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vendredi 17 septembre 2010

Department of Eagles - Archive 2003 - 2006 (2010)



Voir aussi la chronique de In Ear Park (2008)

Le disque commence par un enregistrement à la volée, dans un endroit ouvert sur la rue et un piano fabuleux qui reprend une malédiction lyrique oubliée par le temps… Et la suite nous dit effectivement que les « chutes » de studio enregistrées entre The Cold Nose (2003) et In Ear Park (2008) privilégient la texture, le relief, la spontanéité et une liberté sonore rare.

Si ce Practice Room Sketch 1 qui sert d’introduction au disque est un montage, alors Archive 2003-2006 est un album psychédélique et décomplexé de première volée. Par ce premier petit bout de vie sonore, le disque se met hors d’atteinte de tout empressement – et le simple fait qu’il s’agisse de titres enregistrés il y a « déjà » sept, six et cinq ans lui donne cette pertinence à vouloir arrêter un peu sur lui le défilé des découvertes, des nouveaux groupes qui apparaissent comme des champignons. Ces Archive peuvent avoir l’air mal assurées, faites de pièces sur lesquelles le doute était permis, c’est en fait un disque plein de volonté, intelligent en plus d’être beau. Ses circonvolutions et ses rebondissements nous font réfléchir sur la musique d’aujourd’hui tout entière, peut-être parce que Department of Eagles produit quelque chose qui n’est pas exactement en accord avec son temps – trop de contemplation et de suggestion – invitant par là l’auditeur à l’intérieur de sa musique organique -, quand il faut aujourd’hui des résultats plus concrets.

L’autre projet de Daniel Rossen, Grizzly Bear est adoré par beaucoup tandis que Department of Eagles est simplement ignoré. En fait, l’explication du manque d’intérêt pour ce duo discret est que la clef de sa magie est dans des sphères un peu en décalage avec la plus grosse partie de la production rock ; les mélodies sont surprenantes et Rossen a tendance à préférer chanter de manière originale. Mais plus que ça, c’est peut-être leur intérêt pour la musique classique qui les rend étrangement difficiles à saisir ; leurs arrangements ont une complexité plus grande que celle des Beatles – il suffisait d’écouter In Ear Park ou Phantom Other pour s’en convaincre.

Il y a chez Department of Eagles la musique populaire… et autre chose, une flamme que l’on entrevoit sans jamais parvenir à la capturer, une verve qui se fait parfois flots tumultueux – et on croirait alors entendre le groupe le plus accompli des temps modernes - mais qui est le plus souvent insaisissable, et frustrante. En temps qu’auditeur, on a pas forcément envie de partir à la chasse aux couleurs et aux formes. On peut être perdu l’esprit aventureux de ceux qui écoutaient de la musique exploratoire à l’époque où le rock a cherché à dépasser pour la première fois l’héritage d’Elvis pour aller dans des voies moins unidimensionnelles. En fait, Department of Eagles n’a pas si bien marché parce que c’est un anachronisme en son temps.

La différence avec In Ear Park n’est pas forcément au niveau de la qualité (et In Ear Park était sûrement l’un des meilleurs disques à avoir vu le jour en 2008) mais dans une plus grande nonchalance. C’est comme si, loin d’être frustrés par un travail de studio qui n’aboutissait pas – en voilà qui sont vraiment exigeant envers eux-mêmes – le duo s’amusait de la nature un peu folle de sa musique. Et semble avoir idée sur idée mélodique et rythmique, propulsant de simples schémas au rang de pièces symphoniques vaguement fantomatiques. Même les interludes – appelées avec pragmatisme « Practice Room » - sont bourrées d’idées, notamment d’excursions vers la musique concrète – bruits de pas… Elles ont été le fruit d’un travail très important qui ne se reflète pas forcément dans l’impression d’énormément d’espace y est laissé – ce fameux « espace de création », ce flottement qui, lorsqu’il apparaît en studio, donne l’impression de caresser quelque chose. Il n’y a au final que six chansons sur ce disque, pleines de force du fait qu’elles semblent évoluer en roue libre. Même While We’re Young, et sa rythmique claire et précise, est finalement bien difficile à attribuer à un genre. C’est un genre d’extase autant que leurs solides connaissances musicales (et leur sensibilité à octroyer un grand espace « vital » à leur musique) qui guide le duo. The Golden Apple est un sommet un peu noir du disque. C’est aussi le morceau le plus long, empreinte d’un romantisme naturel. D’un autre côté, le délicieux Brightest Minds a une urgence toute personnelle (« Remember when i cut you down for the second time »), et son piano virevoltant fait le reste...

Archives 2003-2006 partage plus encore avec In Ear Park. Des bribes des Archives se retrouvent en effet, dans un contexte bien différent, sur In Ear Park ; la mélodie du deuxième morceau des Archives, Dead Disclosure, par exemple, a donné, légèrement accélérée, la fin de Balmy Night sur son successeur.

Parution : 2010
Label : American Dust 
Genre : Folk, Orchestral, Rock
A écouter : Grand Army Plaza, While We’re Young, Brightest Minds 

7/10
Qualités : spontané, habité, lyrique

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