Pavement ? Années 90. Musique rock débraillée, morceaux au format libre et éclairs de génie mélodiques pour un groupe qui montrait une inspiration inépuisable dans le domaine. Avec leur son spontané et voix à contre-sens (Grave Architecture), le groupe a eu, à sa manière, une influence sur un grand nombre de leurs pairs ; Pavement, c'était une merveilleuse façon de démonter à nouveau les éléments de jeunesse et de fougue pour reformer à l'envi, au sein d'un environnement musical et culturel assez hostile à la nonchalance.
Après Crooked Rain, Crooked Rain (1994), Wowee Zowee montre un groupe au plus profond de leur volonté de rendre ce qui leur passe par la tête, comme un flot de musique et de conscience. On a un son ludique, amusant, et arrivés aux alentours du quatrième morceau, il est impossible de faire marche arrière. Les 18 morceaux s'emboitent avec une certaine folie, agencés ainsi par le chanteur-parolier Stephen Malkmus. La guitare y est l'instrument fétiche, comme sur Blackout, Grounded, Pueblo ou Flux = Rad, où elle remplace la voix dans des lignes plus extrêmes que par le passé. Le résultat est plus violent qu'auparavant ; quelques courtes plages furibardes déboulent par intermittence ; Serpentine Pad, Brinx Job... Mais c'est sur les morceaux les plus lents que Pavement s'illustre ici en maître. Half a Canyon et ses contrastes résume le disque, la ballade d'ouverture We Dance surprend, Motion Suggests Itself et ses claviers floydiens fait planer, Fight This Generation et son final sombre détonne. Cette diversité a le pouvoir de créer un grand disque, à mettre aux côtés de Evol ou de Doolittle par exemple ; rejeton d'une période sombre et musicalement très forte dans laquelle s'est développée la musique industrielle et les attitudes extrêmes sur scène. En marge il y avait Pavement.
Il semble que ce groupe soit né d'une plaisanterie, et c'est aussi pourquoi Wowee Zowee est leur meilleur disque ; trivial et provocant, sans focus, il parvient à déjouer la manne des intermédiaires pour arriver sans rien cacher aux gens qui vont s'en saisir. Par la suite, deux autres albums ont conduit Pavement à adopter un son et surtout un track-listing plus conventionnel (dès Stereo sur Brighten the Corners en 1997), et malgré encore quelques raisons d'en rire (Carrot Rope) le groupe n'était plus tout à fait le même.
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