, notamment aux Etats Unis. « Lou est mon mentor. Il me soutient, me protège, me conseille d'une manière à la fois poétique et pratique... Je porte en moi beaucoup d'icônes des années 1970, mais je n'aurais pas voulu vivre à cette époque : il n'y avait pas de place pour des artistes transgenres. Aujourd'hui, j'ai la chance d'être l'ambassadeur de ma communauté. » Il semble ouvrir à l’idée de tolérance de nouveaux horizons mystiques, tout en comprenant que la qualité de sa musique est liée comme celle d’autres artistes à la prise de conscience de la vulnérabilité de l’Amérique après les attentats du 11 septembre 2001. « Ca a réveillé tout le monde de nouveau. Et après le temps qu’il a fallu pour surmonter ça, ça a vraiment paru possible de faire venir de la nouveauté ».
Au mois de février 2005 , I Am A Bird Now prend son envol. Ce disque contient des duos d’Antony avec Boy George, Rufus Wainwright et Devendra Banhart. Il est salué par la critique, et lauréat du Mercury Prize anglais. Hope There’s Someone, le titre qui ouvre le disque devient le plus grand succès du chanteur, le véritable accomplissement de son artisanat délicat. Bien sûr, il faut aussi créditer à ce succès les musiciens qui l’accompagnent et sans qui Antony and the Johnsons ne serait qu’Antony Hegarty ; aujourd’hui, il s’agit de Julia Kent (violoncelle), Parker Kindred (batterie), Jeff Langston (basse), Maxim Moston (violon) et Rob Moose (guitare, violon).
Le succès qui en découle introduit Antony à un public de plus en plus large, malgré que le chanteur ne craigne pas d’explorer des thèmes tels que la vie et la mort et la dualité homme-femme. Il pense aussi être au cœur d’une mouvance intellectuelle et artistique qui place l’intime au cœur de la création. « Retrouver votre intimité pour chasser la télévision, c'est révolutionnaire. Vous devez commencer par le personnel et le local, car le renouveau viendra de là ». Sa voix inimitable, qui lui donne l’aura d’un chanteur de soul – puisqu’il semble chanter avec son âme - attire l’intérêt d’artistes comme Bjork et Hercules and Love Affair et aboutit à des collaborations de qualité.
En février 2009 sort le troisième album du groupe, The Crying Light. Dédié au pionnier de la danse butô Kazuo Ohno, il voit Antony déployer son empreinte dans une ambiance plus introspective et étouffée. Les sommets de ce disque sont atteints lorsque l’énergie du groupe et du chanteur est enfin libérée ; sur Epilepsy is Dancing (et son fameux refrain : (« Cut me in quadrants, leave me in the corner ») et Kiss my Name, même si la finessse des instrumentations sur un titre comme One Dove est aussi très agréable. Au niveau des textes, Antony continue sa reflexion sur la place de l’homme au sein de la nature qui l’entoure et les relations interpersonelles.
Antony illustre toujours les pochettes de ces disques de portraits de personnalités mis en scène ; Kazuo Ohno ou une artiste underground New-Yorkaise aux côtés ou une mannequin sur son lit de mort, aux côtés de ses propres photos, sur lesquelles il est souvent lourdement maquillé. Une manière de laisser entrevoir les personnages qui peuplent son univers, un univers qui transcende les barrières musicales pour embrasser les arts visuels. En août 2010, Antony fait paraître un nouvel EP, Thank You for Your Love. Y figure une reprise méconnaissable du sempiternel Imagine de Lennon – Hegarty avait neuf ans au moment de la mort de celui-ci – un drôle de clin d’œil pour ceux qui considèrent que la chanson Another World, sur The Crying Light, est une sorte d’imagine pour aujourd’hui.
Albums
Antony and the Johnsons
I am a Bird Now (Secretly Canadian 2005)
The Crying Light (Secretly Canadian 2009)
EPS
The Lake (Secretly Canadian 2004)
Hope There's Someone (Secretly Canadian 2004)
You Are My Sister (Rough Trade 2005)
Another World (Secretly canadian 2008)
Epilepsy Is Dancing (2009)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire