Parution : 1972
Label : Sunbeam Records
Genre : Folk, acid folk
A écouter : Solomon's Song, Martha and Mary, Chain of Love
Qualités : Surréalisme, original, apaisé
“Pour de nombreux musiciens en herbe, la découverte en premier lieu de leur muse transforme leur vie. La musique est d’abord une chose qui doit être jouée, comme un enfant a besoin d’un jouet. Puis cette première explosion émotionnelle vient comme une épiphanie, une révélation qui nettoie la perception musicale et transforme la musique en une force à soutenir et à créer ; un enfant n’est pas restreint par son jouet, mais crée plutôt le temps de son jeu. La vie devient une poursuite constante de mélodies taillées dans la mémoire, de chansons surgissant de gestes simples. Chaque converti emprunte ensuite son propre chemin, parfois croisant celui d’un autre, mais demeurant unique dans leur visions respectives. » - Dan Nishimoto, Chronique pour Moyshe McStiff and the Tartan Lancers of The Sacred Heart, Pop Matters (traduction).
Les chansons qui devaient constituer Spirit of Love (1970), le premier album du Clive’s Original Band, (abrégé C.O.B., le projet de Clive Palmer, co-fondateur du Incredible String Band), avaient des origines très différentes. Deux étaient des traditionnels, les autres des chansons éparses de la déjà longue expérience de Palmer. Les sessions qui permirent de mettre l’album sur pied furent particulièrement difficiles. Le trio de Cornwall (Angleterre), nonchalant et indiscipliné, était complètement ignorant des techniques d’enregistrement. Spirit of Love fut façonné dans l’improvisation constante, les problème d’accordage et un laisser-aller général qui rendit difficile toute forme de cohérence. Plutôt que de se concentrer sur les talents de Palmer, le groupe se déployait tranquillement en échangeant ses idées musicales. L’album sonne comme une émanation naturelle et harmonieuse, capturant une atmosphère éthérée dans une gangue d’instruments originaux, parmi lesquels un orgue indien. « Je suis toujours parti du principe que votre audience peut être éduquée », remarqua Palmer, qui rentrait d’un voyage en Inde et en Afghanistan avec de nouvelles notions musicales à ajouter aux côté de sa solide connaissance des traditions Ecossaises. « La musique devrait pouvoir vous amener ailleurs, vous ouvrir une porte, ou du moins essayer. »
Moyshe McStiff and the Tartan Lancers of The Sacred Heart (1972) aura une plus grande unité d’approche, autant du point de vue musical (des chansons en accords mineurs empreintes d’un sentiment médiéval) que des textes, donnant l’image d’un groupe aussi sophistiqué qu’original. Ce n’est pas un seulement un album « folk », « médiéval » ni même « exotique » mais le document sans prétention de trois musiciens passionnés. Moyshe mcStiff étonne et inspire, de part sa résonnance émotionnelle. L’apparente simplicité de ces chansons pourtant richement arrangées et texturées, sont les plus mystérieuses quand elles reposent sur le seul banjo de Palmer et une mélodie de flute ancienne. Chain of Love ou Martha and Mary, d’un autre côté, sont denses et dégagent une atmosphère dramatique. Plusieurs théories ont été développées quant au sens des paroles de l’album, la plus populaire étant qu’il s’agit d’un cycle quant aux réflexions d’un chevalier en croisade – une idée sans doute autant influencée par la pochette de l’album et son titre autant que par son contenu. Presque saturé d’une imagerie ancienne et auréolé de sacré (Solomon’s Song, Lion of Judas), Moyshe est parcouru d’une essence singulière, à la fois le plus surprenant et le plus proche de ce qu’on peut considérer comme de la musique folklorique. En son cœur, une simplicité désarmante : “I don’t know the future / I don’t know what it may bring / But I sit and watch the sun go down / And wish the birds will sing. »
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