Comus est l’un des groupes acid-folk le plus excitants, et le moins fréquentable. Admirateurs de John Renbourn, Bert Jansch et du Incredible String Band, Roger Wootton et Glenn Goring commencèrent en faisant surtout des reprises de Velvet Underground. Il furent bientôt rejoints par plusieurs musiciens qui ne vinrent pas seulement pour la musique mais pour vivre avec eux dans leur maison à Beckenham, une petite ville du Kent en Angleterre. Beckenham se dressait comme le centre de l’expérimentation musicale. Bowie y avait fondé le Arts Lab dans un pub appelé Three Tuns. Les musiciens de cette scène était aussi divers et variés qu’on peut l’imaginer, les hippies se mélangeant aux rastas Jamaïcains. Comus devinrent bientôt des réguliers au Arts Lab. Ils engagèrent bientôt un producteur et obtinrent un contrat avec le label Dawn, qui n’avait , sans surprise, qu’une vague idée du genre de bête que Comus était. « La première chose [le producteur Barry Murray] nous a dite, c’est : ‘Bien, mettez la section rythmique en arrière-plan » La complexité de la musique de Comus rendit le travail en studio particulièrement éprouvant, sui bien que le producteur les laissa plus d’une fois livré à eux-mêmes. « Nous étions un groupe difficile à enregistrer, nous ne pouvions rien mettre sur bande et nous devions enregistrer live, dans le studio. » Etant donné le contenu de First Utterance (1971), on peut se demander si Comus eux-mêmes n’eurent pas une idée précise de ce qu’ils étaient qu’au terme de l’enregistrement.
L’alchimie entre les six jeunes gens qui formaient Comus donna des chansons d’une nature inhabituellement sombre. Comus était le nom pour aller avec ces sons sinistres, d’après un poème de John Milton à propos d’un habitant des bois dépravé. Le groupe faisait de longues sessions d’improvisation, et sans réel contrôle de ce qui se passait dans le studio. Des chansons telles que The Prisonner ou Drip Drip, une chanson de onze minutes sauvage, tribale et dissonante de tous ses violons, évoquant une folie meurtrière, commencèrent à émerger. « Le côté peace and love était très faible », dira Wooton du contenu des paroles dont il était le principal responsable. « Ca ne montrait pas suffisamment les dents, on voulait y mettre un coup ». Pas d’étonnement alors que First Utterance contienne un morceau intitulé The Bite (‘la morsure’) et un court instrumental atonal appelé Bitten (‘mordu’). Comus démontraient plus radicalement qu’un autre comment les visions de l’acid-folk pouvaient s’échapper du champ des rêves pour se confronter à leur temps. Dans la période qui précéda First Utterance, ils préparèrent leurs concerts et apparurent dans le film de Lindsay Shonteff sur la contre-culture et la mort des années 60, Permissive. Malgré la violence de la plupart des chansons, évoquant la folie meurtrière qui devait terrasser une bonne fois pour toutes les années 60, Comus étaient aussi capable d’idylles nocturnes, notamment les douze minute de The Herald.
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