Photographie : Pascal Amoyel.
Dayve Hawk fusionne plusieurs projets (Weird Tapes et Memory Cassette) pour créer cet album de Memory Tapes. Un disque qui replonge le musicien - un adepte de laptop couplé d’un excellent guitariste - dans ses souvenirs d’enfance, à tenter de recréer les atmosphères dont il a le souvenir. Au final, un disque plus direct qu’on ne pourrait croire. Un album qui exploite l’affect comme matériau de construction, qui contient des éclats de toute une vie, et probablement sans suite… ou alors elle sera différente.
Est-ce que la nostalgie est importante dans votre musique ?
Dayve Hawk : C'est une grande part de ce que je fais. Je ne sais pas si c'est aussi spécifique que certaines personnes le disent. C’est comme, quand les gens me décrivent comme ayant une sorte d'obsession avec les années 80. Je veux dire, j'ai grandi dans les années 80, donc c'est une époque à laquelle je peux me référencer plus facilement que si je me référencais aux années 50. La nostalgie est une grande partie de ma relation à la musique. Mais c'est plus une nostalgie générale que je ressens, plutôt que par rapport à une ère musicale.
Êtes-vous nostalgique dans votre vie quotidienne?
D.H. : Je pense que oui. Évidemment la nostalgie a à voir avec le passé, mais pour moi ce n'est pas le passé lointain. Je suis nostalgique des cinq dernières minutes. Je pense que c'est juste comme ça je suis. Je me sens tout le temps absent ; c'est juste mon état d’esprit général. Je ne me sens jamais « dedans », je me sens toujours en dehors des choses. Quand vous êtes assis et écrire une chanson, peut-être que certaines personnes se sentent vraiment investies dans les situations, des choses se passent au présent et dont ils ont vraiment envie de parler. Ce n’est pas mon cas. Je ne me suis jamais senti pris dans des choses comme ça. Je sens que, quand j'écris, au lieu d'essayer d'écrire une chanson d'amour, je serais meilleur pour écrire une chanson qui parle d’essayer d'écrire une chanson d'amour. Ce sens de la distance par apport à l'immédiat, il est facile de traduire cela en une sorte de «nostalgie» d'observation, mais je pense que ma musique est plus mélancolique que seulement languissante pour le passé. Mais, même si ces deux sentiments sont très différents de moi, quand ils se retrouvent dans ma musique ils finissent par sonner de la même façon.
Est-ce que cette distance vous a amené à avoir l’impression de faire votre musique dans l’isolement ?
D.H. :J’ai grandi dans le sud de Jersey, dans le domaine des pinèdes, et je ne connaissais personne d'autre qui était dans la musique. Je me souviens avoir pensé qu’il n’y avait peut-être pas que beaucoup de gens qui étaient dans la musique. Puis, quand j'ai grandi, les personnes que j’ai rencontrées avaient toutes grandi avec des amis dans la musique, avaient commencé des groupes ensemble. Plutôt que de rejoindre ces groupes, j'ai essayé d'apprendre comment jouer de différents instruments au fil des années, et surtout comment enregistrer […]. Je pense que je suis naturellement anti-social, de sorte que ce processus me convenait. Et ça a fini par être une partie de ce que je fais.
Article a paraître dans Trip trips 6.
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