OO
audacieux, original, intense
Rock
On a affaire à une expérience
audiovisuelle, où la musique prend le relais des histoires
traditionnellement racontées au cœur des montagnes pour chanter
l'ours. Et si la gorge se noue parfois, devant les sentiments
partagés de joie et de tristesse que nous procure ce dieu païen,
les parties instrumentales, riches en crescendos et en moments de
tension, font preuve d'une audace dévorante. Magnifique pochette
rouge et noire, suggérant la force vitale et le mystère, à l'image
de la musique : de l'intensité sauvage à l'élégie funèbre,
à l'image d'un disque jazz de grand maître, Ors ne perd pas un
instant sa magnitude. La valeur narrative de l'album trouve tout son
sens sur La Hòla :
c'est reformuler des histoires étranges, réinventer à chaque
chanson une relation en tension dramatique entre l'homme et son
démon, pourtant si innocent.
« Le fait est qu'il n'existe,
pour ainsi dire, aucune chanson traditionnelle sur l'ours […] A
l'heure actuelle, ces chansons restent à découvrir et à inventer »
nous confie le groupe. Pour ce faire, Artús
imagine des morceaux-sarabandes, avec des moments dont l'austérité
nous renvoie à un temps de superstitions, de nature insoupçonnée, ou l'on éprouvait
l'urgence de protéger son âme des intrusions néfastes et de mettre
les bons esprits de son côté. La force tutélaire de l'ours devrait
le ranger dans la deuxième catégorie.
Il est célébré parce qu'il incarne
une tutelle contre l'agression, en l’occurrence celle de l'être
humain, qui se trouve divisé entre sa culture et sa volonté de
comprendre la créature. Dewsvelh démarre In Media Res. A travers
les morceaux rythmés et progressifs de Ors, Artús
décrit la descente quasi mystique de l'homme, essayant pourchasser
ses pires penchants et de piéger ses propres préjugés. C'est un
rêve collectif pour une nature incarnée en images et en sons. Six
musiciens s'y mettent de toutes leurs forces, nous surprennent par
leur utilisation des percussions, du violon, sur un lit de guitares
électriques et de baisha, et l'habileté qu'ils mettent à
contourner l'agressivité, combattue par leur poésie. La culture de
l'animal n'a pas frontières, et il faudrait peu pour qu'on se
retrouve dans les confins de l’Asie avec cette musique originale.
http://hartbrut.com/
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