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dimanche 4 juillet 2010

Mark E. Smith - The Fall, etc.


Mark E. Smith. Ses coups de gueule, son attitude à priori dédaigneuse, envers et contre tout. Son art de la réconciliation, aussi. Les répulsions dont il s’amuse. Il déteste le football et enregistre pourtant une chanson de support à l’équipe de foot anglaise à l’occasion du mondial (un peu à contrecoeur, et d’ailleurs il n’est pas satisfait du résultat). Apparaît même dans un improbable clip vidéo.
Smith a des relations étranges avec ceux qui croient bien le connaître. Journalistes, producteurs, membres de son propre groupe, épouses. Qu’est-ce que vient faire la musique dans sa vie-foutoir ? C’est une excroissance, une prolongation de lui-même.
Smith est assez féroce lorsqu’il se met à chanter, mais autrement, il est plutôt un gentleman anglais pittoresque, presque amusant, le genre à sortir quantité d’atrocités sur l’orgueil français, les labels de rock indépendant Américains, et à miner les bons sentiments. Il aime les anecdotes et il en a des tas. Il a l’humour noir, mais reste simple. C’est difficile pourtant parce qu’on ne lui parle que de The Fall et que c’est lui, The Fall. Sa vision, ses mots détachés, qui envahissent soudain l’espace, comme une bombe à défragmentation, à chaque nouveau disque. La musique est violente ; mais dès lors qu’on ne cherche pas à s’y opposer - chose vaine puisqu’il ne cesse de gagner de l’estime -, elle est jubilatoire. Sa « voix de canard » envahissante. Et il fait paraître des albums à une cadence qui frise l’omniprésence ; vingt-huit en trente-et-un ans.

Il évite de rencontrer des musiciens, surtout s’ils admirent The Fall. Sa relation privilégiée avec la BBC – et le DJ de la maison, John Peel qui y a invité le groupe 28 fois. Smith découvrira, après la mort de Peel, que celui-ci conservait ses disques de The Fall dans une pièce dédiée de sa maison.
Son hygiène de vie longtemps douteuse – Mark E. Smith passe souvent pour un alcoolique - s’est résorbée, il se fait passer pour l’archétype du rock propre XXIème : pas de drogues, juste un verre et une cigarette. L’autre genre de stars du rock a disparu avec la débacle de Pete Doherty. Smith a fait partie de la scène de Manchester et cotôyait Ian Curtis (Joy Division) et les Buzzcocks. Contrairement à ces formations et à beaucoup d’autres (The Cure, Echo and the Bunnymen), The Fall est encore un projet plein de fraîcheur. Une aventure toute à l’économie qui peut durer tant que Smith sera vivant.
C’est presque un dandy, flamboyant mais moqueur. Sa musique ne vieillit pas, et pourtant il est attaché à certaines traditions – comme celle de travailler en studio, à l’heure ou de nombreux groupes préparent leurs disques à la maison.

Il a vis-à-vis de la musique un respect visible, à l’ancienne, ne prend jamais sa carrière à la légère. Son travail est extraordinaire, mélange inamovible de punk anglais, de rythmiques métronomiques à l’allemande (il a écouté beaucoup de Krautrock dans sa jeunesse) et de toutes sortes d’ambiances capturées sur le vif. D’une maturité à toute épreuve et jusqu’au boutiste, voire perfectionniste (on ne peut pas en dire autant de tout ce qui est punk). Imité des centaines de fois.
Le travail des musiciens qu’il emploie (quasiment autant de formations que de disques au compteur) consiste à projeter sur un mur malpropre éclaboussures et débris qui sont textures et couleurs – tout ce qui est sale, indigne, idiot devient parfaitement élégant grâce à Smith. Il cultive l’art du détail, jusque dans sa façon de poser la voix ; « Don’t mess around ! » s’exclame t-il sur Bury Parts 1&3, sur Our Future, Your Clutter, son dernier disque magistral. Et on ne peut s’empêcher de se remettre juste ce passage du morceau. C’est comme lorsqu’il répète « I’m a fifty year old man » sur Imperial Wax Solvent (2008), avec sa voix la plus éraillée. C’est une poésie de la dure réalité. Smith assume, fait face, et ses provocations deviennent des stimulations.

Les albums régulièrement cités pour une tentative de discographie sont Live at The Witch Trials (1979), Hex Enduction Hour (1982), The Wonderful and Frightening World of The Fall (1984, qui marque son entrée au sein du label Beggars Banquet), This Nation’s Saving Grace (1985, généralement considéré comme le chef-d’œuvre du groupe), The Frenz Experiment (1988)… Autant dire que si les années 80 n’ont pas profité à grand-monde, Smith est du côté des gagnants. C’est devenu une icône.

C’est plus fort que lui, Mark E.Smith collectionne les contrats et les labels. Rough Trade, Beggars, Phonogram, Fontana, Eagle, Sanctuary, et aujourd’hui le très côté Domino. Après trente ans de satire sociale, il se retrouve sur la même plate-forme que Franz Ferdinand. La hype ne lui avait jamais autant tendu les bras, et il honore parfaitement les espoirs que l’on continue de mettre en lui. Il est consciencieux. Si on le laisse faire, il est plutôt facile à vivre, en réalité. Il a trouvé ce qu’il voulait pour lui-même. Le seul endroit où il semble aléatoire à tel point que c’en est redouté ; la scène. Après s’être récemment cassé la hanche, il chante les derniers morceaux du set depuis les loges. Quant à ses chorégraphies… Mais après tout, s’il est parvenu à imposer sa musique, il peut imposer tout ce qu’il veut. La scène, c’est comme une vitrine, sauf que Smith n’est pas là pour vendre quoi que ce soit. Tout ceux qui y viennent sont déjà conquis d’avance.


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