“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

dimanche 25 avril 2010

Trans Am - Thing


Trans Am, c’est le genre de son qu’on ne peut cesser d’écouter à moins d’avoir une vraie conscience positivioste qui vous permette d’y échapper. Il y a là un pouvoir de captation de toute volonté. Avec ce disque, on a tôt fait de se demander quel pacte infernal nous conduit à y retrouner avec insistance, et finalement à essayer de le décrire. Il faut dire qu’il se détache rapidement du lot, comme une excroissance douteuse, un artifice incongru. Le groupe, on préfère d’ici le laisser dans l’obcurité ; trio américain, passionnés de science fiction et de jeux vidéos, mais aussi de musique pointue et qui empruntent leurs méthodes à Brian Eno (ces fameuses obliques stratégies qui feraient office de viagra en ce qui concerne les pannes d’inspiration en studio, que l’on m’excuse de la métaphore). Mais la musique d’Eno est sûrement (un peu) moins nombriliste.

On remarque leur persévérance ; Thing est leur huitième disque. Presque inattendu puisqu’il s’agissait d’une B.O. de film qui a mal tourné (le film a tout bonnement été passé à la trappe au dernier moment). De la part de gens qui investissent tant de moyens dans de la science-fiction d’horreur, il faut s’attendre à tout, comme à garder, au cours d’une poignée de mains juteuse, la main de son interlocuteur dans la sienne. Thing (dont le titre évoque le film d’horreur The Thing) est un disque qui se nourrit de lambeaux, en essayant de leur donner l’attrait de véritables pièces. Pour cela, il faudrait qu’il y ait un semblant de construction, une atmosphère, un crescendo. Mais c’est par frustration plutôt que par délectation que l’on écoute le disque encore et encore.

Black Matter, Arcadia et Apparent Horizon offrent à voir le côté sociable du disque (c'est-à-dire qu’il y a des paroles grimées avec un goût certain pour l’absence de sentiment à travers un vocodeur). Imaginé comme une suite de séquences claustrophobes, le plupart des titres ne sont que l’assouvissement mollasson d’un désir d’être « entre ZZ Top et Kraftwerk », plus autiste que grand-guignol il me semble. C’est comme si les musiciens contemplaient leur propres attributs (électroniques) à travers le désir lent et douloureux de bien faire. Il y a la scène de combat, la scène d’amour (on imagine l’intéressé perdre son ardeur au bout d’une minute et dire : « non…désolé. Je ne peux pas, pas aujourd’hui. » Si c’est un scène d’amour qui dure moins d’une minute, il reste à imaginer la suite du film à l’avenant. C’est que le procédé paraît honnête (Trans Am n’a toujours fait que des disques concept), voire bizarrement cadré (même le générique du supposé film avait été fantasmé par nos lutineurs frustrés), sans que les Trans Am aient la tête à l’ouvrage ; ils préfèrent créer des ambiances menaçantes (Black Matter) ou effilochées (presque tout le disque) sans même, probablement, se rendre compte que leur musique fait réellement peur – parce Black Matter est bien loin de tout ce qui est tourné pour vous être agréable. Pour aller plus loin, on pourrait dire que dans un moment comme celui là, le groupe se gausse de ceux qui vont jeter une oreille à son disque, puisqu’il cherche manifestement à laisser l’auditeur dans la torpeur. Et c’est une qualité qui ne se partage pas facilement.

C’est pour cela que Thing est finalement bienvenu ; l’impression que tout peut devenir soudain horriblement faux ne nous quitte pas, mais il y a dans cet abandon, cet attitude de charognards, un véritable jeu d’ombres ; funk, krautrock, électro, et surtout, au moment de Apparent Horizon, l’impression que l’âme de Joy Division, de She’s Lost Control précisément, est là, quelque part à mascagner. Et le titre dégage une impression surréelle. 

Dommage que rien, ou presque, ne devienne concret ; que la menace ne plane sans jamais délivrer la moindre superbe, là où c’était le rôle de Space Dock, le dernier titre, de le faire. Tout ce qui fait mine de se construire ne s’affirme jamais, laissant celui qui fait l’effort d’être attentif dans l’égarement ; alors, en club, pourquoi pas, ou dans tout autre endroit d’aujourd’hui et surtout de demain, où des jeunes sous acide viendront s’entrevoir pour échanger quatre mots dans un micro-vocoder (afin que tous aient la même voix) avant de retourner dans les cages qui les protègent du monde extérieur. Vision effrayante d’un avenir où, dans ces instants précieux quand l’attention de nos esprits surentrainés sera dirigée vers l’émotion, ce sera des musiques aussi froidement défaitistes que celle de Trans Am qui nous parviendront. Exception faite, bien entendu, de l’excellent Apparent Horizon.

  • Parution : avril 2010
  • Label : Thrill Jockey
  • Produteur : Trans Am
  • Genre : Synthétique
  • A écouter : Apparent Horizon

  • Appréciation : Mitigé
  • Note : 5.50/10

 

 

1 commentaire:

  1. Je n'ai pas réussi à rentrer dedans non plus. Il faut dire que savoir que tout ça était la BO d'un film que ne s'est finalement pas fait ne créait pas un contexte super excitant.

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...