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vendredi 22 janvier 2010

Megafaun - Gather, Form and Fly





L’un des morceaux les plus forts de ce disque, Solid Ground, conseille malicieusement « plant that flag on solid ground ». Pourtant, c’est en terrain glissant que s’aventure le trio Megafaun, et l’adresse avec laquelle ils parviennent finalement une œuvre cohérente et passionnante, associant banjo, blues et collages variés, fascine. Solid Ground, par exemple, a les attraits d’un morceau de blues répétitif, si ce n’était ce solo d’harmonica strident – l’une des mille excentricités parfaitement à leur place entre les somptueuses ambiances pastorales et les harmonieux refrains, et avant que les choses semblent ne basculer pour de bon – quand vous entendez l’eau couler, c’est que vous y êtes. Si les fondations du disque sont bien familières, c’est l’ambition évidente de Megafaun que de créer un espace à eux, où les règles sont fixées par leur imagination.

Gather, Form and Fly commence, avec Bella Marie, par poser les bases d’un folk sauvage, interprété surtout au banjo, qui n’est pas sans rappeller que les trois membres du groupe furent, avant Megafaun, les coéquipiers de Justin Vernon (Bon Iver) au sein d’une formation obscure (DeYarmon Edison). A partir de ce point, qui embrasse avec plus de discrétion qu’ensuite les libertés artistiques auxquelles ils prétendent, et qui donne toute de même deux morceaux magnifiquement équilibrés (Kaufman’s Ballad et The Fade), l’identité du groupe va sans cesse être menacée ; pour finalement leur donner une pertinence, un originalité qui les démarque clairement de la production folk habituelle.

Impressions of the Past, le premier signe que les choses peuvent sérieusement devenir intéressantes, est un titre de presque six minutes, versatile et virtuose, varié dans son instrumentation – violoncelles, piano… - qui montre qu’au-delà de leur amour pour les chansons Appalachiennes (les deux premiers titres) le trio est aussi attaché à une tradition musicale. Cet aspect traditionnel est combiné avec bonheur aux méthodes du jazz ; des thèmes qui se succèdent et ne se ressemblent pas, mais comme le disque pris dans son ensemble, parviennent à former un tout cohérent. Impressions…, qui commence par proposer une bonne dizaine de trames différentes (quasiment un disque à lui tout seul) prouve, si besoin était, que l’inspiration mélodique n’est pas le point faible de Megafaun. Mais, comme ailleurs, ce ne serait pas tellement remarquable s’il n’y avait quantité de détails attachants, de départs en fanfarre et de micro-chaos parfaitement gérés, un, paysage complexe et amusant qui demande à être écouté et réecouté.

The Process engage un nouveau mouvement en avant, en se dirigeant vers un country-blues sympathique. La quantité des éléments qui sont mis en jeu en font une pièce de doux psychédélisme.


Enfin, la fameuse eau qui coule. Et dont les gouttes forment rapidement une improbable voie musicale, avant que cela ne soit balayé pas des oiseaux, à nouveau la pluie. Enfin,un chœur s’élève : « I have been swallowing you inside the darkness hour ». Les manipulations qui suivent, et se succèdent, s’accompagnent miasmes d’une voix maintenant complètement hors de son élément. Au bout d’une miçnute et demie, retour à la normale. Le piano est joué fort comme sur un titre inaugurateur de Pink Floyd. S’ensuit le morceau titre, qui alterne banjo mollasson et longues plages de silence. A partir de là, le trio ne fait qu’affirmer son triomphe, que ce soit avec le toujours ambivalent Columns – où l’on voit le familier et le chaleureux céder le champ à des expériences de science fiction presque angoissantes – et ce jusqu'à Guns, où les voix sont de nouveau réunies : "All we'll ever be, all we'll ever need".

Finalement, la dichotomie entre improvisation et écriture, instrumentation synthétique et acoustique, finit par s’estomper. On se souvient d’Anja Plaschg, l’autrichienne qui, l’an dernier, avait osé intégrer au sein de son disque de chansons glacées une pièce totalement dénuée de vie, et pourtant pleine d’expressivité – et révélant une musicalité dont le prisme a des facettes dénuées de couleur. Sur Gather, Form and Fly, cette dualité est là comme pour mettre en évidence, à d’autres moments, avec davantage de pertinence et de précision, l’énergie vitale et spontanée qui est au centre du genre folk.

La simple ingéniosité de Megafaun s’étant jusqu’a la pochette du disque , qui marche comme carré mais mieux encore comme losange, et qui confirme de façon subtile leurs engagements ; parvenir, à travers une discrète ambiguité, sans perdre l’équilibre, à nous étonner.



  • Parution : 21 juillet 2009
  • Label : Crammed Discs
  • A écouter : Kaufmans Ballad, Solid Ground, Guns


  • Appréciation : Méritant
  • Note : 6.50/10
  • Qualités : original, surréalisme

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