“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

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jeudi 1 septembre 2011

Linda Perhacs - Parallelograms (1970)


Parution : 1970
Label : The Wild Places
Genre : Folk, Psychédélique
A écouter : Chimacum Rain, Parallelograms, Morning Colors

°°
Qualités : Contemplatif, envoûtant

« Je suis surprise du nombre de personnes qui ont été touchées par quelque chose faite par… une amatrice. J’espère que je vais avoir une autre vie pour améliorer mes aptitudes musicales et de composition. » Le seul disque que la Californienne Linda Perhacs ait jamais enregistré, Parallelograms (1970) est une gemme qui reflète toute son inspiration musicale. Perhacs était une enfant du psychédélisme, elle en trouvait l’essence au cœur de sa vie domestique. Souvent comparée à Joni Mitchell, elle était souvent sous-estimée au profit de celle-ci, par des critiques, femmes ou hommes, sexistes au point de dresser une concurrence entre des artistes aux mérites égaux. Comme le dit Aaron Mileski dans sa chronique sur le site Lysergia : « Tant qu’il pouvaient donner de bonnes chroniques pour Joni Mitchell, et occasionnellement Carole King ou quelques rares farfelues comme Dory Previn ou Essra Mohawk, ils se sentaient capables d’ignorer et de diminuer toute autre femme musicienne. » Perhacs fut ainsi la « variation hippie » de Mitchell. Perhacs, qui ne ferait jamais une carrière musicale, et dont les talents autodidactes semblaient surgir de nulle part, pouvait facilement être méprise pour une enfant perdue des années 60.

Le seul intérêt de telles comparaisons fut que ceux qui aimaient déjà Blue purent découvrir Parallelograms et se retrouver enchantés par ce disque. Toujours Mileski ;: « C’est possible de nommer des centaines de femmes qui ont expérimenté de la même façon que les musiciens masculins. Cependant, j’ai écouté attentivement tout album de ce type que j’ai pu trouver, et le fait est qu’en 40 minutes, aucune d’entre elles ne se rapproche de Parallelograms. » « Il n’y a presque aucun autre album par une femme dans lequel une vision personnelle est aussi entièrement réalisée (sans interférences de production, reprises, arrangements inappropriés, etc), et cette vision inclut non seulement des chansons hors du commun mais une saveur psychédélique distincte. » Venant d’un journaliste pourfendant la misogynie concernant la musique féminine, ce n’est pas rien. Si le terme de psychédélique n’a jamais été clairement défini, la liberté de forme de la chanson titre, les paroles de Chimacum Rain : “I’m spacing out/I’m seeing silences between leaves” les « couleurs s’égouttant » dans Morning Colors et les effets sonores de Moons and Cattails définissent un pan de psychédélisme à travers Linda Perhacs.

Enfant, Linda Arnolds (elle devint Perhacs après son mariage) savait qu’elle expérimentait le monde différemment des autres gens. Elle ressentait le son comme une expérience multi sensorielle, pouvant le voir aussi bien que l’entendre. Elle transposait ainsi à la musique une théorie décrite dans un livre bien de son époque, Thought-Forms. Les auteurs avançaient que « chaque pensée suscite un ensemble de vibrations dans la matière du corps, accompagnée par un jeu de couleurs, comme celles dans l’éclaboussement d’une cascade que le soleil éclaire » Perhacs expliquera de son côté « Quand un ton est généré, c’est une fréquence spécifique en physique. Simultanément, il y a une fréquence de couleur qui se crée. Ces fréquences sont très raffinées. Elles sont présentes sans arrêt, mais pour les voir, vous devez vous élever à leur niveau d’intensité, et non l’inverse. » Tandis qu’elle générait des chansons et des chorégraphies, ni la famille ni l’école n’encouragèrent les dons ésotériques de Perhacs, et ce n’est pas avant l’âge de 27 ans qu’elle se mit à écrire de manière à explorer, à sa manière visuelle, le champ musical. « j’avais une carrière toute différente. Puis, à 27 ans, j’ai changé complètement de direction, je suis entrée dans une autre dimension, en termes de pensée et de créativité. Je n’avais pas beaucoup de support à la maison. Mon intérêt pour la musique a explosé en neuf mois. Je m’éveillais où l’amour prenait sens. Quant à l’album beaucoup de personnes se sont interrogées, ‘Pourquoi y-a-t-il des moments ou c’est balbutiant et d’autres on l’on se demande pourquoi tout n’a pas été aussi exquisément conçu ?’ C’est parce que cela me venait dans la nuit, comme une vague. Je n’étais pas formée à cela.» Le producteur de son unique disque, un compositeur de musique de films et donc habitué à travailler l’image et le son ensemble, était à même de mélanger les perceptions. L’atonalité de la musique classique et les expérimentations électroniques primitives étaient certaines des techniques qu’il utilisa. Il dépensa beaucoup de ressources pour réaliser Parallelograms, faisant appel à des musiciens de session brillants et développant les chansons jusqu’à ce qu’il collent à la vision de Perhacs, avec laquelle il échangeait beaucoup. Elle-même eut la dernière main sur les arrangements de ses chansons, et un contrôle total sur le résultat final.

Parallelograms démarre subtilement avec Chimacum Rain, qui introduit surtout la voix riche et expressive de la chanteuse, grave sans être prétentieuse. Ici et plus loin, sa voix est dédoublée de façon inventive. Le ton et le style de la chanteuse prennent leur essor dans les deux chanson les plus énergiques, Paper Mountain Man et Porcelain Baked Cast Iron Wedding, moments dans lesquels Perhacs est presque sinistre. On aime imaginer que les expériences sonores de la musicienne aurait dans l’avenir pu donner des disques plus légers. Parallelograms émerveille de bout en bout, avec sa beauté crue et ses arrangements énigmatiques, c’est une œuvre brute.







1 commentaire:

  1. Merci pour ce texte. Je viens tout juste de ressortir ce disque et je l'écoute en boucle depuis hier. J'ai remarqué une chose qui ne m'avait pas frappé jusqu'à présent. La ressemblance entre Chimacum Rain et Street Spirit de Radiohead. Peut-être que Thom Yorke apprécie Linda Perhacs...

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