Parution : 1970
Label : Autoproduit, Gear Fab
Genre : acid-folk, Psychédélique
Qualités : fait main, envoûtant, lucide
En 1970, à Philadelphie. Perry Leopold donne des copies de son premier album, Experiment in Metaphysics, depuis le bord d’un trottoir. Il en a fait presser 300, sans pochette, avec seulement une étiquette pour où figure le nom de l’album. Ce disque a pourtant été l’un des albums clefs de folk expérimental, voire selon certaines sources le fondateur de l’acid-folk. Avec Christian Lucifer (1973), ces deux disques qui constituent toute l’œuvre de Léopold sont l’assurance de se perdre dans un monde généreux, aux tonalités superbes, paisibles et sinueuses.
Label : Autoproduit, Gear Fab
Genre : acid-folk, Psychédélique
Qualités : fait main, envoûtant, lucide
En 1970, à Philadelphie. Perry Leopold donne des copies de son premier album, Experiment in Metaphysics, depuis le bord d’un trottoir. Il en a fait presser 300, sans pochette, avec seulement une étiquette pour où figure le nom de l’album. Ce disque a pourtant été l’un des albums clefs de folk expérimental, voire selon certaines sources le fondateur de l’acid-folk. Avec Christian Lucifer (1973), ces deux disques qui constituent toute l’œuvre de Léopold sont l’assurance de se perdre dans un monde généreux, aux tonalités superbes, paisibles et sinueuses.
Léopold avait réussi à y reproduire quelques-unes des sensations qu’il éprouvait depuis quand, à l’âge de trois ans, il découvrit la musique et l’expérience sensorielle qui en découlait en pressant son oreille contre le piano familial alors que son frère jouait des concertos. A cinq ans, il insista pour que ses parents lui achètent une guitare, la maitrisa à huit et fonda son premier groupe à dix ans. Adolescent durant les années 60, il ne s’activa pas seulement dans le domaine de la musique mais contre l’Establishment, tout en questionnant avec prudence non seulement les institutions de la société mais les slogans de la contre-culture. « Le flower power perdait son sens, et Altamont semblait faire de Woodstock un lointain souvenir ». A ses influences Timothy Leary (le plus célèbre partisan des bienfaits thérapeutiques et spirituels du LSD) à et Carlos Castaneda, Leopold ajouta la concomitance entre LSD et musique. « La musique n’existe que dans une dimension qui s’ouvre lorsque vous l’écoutez, et qui provoque le sentiment. Elle sert de clef vers une autre conscience ». Comme beaucoup d’autres, Léopold vivait d’abord l’expérimentation de sa musique et expérimentant sur lui-même, et sa consommation de drogues était extravagante. Les chansons s’écoulaient de lui naturellement ; certaines immédiatement compréhensibles de leur auteur, d’autres impénétrables, mystiques même pour lui.
Il appela ce premier corps de chansons Experiment in Metaphysics parce que c’est ainsi qu’il les percevait. Mais il les replaçait aussi dans le contexte de la tradition folk américaine. Le disque fut enregistré en cinq heures (en comptant le temps que Leopold passait à fumer du haschich) dans un magasin de chaussures, avec le commerçant comme ingénieur du son. Malgré la crudité du processus, Leopold savait comment donner au disque sa richesse sonore insoupçonnée. « Tout mes accordages de guitare étaient des études sur le croisement de tonalités, et les tentatives constantes de mélanger des sons de cette façon donne l’impression que l’on peut deviner l’écho de flutes, de violons, et d’autres instruments en fond de plan. » Bien qu’auto-proclamé « acid-folk », Experiment in Metaphysics se démarque d’autres disques de cette période d’ébullition contre-culturelle par sa retenue quasi-pieuse, tout en demeurant viscéral. Il recueille certains moments de philosophie surannée et de mystique prétentieuse – sur The Absurd Paranoïd notamment - qui sont autant d’indicateurs de l’époque. Mais c’est la sagesse de l’écriture de cet album, ses qualités progressives et inventives qui méritent le plus d’être remarquées. Chaque chanson ressemble à une grande histoire faite d’un amalgame de récits, avec des débuts et des fins intriquées.
Vint l’étape de la fabrication et de la distribution, exécutée d’une manière aussi farouche que le lui permettait ses principes anti-business et son manque de moyens. Distribués depuis le bord d’un trottoir, après que ses points de dépôt, des disquaires, aient tenté de l’arnaquer.
Christian Lucifer, l’album suivant, documenta une réflexion quant à une vision qu’il avait eue d’une image du Christ. « Tandis que mes yeux étaient fixés sur lui, j’ai vu la lumière derrière lui commencer à s’assombrir, et une ombre est venue derrière cette image du Christ. Puis, très lentement, tandis l’ombre s’est fondue au Christ et que les deux sont devenus un, c’est devenu clair que l’ombre était en réalité le diable. Je pouvais voir son visage et ses yeux aussi clairement que je pouvais voir ceux du Christ tandis qu’ils se fondaient ensemble. Mais ce qui m’a le plus surpris c’est que les yeux des deux étaient les mêmes ». Le Christian Lucifer que Léopold décrivait était l’équivalent Chrétien du Ying et du Yang. L’album nécessita une vingtaine de musiciens et plusieurs centaines d’heures de studio, et Léopold écrivit lui-même chaque note de chaque instrument des parties orchestrales qu’il voulait pour l’album. Beaucoup plus élaboré que Experiment in Metaphysics, Christian Lucifer est, au fond, tout aussi étrange. Il ne fut, à l’époque, même pas publié, et ses bandes furent perdues. Les deux disques sont aujourd’hui disponibles.
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