Parution : avril 2010
Label : EMI
Producteur : Jonsi, Alex Somers, Peter Katis
Genre : Pop, Orchestral
A écouter : Go-do, Tornado, Boy Lilikoi, Grow Till Tall
Note : 7.25/10
Qualités : lucide, poignant, soigné, entraînant
Au sein de Sigur Ros, le groupe islandais qui a produisit sa propre révolution en amenant le rock à des sommets mélodramatiques à grand renfort de chaleur humaine et de feedback, Jonsi était comme un animal captif, répétant toujours la même chanson. Með suð í eyrum við spilum endalaust ou les performances acoustiques de la tournée de 2006 en Islande apportaient une renouvellement bienvenu car le groupe semblait y aborder différemment sa musique, mais les paroles restaient dans le style illustratif. S’ils avaient fait des découvertes incroyables avec Agaetis Byrjun (1999) et l’album sans titre () (2002), mêlant une manière sensible et intimiste à des envies de dépasser l’habituel carcan rock pour fusionner en quelque sorte avec leur environnement (cette belle et fragile Islande sur laquelle il est doit être réjouissant de laisser une empreinte), ils peinèrent à renouveler leur imagerie.
Label : EMI
Producteur : Jonsi, Alex Somers, Peter Katis
Genre : Pop, Orchestral
A écouter : Go-do, Tornado, Boy Lilikoi, Grow Till Tall
Note : 7.25/10
Qualités : lucide, poignant, soigné, entraînant
Au sein de Sigur Ros, le groupe islandais qui a produisit sa propre révolution en amenant le rock à des sommets mélodramatiques à grand renfort de chaleur humaine et de feedback, Jonsi était comme un animal captif, répétant toujours la même chanson. Með suð í eyrum við spilum endalaust ou les performances acoustiques de la tournée de 2006 en Islande apportaient une renouvellement bienvenu car le groupe semblait y aborder différemment sa musique, mais les paroles restaient dans le style illustratif. S’ils avaient fait des découvertes incroyables avec Agaetis Byrjun (1999) et l’album sans titre () (2002), mêlant une manière sensible et intimiste à des envies de dépasser l’habituel carcan rock pour fusionner en quelque sorte avec leur environnement (cette belle et fragile Islande sur laquelle il est doit être réjouissant de laisser une empreinte), ils peinèrent à renouveler leur imagerie.
Les paroles de Jonsi étaient dépendantes de la musique énorme de Sigur Ros, contraintes d’en épouser les contours et de l’illustrer ; il semble qu’avec Go, le message est remis en évidence, parce qu’il est chanté en anglais (plutôt que dans un dialecte créé de toutes pièces ou en islandais), et parce que Jonsi a une intention personnelle, une émotion fraîche à adresser au monde. C'est la voix qui guide ici les décharges d'énergie.
La différence est subtile, on pourrait ne voir en Go que la simple continuité lyrique de Takk (2006) ou de Med Sud… une évolution vécue par certains, à cause du changement de langue, comme plus « commerciale ». Mais c’est, je pense, une avancée positive pour Sigur Ros et un accomplissement pour Jonsi que ce disque plus direct et révélateur.
Le cynisme n’existe pas chez Jonsi, seulement une foi inébranlable qui célèbre à la moindre occasion le pouvoir intérieur de l’homme, et met en garde aussi contre les dégâts qu’il produit sur son environnement.
Le cynisme n’existe pas chez Jonsi, seulement une foi inébranlable qui célèbre à la moindre occasion le pouvoir intérieur de l’homme, et met en garde aussi contre les dégâts qu’il produit sur son environnement.
L’intensité du disque se joue surtout sur les vocalises de Jonsi, qui tente sur chaque titre de décrocher l’émotion en jouant au maximum sur la mélodie et l’humeur, sur la reproduction d’un sentiment volatile qui mêle jouissance heureuse et inquiétude globale. Il privilégie la variété des timbres. Le souci de production sur cette voix toujours plus impressionnante – si on la compare à celle qu’il avait il y a dix ans – conduit Jonsi à séquencer parfois une véritable chorale à base de son propre organe.
Le compositeur, arrangeur et pianiste Nico Muhli, qui a travaillé avec Antony and the Johnsons ou Grizzly Bear, pose sa main ici et là ; on trouve aussi sur Go le travail du percussionniste finnois Samuli Kosminen. Le travail sur la percussion est peut-être le plus impressionnant ; selon ce qui est pressenti, cela peut être Jonsi et son compagnon Alex Somers qui se tapent sur les cuisses pour Go-Do, ou Kosminen frappant une vieille valise. Sur ce titre, le mélange propduit un effet extatique qui illustre les paroles de Jonsi : « Make an earthquake... Make your hands ache… Go march through crowds… We should always know that we can do everything.” Parfois, c’est une cacophonie avec les flûtes, les cuivres, le piano et les cordes, qui produit un bouquet énivrant.
Les chansons sont construites autour de vers, parfois de slogans. L’intérêt le plus vif, on l’éprouve maintenant à répéter les paroles ; «let them grow » au final de Go-Do, chanson dans laquelle Jonsi nous enjoint à continuer de croire que nos rêves puissent devenir réalité, que cet été puisse être toujours si nous le permettons, brûlant nos mains et faisant trembler la terre. Sur Tornado, il chante : « Tu grossis comme une tornade/Tu grandis de l’intérieur/détruisant tout sur ton passage ». Le cynisme n’existe pas chez Jonsi, seulement une foi inébranlable qui célèbre à la moindre occasion le pouvoir intérieur de l’homme, et met en garde aussi contre les dégâts qu’il produit sur son environnement. L’être humain est plein d’énergies opposées qui s’affrontent, et dont le combat intime va avoir des répercussions dans le monde qui l’entoure. « No one knows you till it’s over» , sur Sinking Frienships, rappelle qu’a tout ce pouvoir vital que nous possédons en nous, la mort mettra un terme et emportera certains des secrets qui font de nous ce que nous sommes.
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