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lundi 15 mars 2010

Shearwater - The Golden Archipelago

Shearwater est d’abord une affaire de sentiment, car selon Jonathan Meiburg, c’est le grand pouvoir de la musique ; pourvoir transformer la tristesse en joie ou bien exprimer ces deux sentiments inverses en même temps. Pour leur nouveau disque The Golden Archipelago, tout est parti du titre ; puis de l’affection qui a pris Meiburg pour l’histoire des exilés de l’atoll de Bikini (à la suite des essais nucléaires américains, de 1946 à 1958). Il s’est mis à « rêver d’îles ».

Ce disque est en grande partie le projet de Meiburg, qui est le parolier et mélodiste du groupe Shearwater. Le concevant avec attachement et délicatesse, il parvient à faire apparaître dans nos esprits les images de ces exilés de l’attoll, à suggérer le voyage dans un écrin calme et spacieux comme l’océan au repos. Le travail du reste du groupe, au-delà de la trame et des images contenues dans les paroles ou dans les structures des morceaux, qui sont issues des rêves de Meiburg, est très lyrique et doux ; cela donne l’impression, sur God Made Me par exemple, de flotter en pleine félicité, alors même que les histoires racontées devraient susciter un léger malaise. On éprouve réellement des sensations d’éloignement et de bien-être, même si le disque exprime en même temps l’attraction et la mélancolie. Toutes les blessures ouvertes dans le passé retrouvé par Meiburg sont pansées, la musique de Shearwater est une mise en lumière où tout devient complètement lisible, la musique d’un citoyen du monde qui s’adresse à ceux qui savent être touchés par la simplicité et qui aiment se laisser emporter, manipuler, se voir raconter des histoires et y répondre par leur propres influences. The Golden Archipelago est un disque progressif sous ses dehors de pop scintillante, et il s’écoute en entier, et dans l’ordre.

Votre attention sera récompensée. Cela depend de votre besoin de musique, de votre besoin de lyrisme ; une âme à fleur de peau pourra s’émouvoir dès que les chants insulaires de Meridian laissent place à la beauté claire des premiers arpèges et de cette voix un peu fluette. Ceux qui connaissent Scott Walker ou Roy Harper, que j’apprécie énormément pour la qualité lyrique et également fluviale de leur musique, retrouveront dans le voix de Meiburg des accents qui évoquent un peu ces deux personnalités ; entre élan enthousiaste et humeur énigmatique, posé dans son velours de cordes, de sonorités organiques, caressantes. Aussi réminiscente est l’intonation de Mark Hollis, de Talk Talk, qui transforma sa formation de fabricants de singles en atelier de disques au pouvoir évocateur qui dépassait le rock conventionnel (The Laughing Stock, 1991). Shearwater respire la même libération, la même honnêteté, rassemblant des éléments fragiles et intenses sans déformer des formats qui, au final, paraissent évidents. Les différentes compositions de The Golden Archipelago pourraient peut-être être résumées à une suite de notes conductrices, comme un fil un peu linéaire qui ne s’interrompt jamais du début à la fin du disque. Un écrin qui installe un message, sans désir particulier d’expérimentation ni de susciter la surprise.

Le disque possède plus d’accuité et plus de justesse que les précédents du groupe, qui apprend peu à peu à s’exprimer avec la musique comme avec un langage artistique différent et unique ; il ne souhaite pas brouiller ce langage, mais au contraire rendre le message exprimé limpide, donner aux manifestations de sentiments contradictoires des apparences complémentaires ; faire qu’un album clairement mélancolique apparaisse reposé. Pour cela, les rythmes sont réguliers, lents, naturels, simplement nécéssaires ; les transitions entre les différents morceaux, entre Hidden Lake et Corridors par exemple, donnent l’impression qu’il s’agit d’une suite, et que d’une certaine manière, l’auditeur a déjà les clefs, à ce stade, pour en deviner la fin. Pourtant, il sera toujours surpris. Rien n’est forcé, et si les ambiances donne parfois un sentiment de grandeur, cela reste dans les termes du message, une restriction salutaire.

  • Parution : 23 février 2010
  • Label : Matador
  • Producteur : John Congleton et Shearwater
  • Genre : Rock alternatif
  • A écouter : Landscape At Speed, Hidden Lakes, God Made Me

  • Appréciation : Méritant
  • Note : 7.25
  • Qualités : attachant, lyrique,

 

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