Parution : 1970
Label : Dicristina Stair
Genre : Folk rural, acid folk
A écouter : Glow Worms, Rainbow River
Qualités : féminin, onirique,
Comme Parallelograms, l’album de Linda Perhacs, Just Another Diamond Day (1970) ne contenait que des chansons originales écrites ou co-écrites par Vashti Bunyan, une chanteuse qui est devenue aujourd’hui l’un des artistes les plus chéries de la scène folk anglaise, réputation tributaire de ce premier album parfait. Comme Moyshe Mcstiff ou Time of the Last Persecution, Just Another Diamond Day allait attirer le plus ardent des cultes. La musique de ces disques et si saturée des âmes des artistes qui la font qu’à la fois les sons et les philosophies qu’ils contiennent sont tangibles pour l’auditeur.
La jeune Vashti Bunyan eut une vie de bohème en compagnie d’un certain Robert Lewis, étudiant en Art. Ils partirent avec une caravane et un cheval, depuis Londres, rejoindre l’île de Skye, à l’ouest de l’écosse, dans l’archipel des Hébrides, où Donovan prétendait une communauté artistique. Ils furent aussi de passage au Pays-Bas où Bunyan donna quelques concerts désastreux. De rencontres fructueuses en mésaventures, et malgré ses sentiments pessimistes quant à l’industrie musicale, Bunyan écrivit des chansons à cette période, telle Glow Worms, l’une des plus pures et des plus belles à figurer sur un disque aux standards célestes. « Ca a probablement été la dernière chanson d’amour que j’ai écrite », dira t-elle. «Robert m’a dit : ‘Pourquoi n’arrêtes tu pas d’écrire toutes ses petites chansons d’amour misérables pour écrire sur le monde autour de toi, toutes ces choses merveilleuses que nous découvrons ? » Lewis participa à l’écriture de chansons inspirées par leur voyage, comme Window Over the Bay, l’idyllique Hebridean Sun et Trawlerman’s Song, bien qu’il ne prit pas ces chansons avec le sérieux qui caractérisait Bunyan. « Il semblait que les chansons les plus légères provenaient des moments les plus difficiles », remarquera Bunyan, faisant référence à Jog Along Bess et comment elle fut écrite dans le passage le plus tourmenté du voyage. Une fois arrivés à destination en Ecosse, il s’avéra que Donovan était bien trop occupé par sa carrière. Malgré cela, la communauté était bel et bien là ; mais Bunyan et Lewis décidèrent qu’ils préféraient continuer de voyager et retraversèrent l’Angleterre en direction des Pays-Bas.
A Londres, en 1969, ils rencontrèrent Joe Boyd, tout comme Robert Kirby, qui avaient travaillé avec Nick Drake sur Five Leaves Left (1969). Malgré son manque de formation musicale, Bunyan supervisera le travail de Kirby lors des sessions d’enregistrement de ce qui deviendra Just Another Diamond Day. «Je ne connaissais rien à la théorie musicale, rien du tout, mais j’avais écouté des violonistes des Hébrides, et j’ai trouvé cet extraordinaire musicien avec un Stradivarius. Je lui ai demandé : « Peux-tu le faire sans vibrato ? Je ne pense pas qu’il ait joué ainsi depuis l’âge de trois ans ! Il était effrayé, mais il l’a fait. » Depuis la façon dont l’expérience de voyage quotidienne de Bunyan a inspiré les paroles de son disque jusqu’à cette manière empirique de visionner l’instrumentation de son disque, Just Another Diamond Day est un bel exemple de contrôle artistique total, pour donner un document émotionnel brut. Cependant, l’album, une fois terminé, ne plût pas à Bunyan. « Il y avait beaucoup de choses dans ce disque que je ne pouvais supporter, sa nature folklorique : on aurait dit qu’il avait été enregistré autour d’un feu. Ce qui était probablement l’idée qu’en avait Boyd, mais pas la mienne. Je ne voulais pas qu’il sonne fait-main. »
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