Toujours d’aplomb aujourd’hui, Mudhoney (nommé ainsi d’après le nom d’un film qu’aucun membre du groupe n’avait vu) est l’un de ces cas dont on est tenté de croire qu’ils doivent leur longuévité à leur manque d’ambition autant qu’à leur talent. Mark Arm, le leader anguleux du groupe, a révélé en inventant le mot « grunge » - qui désigne la crasse entre les orteils - que la démarche apparemment sans intention de Sub Pop est de promouvoir une scène de plus en plus cohérente, qui aujourd’hui nécessite d’être étiquettée, presque labellisée, et demain aura besoin de héros. Mudhoney n’incarnera jamais ce rôle. Cependant, le nom que se donne cette scène nous rassure aussi quant à la merveilleuse autodérision qui continuera de caractériser ses éléments les plus libres.
Touch me I’m Sick (1988) est leur chanson - bannière, hymne menaçant apparu très tôt, et c’est le premier succès de leur maison de disques Sub Pop, preuve que la formule grunge est viable commercialement – jusque là, il ne s’agissait pour la maison de disques que d’opérer au gré des hasards. La guitare y est parasitée – le guitariste Steve Turner avait un faible pour les Stooges, et notamment la façon dont sonnait I Wanna be your Dog (sur The Stooges, 1969). Comme le fait remarquer Arm : « Lorsqu’on emprunte, autant emprunter chez les meilleurs ». Il cite aussi les Yardbirds et The Saints. Leur tout premier disque Superfuzz Bigmuff (1988), appellé ainsi en référence aux pédales d’effets utilisées par Steve Turner, ou Every Good Boy Deserves Fudge (1991), sont également des références dans la discographie du groupe le plus endurant de cette période. C’est le premier groupe de la scène de Seattle à jouer à l’étranger. Pour finalement finir en première partie de Nirvana…
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