Parution : 2010
Label : Southern Lord
Genre : death metal, punk, hardcore
A écouter : Black Sin, Escape from Death, Children of the Horn
7.25/10
Qualités : intense, sombre
Pour ce qui est de son pesant et éprouvant, le label américain Southern Lord indé est l’un des meilleurs. Les amateurs de drone et de metal le savent bien. Black Breath, groupe de cinq jeunes gens de Seattle, y sont nouveaux et déjà favoris .
Ils se situent entre métal satanique, Motorhead et punk-hardcore. La pochette, dédiée au culte du diable, illustre bien l’aspect punk et devilish, tandis qu’un morceau comme Children of the Horn, avec ses airs de Ace of Spades, laisse deviner leur inspiration du trio de Lemmy. En fait, on croirait que Black Breath sont partis d’une base punk-hardcore à la Fucked Up et sont grimpés, échelon par échellon, construisant de nouvelles voies de traverses et ralentissant certains passages de leurs titres et poussant les volumètres dans le rouge jusqu’à se sentir en danger. Ils ont beau être ultra directs, concis et brutaux comme beaucoup d’autres, ils parviennent dès leur premier EP Razor to Oblivion à déchaîner les passions et à faire percevoir une originalité intérieure, viscérale. Mûrement réfléchi, leur mélange crée des moments obsédants.
Ce disque a été enregistré avec l’aide de Kurt Ballous de Converge, formation au son d’une intensité rare. Comme l’est l’objectif de certains groupes du genre, celui de Black Breath semble être d’aller toujours vers plus de sombre, de lourd et de brutal, tandis que leurs corps s’habituent peu à peu à ce qu’ils s’infligent et finissent pas y voir un culte, une religion, une spiritualité. Les groupes comme Celtic Frost sont les meilleurs à ce petit jeu ; ils finissent par perdre leur aspect amusant et par réellement incarner toute la théatralité dramatique que provoque leur musique. Leur apparence devient profondément glauque, alors qu’il ne s’agit sans la musique que de maquillage indigent. Black Breath sont des admirateurs de ce métal à l’intensité exubérante, le death metal, et laissent la voie libre à ce genre d’insouciance profane – ou lourdement en proie à la superstition et à la paranoïa, c’est selon – dès Black Sin, titre d’oubverture à réveiller les morts. Ils réussissent l’exploit de combiner grossièreté et laideur.
Leur rapidité d’exécution rappelle le vieil adage au sein de Motorhead, qui enregistra le disque Ace of Spades en rejouant les morceaux toujours plus vite – peut être sous l’effet du speed en ce qui concerne Lemmy – jusqu'à ce que le morceau ressemble à une charge invincible. Sur Heavy Breathing, ils réussissent même l’exploit de rendre certaines parties entêtantes en diable, malgré la précipitation générale. Le chant de Nate McAdams est parfait, juste à la hauteur de l’objectif qu’il s’est fixé. Un cri énorme dès les premiers instants, puis une cavalcade ou reprendre son souffle ne semble vraiment pas être une priorité. La production particulièrement crue fait s’entrechoquer les appartés et les intros théatrales et intimidantes avec des couplets hardcore envoyés sur une rythmique binaire. L’intensité, la densité musicale est rarement aussi bien maintenue tout au long d’un disque, et même si par hasard les tempos venaient à ralentir, ça na veut pas dire que l’atmosphère va s’alléger.
Eat The Witch, Escape From death, I am Beyond… Les titres seuls des morceaux promettent que Black Breath va vous offrir davantage que l’habituelle confrontation hardcore, suggérant qu’ils broient du noir à un niveau au-delà de toute envie de distraire, et, plutôt que de finir à genoux sur scène face à leur public, c’est vous qui allez vous agenouiller après avoir laissé transiter de mauvais esprit par le vôtre. Si le hardcore provoque une décharge qui peut s’avérer assomante, Black Breath le combinent avec des pensées noires qui le rendent encore plus cruel et impie. On ressent parfois une sixième présence prette à apparaître derrière les musiciens, capable de vous contaminer de leur énergie, si vous n’êtes pas sur vos gardes. Il pourrait bien leur manquer une fragilité, une faille, mais difficile de trouver une place dans Heavy Breathing pour ce genre de faiblesses.
BLACK BREATH sera en concert la 18 novembre 2010 à Glazart. Première et unique date en France pour les nouveaux protégés de Southern Lord, sur leur tournée européenne!!! Et dans le cadre des Nuits Capitales, on vous offre la 2e place pour toute place achetée!
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