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Trip Tips - Fanzine musical !

lundi 1 mars 2010

Mudhoney - S/T. (1989)



Parution : 1989
Label : Sub Pop
Producteur : Jack Endino
Genres : Punk, Grunge
A écouter : Here Comes Sickness, This GiftCe disque de Mudhoney, on peut le décrire en quelques mots mais y rester collé des années et des années. C’est le premier véritable disque du groupe, bien que plus tard paraîtra leur premier EP (Superfuzz Bigmuff, originairement paru en 1988) agrémenté de leurs premiers singles (Touch Me I’m Sick). Le groupe est amené par Mark Arm, l’inventeur éclairé du mot 'grunge' donc on sait un peu à quoi s’attendre.


6.50/10
Qualités : attachant, intense, ludique



Touch Me I’m Sick avait déclenché un engouement terrible pour la formation,  le morceau semblait capable de montrer au monde entier de quoi il s’agissait ; ne pas toujours pointer du doigt d’autres gens pour en faire des losers, mais être soi-même les idiots, les perdants éternels, les pestiférés qui, dans un dernier sursaut d’énergie, allaient faire danser le maximum de public – de gentils amerloques légèrement bourrés qui n’hésitaient pas à monter sur scène pour danser ou replonger dans la masse serrée-collée en sueur d’où ils s’étaient échappés. Peu à peu éclipsés par Nirvana, Mudhoney avaient à priori de beaux jours devant eux pour devenir leaders de la scène de Seattle. Un guitariste, Stene Turner, passionné de Black Flag et fasciné par les Stooges, une section rythmique déjantée et l’irremplaçable animal que constitue Arm, immédiatement sympathique avec ses mimiques de dingue. Si on avait su, à l’époque de ce disque, le sort qui serait réservé au groupe ! Eternel seconds couteaux, il vieillissent plutôt bien aujourd’hui, puisqu’il sont encore vivants – comme si être à l’origine (l’histoire de Arm et du grunge de Seattle remonte à Green River, son précédent groupe, en 1987, voire plus loin…) de ce mouvement qui fut un jour perçu comme « plus fort que le phénomène anglais des années soixante », comme si le souvenir d’avoir l’espace d’un été eu l’impression d’être au sommet du monde, alors que le grunge n’était qu’ambivalence et saleté naissantes et que Nirvana n’avait pas eu son premier rot, comme si cela avait permis à Mudhoney de garder, les années passant, la foi en eux-mêmes, l’impression de faire quelque chose d’important.  

 
Mudhoney a toujours voulu croire que la musique était l’affaire de casse-cou désopilants sur scène…

Le disque éponyme n’est pas ce qu’ils ont fait de plus important ; si l’on veut de l’archétype, on remontera jusqu'à Touch Me…  on rampera (effet de l’alcool oblige)  jusqu'à la prochaine étape ; Every Good Boy Deserves Fudge (1991), qui marque un tournant dans leur carrière ; disons une autre manière d’envisager le travail d’endurance que c’est d’enregistrer quarante minutes de musique. Difficile, quand on est habitué à enregistrer trois minutes furibardes et seulement quatre ou cinq titres consécutifs, de s’essayer à un disque entier. Mudhoney est ainsi davantage une collection de coupures sur le même thème.

La musique selon Arm, c’est voir danser les amerloques, et feuler à la manière de Iggy Pop, en pleine confusion juvénile ; c’est s’assurer que le guitariste utilise bien les pédales d’effet brevetées Superfuzz et Bigmuff, c’est travailler dans une maison en construction ; le label Sub Pop, dont la toute première pierre, le Dry as a Bone de Green River, peut faire la fierté de Arm. Jack Endino, l’ingé-son maison, s’est contenté avec génie d’enregistrer les groupes maison de la même façon qu’il s’entendait jouer lui-même ; riffs et agressifs comme des rasoirs, balancement rythmique qui conduisaient le public au headbanging et aux pogos…  Mudhoney a toujours voulu croire que la musique était l’affaire de casse-cou désopilants sur scène….

Pour l’affaire, Mudhoney s’en sort très bien ; le titre le plus chaotique, Here Comes Sickness, vient en deuxième face, et jusque-là, on ne s’ennuie pas une seconde. Les tempos savent ralentir, avec Come To Mind, par exemple, même si ça évoque les performances ventre-à-terre de l’iguane période Raw Power (1973). Magnolia Caboose Babyshit est un chouette bordel instrumental de une minute, qui renvoie aujourd’hui au I Blame You sur le disque des Obits ; l’emprunte d’une gestation qui sera sans doute transformée en vraie auto destruction si jouée en live. 







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