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lundi 6 septembre 2010

The Fall - Our Future, Your Clutter (2)


Cette chronique est une séquelle à une autre chronique.

Our Future… est un disque travaillé, retravaillé jusqu’à la perfection. Et irrésistible avec ça – aucun autre groupe anglais ne peut prétendre à cette heure faire aussi bien qu’eux. D’ailleurs, groupe anglais ne m’évoque pas grand-chose… Juste une série d’histoires de petites bandes lamentables dont les leaders ont les chevilles enflées – à l’exception notable des aliens (car si honnêtes et simples) Radiohead. Mark E. Smith n’a pas échappé à la règle, même si on ne peut pas lui en vouloir en écoutant Our Future… En fait, il aurait pu s’arrêter à l’ « hymne » entonné pour l’équipe nationale de foot, on ne méritait rien de cette taille-là.

La hargne et la persévérance sont élues au la main qualités de rocker de l’année 2010. Smith a clairement réussi là où la plupart n’ont même pas essayé. Tout, musique, ambiances, intentions, fusionne avec une évidence salvatrice et une fausse simplicité. « A showcase of proud talent », comme le suggère Mark e. Smith sur O.F.Y.C Showcase. C’est le genre de disque qui mérite que l’on s’arrête à chaque nouvel instant pour en tirer quelque chose. Un son granitique que l’on tire à nous sans pouvoir le déformer, dont on essaie de mettre les failles à jour en demeurant totalement aveugle, de trouver les prises en se cassant les dents parce qu’il n’y en a pas. Je veux dire pas d’argument qui pourrait décrédibiliser Our Future. Un jeu effrayant et magistral de construction/déconstruction (il n’y a qu’à essayer de jouer au jeu des sept différences entre la version CD et celle en vinyle, plus généreuse et… composée dans un ordre différent. C’est incroyable de voir qu’un album dont la pochette est aussi infâme puisse être l’objet sonore le plus peaufiné qui soit.

Il est en effet l’exact reflet de ce que Mark E. Smith a voulu y mettre. Beaucoup d’humour, en somme – il est parfois difficile de se retenir de rire, que ce soit au premier degré ou au cent vingt sixième. Une légère agressivité menaçante, une dose de sordide, une vraie sensation de malaise physique (« When do i Quit this Hospital »), à tel point qu’on s’imagine Smith s’infliger de rester toujours dans cette satanée chaise roulante qui lui a permis à un moment donné de toiser le public de moins haut sans perdre une once de sa présence (alors qu’il s’était cassé la hanche, c’est une anecdote qui mérite d’être retenue). Il y a aussi cet aspect carrousel, l’idée de quelque chose qui tourne de plus en plus vite ; une allégresse. Une pure illusion finalement puisque la cadence n’accélère pas. Il y a des titres plus rapides et énervés, d’autres plus lents et vicieux – pour faire court, musicalement, la batterie sert de colonne vertébrale et le reste s’enfile dedans. Le plus remarquable c’est que le joyeux surgit au milieu du sordide, que le malaise est plein d’assurance teigneuse, etc. Les dialogues flippés qui ouvrent ou terminent les morceaux semblent presque cool.

D’autres auraient avec ça l’énergie d’emmerder le monde entier. Mark E. Smith se sert de cette énergie d’origine franchement inconnue (d’autres devraient prier pour être touchés de cette brillance) comme d’un scalpel. En la transformant en grésillement et en canarderies, c’est assez habile.

On aurait cru à un amalgame, comme technique presque aléatoire, de jams comme le font tout ceux qui attendent que la musique leur donne quelque chose à dire (il faut avoir son propre studio ou beaucoup d’argent). Si The Fall passe effectivement un temps fou en studio, c’est pour accomplir une vision. Non moins fantastique est le fait qu’un groupe à peine réunis depuis deux albums (à cause de la fâcheuse tendance de Smith à faire le ménage) paraisse plus soudés et solidaires que beaucoup d’autres. Les musiciens s’écoutent et se répondent – bien sûr je ne préfèrerais pas savoir ce que ça donnerait si l’on s’amusait à donner l’équivalence en conversation téléphonique, mais un titre comme Bury Pts 1&3 prouve qu’ils aiment jouer, et avec les surprises plus tardives – Chino… on est convaincu. Malgré l’envie de foutoir, c’est toujours rigoureux. Malgré le gras, le tendancieux, le noisy, l’hypnotique, le psychédélique, le monotone, le disque a trouvé sa propre perfection. Loin des classiques du genre (parfait est un genre généralement constitué d’albums proprement ennuyeux). Allez, Hot Cake est carrément rock.

C’est une musique maligne, parce qu’elle est tellement travaillée en amont que tous les cinq membres peuvent vraiment jouer librement et donc différemment. C’est ce qui donne l’impression de cette fraîcheur irrésistible, et cette force sautillante à Our Future… C’est un disque qui n’est en rien relié au passé, mais seulement agrippé aux frappes expertes de son batteur, un travail à la fois extrêmement fier mais loin d’être pompeux. Son mélange d’énergies plutôt malsaines lui permet de rester profondément ancré au sol. Beaucoup s’élèvent comme des ballons de baudruche remplis d’hélium, bien vite hors de vue et hors d’intérêt – pour certains, dans ce cas là, on continue de regarder, incrédule, s’attendant à ce qu’il réapparaissent. Je suppose que certains le font, mais je suis déjà allé ailleurs.

Encore une fois, c’est la musique la plus proche – Our Future vous marche presque sur les pieds - qui est aussi la plus hors d’atteinte. Ce disque vous nargue, alors rendez-le lui bien – marrez-vous à chaque fois que vous pouvez. Savourez les petites phrases de Smith, les solos sur trois notes et les sons aliénants qui s’en dégagent. The Fall, cette année, est en odeur de sainteté.

1 commentaire:

  1. Oui c'est vraiment un album qui mérite qu'on revienne dessus. A mes yeux, l'impact sur sa psyché de sa relation avec Elena Poulou peut souvent expliquer la "sainteté" de cet album :
    http://www.playlistsociety.fr/2010/04/fall-your-future-our-clutter-810.html

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