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samedi 17 avril 2010

{archive} David Bowie - Aladdin Sane (1973)




Parutionavril 1973
LabelRCA
GenreRock, Rythm & blues, Glam-rock
A écouterDrive-in Saturday, Panic in Detroit, The Jean Genie, Time
°°
Qualitésgroovy, ludique, audacieux
Aladdin Sane de Bowie, l’un de ses plus célèbres disques. Toujours avec Mick Ronson des Spiders From Mars, Bowie crée cette fresque boursouflée où les morceaux de bravoure se suivent et ne se ressemblent pas trop. Le disque souffrira d’ailleurs de n’être que cet assemblage de perles rock’n roll (Panic in Detroit, The Jean Genie), de folies glam-rock (Cracked Actor, The Prettiest Star) ou peut être encore plus d’explorations douces-amères (Drive-in Saturday, Time). Sans compter, au milieu de cet amalgame cousu au fil blanc style White Duke, le morceau-titre inclassable et une reprise des Rolling Stones (Let’s Spend the Night Together) qui est en fait encore une occasion de jouer du glam. On reprochera à Aladdin Sane d’être plus fort en pièces détachées qu’une fois tout mis bout à bout. C’est surtout l’occasion pour l’auditeur de sortir du cadre, de s’évader, sans plus avoir l’impression d’être l’objet de convoitise d’un cirque itinérant comme avec Ziggy Stardust (1972). Bowie manipule toujours, mais à l’échelle d’un disque cela pouvait paraître fantasque. Aladdin Sane (jeu de mots avec A Lad Insane) est plein d’arrière-pensées, d’envie de coming-out, de mettre en avant son excentricité, d’impatience et de frustrations assouvies, mais bout à bout tout cela est apaisant plutôt que lourdingue.

Paillettes et maquillage sont des accessoires très présents dans l’esprit du disque, si vous voyez ce que je veux dire. Ca ne dégouline pourant jamais, Bowie sait toujours s’arrêter avant surtout qu’ici (et sur Diamond Dogs) il s’inpire plus que jamais du rythm and blues et des Stones. Il n’y a qu’à voir Panic in Detroit (construite autour d’un beat de Bo Diddley). Emprunter à d’autres leurs idées lui permet de faire un album uniformément excellent, en évitant de tomber dans le mauvais goût. Dans ce qu’il contient de dépendance (à ses influences, à son envie de devenir et rester une star excentrique, et à la poussée des drogues, omniprésentes – d’ailleurs le dique devait s’appeler Love Aladdin Vein-) c’est un disque parfait pour son époque. Les Stones sont en train de finir de se défoncer après Exile On Main Street, les Beatles se sont séparés, le désenchantement frappe le music-business dont Bowie joue le jeu au maximum (sortant un concept-album exigeant autour de l’excentricité au meilleur moment pour cela, quand la musique populaire se cherchait de nouveau et que les règles devaient se restaurer (l’arrivée de Brian Eno, etc.) Il produit en 1972 Transformer avec Lou Reed, et en 1973 Raw Power, des Stooges.

C’est un peu étrange de la part de Bowie, à mon sens, d’avoir tenté de continuer comme pour les plus gros succès des Stones, avec le même son – à moins que son habileté ait été de le transformer, de se l’approprier pour sa simple enveloppe plutôt que pour les connotations d’engagement qui se sont greffées dessus (avec Jagger participant aux manifestations en 1969). Bowie n’est absolument pas politique, et celle permet à ses disques d’assumer leur nombrilisme parfois pathétique mais rock’n roll, en tant que simples œuvres d’art. Ian Curtis n’écoutait t-il pas Aladdin Sane avec révérence, si l’on en croit le film Control de Anton Corbjin ? Qui mieux que Bowie signifiait alors le principe souverain d’attraction-répulsion que doit susciter la musique rock ; un zeste de sexe bon enfant et spectaculaire, un peu de crade pas vraiment justifié, une bonne dose de talent, de mysoginie et d’égocentrisme. Une once de cynisme et de mépris de soi, et de désenchantement post-Beatles en ce qui concerne les années 70. Des paroles pitoresques. Et l’énergie. Dans le cas de Aladdin Sane cette énergie venait pour beaucoup de la tournée 1972 aux Etats Unis, un « Ziggy goes to America » en quelque sorte ; d’ailleurs le disque sera mieux acceuilli outre-atlantique qu’en angleterre. Whatch That Man est en quelque sorte la reprise de l’esprit que parcourait Ziggy Stardust sur des morceaux comme Sufragette City.

Il pourrait être perçu comme un disque de transition, car même si les titres sont soignés, il lui manque un style propre, une marque qui assure sa cohérence. C’est avec Low (1975) et Heroes (1977) que Bowie va réussir à être de nouveau complètement pertinent.

Malgré son côté impétueux, Aladdin Sane reste très agréable à écouter. Pour ma part, ce fut à la pause de midi, alors que je travaillais au Boxwood Café, restaurant sur le bord sud est de Hyde Park. Les premiers beaux jours furent l’occasion de rester une demi-heure allongé dans l’herbe à me repasser Aladdin Sane en boucle. J’ai trouvé Drive-in Saturday particulièrement extraordinaire ; Time bien construite ; l’introduction de Let’s Spend the Night Together fracassante.
Ce disque est un classique en dépit de toutes ses contradictions, parfait pour les moments de confusion, de fatigue et pour illustrer ses propres désirs de revanche sur le monde, ses propres frustrations, sa propre dualité. Vous aurez toujours l’impression, en l’écoutant, qu’il exprime exactement l’inverse de ce que vous êtes, et vous ne serez pas sûr de vouloir devenir comme Bowie dessus. Et quand bien même vous y parveniez – vous retrouvant en une du Sun et du Daily Mirror pour l’indécence publique d’un soir – vous seriez alors dégoûté d’apprendre qu’Aladdin Sane n’était pas cela, pas les folies du monde adulte, mais juste le rêve d’un éternel adolescent sur le retour. A écouter jusqu'à l’ennui jusqu'à ce que les merveilles mélodiques de Time ou Drive-in Saturday ne fassent plus leur effet de pillules bleues et rouges, jusqu'à ce que l’émerveillement suscité par les textes et les intonations de Bowie deviennent irritation ou, pire, indifférence.


1 commentaire:

  1. Bonjour, et bravo pour votre commentaire fourni et intéressant
    savez-vous qui a réalisé le maquillage de Bowie sur la pochette SVP ?
    pianoblanc@gmail.com

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