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jeudi 12 novembre 2009

Dead Man's Bones - S/T. (2009)



Parution : Novembre 2009
Label : Anti-
Genre : Alt-folk
A écouter : My Body's a Zombie for You, Lose Your Soul, In the Room Where you Sleep

7.25/10
Qualités : habité, rétro, self-made, original

Issu d’une collaboration à la sauce Hollywood alternatif entre une star de cinéma, Ryan Gosling (Drive), son pote Zach Shields et une chorale d’enfants du Silverlake Conservatory of Music, l’album sans titre de Dead Man’s Bones est tellement curieux et excentrique, avec une genèse comme un film de Ed Wood donnant un music hall à Broadway, qu’on ne peut s’empêcher de penser à un disque unique, un dead end – cul-de-sac - en quelque sorte. Une surprise d’automne qui s’avère suffisamment complexe d’un point de vue musical pour tenir face aux « vraies » formations – Dead Man’s Bones est un travail multimédia (supporté en concert par un spectacle de marionnettes) plutôt qu’investi seulement dans le son comme un groupe classique.

Effectuant une première date de sa tournée dans le théâtre de marionnettes du vieux Bob Baker – le plus ancien de tous les Etats Unis, à Los Angeles -, le groupe ne lésine pas sur les moyens les plus alternatifs – ce qui ne veut pas dire qu’il s’agisse d’amateurisme, ces artistes savent bien ce qu’ils font - les enfants ont sur le visage peinture blanche et les yeux surlignés de noir pour mimer un parterre de morts-vivants plus attendrissants qu’effrayants - un sentiment qui peut être retenu pour le disque. Dans l’auditorium, des marionnettistes professionnels actionnent des pantins à l’effigie de squelettes burlesques. D’après Baker, c’est la préparation d’un spectacle prometteur. Les enfants, public privilégié de l’endroit, continuent de venir, avec la promesse de passer une heure « loin de leurs problèmes ». Parmi le public ce soir, cependant ; Devendra Banhart ou Gary Oldman, Dracula chez Coppola. C’est avant qu’un alcoolique annonce avec l’approximation joussive d’un Tom Waits révolu « une histoire d’amour et de mort ». Le spectacle peut commencer.

La production laisse apparaître des éléments insolites avec un sens de la mise en scène, et la construction du disque est en forme de fresque, pour progresser de l’ombre désespérée vers très titres où prédomine la mélodie sur l’humeur.

Toutes les images que renferme ce vieux théâtre, c’est déjà presque trop pour un disque. Signe d’influences profondes tirées du folklore américain, on trouve en survolant ce qui a été qualifié de « bande son de halloween » des réminiscences de Department of Eagles – indies classicistes aux compositions délicates qui font vivre eux aussi majoritairement leur son au crépuscule – à travers percussions à la main et arpèges rustiques (In the Room Where You Sleep) tandis que Gosling s’avère un crooner très capable. Les harmonies évoquent parfois Arcade Fire, lorsqu’un genre d’urgence tout à fait théâtrale transparaît dans la narration. Il y a les hantises que l’on trouvait déjà chez Soap and Skin, une sorte de fascination morbide comme expression naturelle, mais qui se transforme ici en l’espace de quelques titres en énergie sauvage et vivante.

Dead Man’s Bones est un nouveau genre de concept album, d’ou émane un puissant souffle artisanal. La production laisse apparaître des éléments insolites avec un sens de la mise en scène, et la construction du disque est en forme de fresque, pour progresser de l’ombre désespérée de Dead Hearts ou Buried In Water – c’est là que l’Autrichienne Anja Plaschg vient à l’esprit, tant ces premiers titres sont dispensées avec un doigté maniéré très européen – vers très titres où prédomine la mélodie sur l’humeur, comme Pa Pa Power, Lose Your Soul ou Dead Man’s Bones – celle donnant l’image d’un monstre de Frankenstein qui aurait la voix de Nick Cave. Werewolf Heart évoque Beck. Plutôt homogène quelques morceaux se détachent par leur forme plus directe et dispensant une énergie plus communicative que narrative. Fait rare pour un disque de rock alternatif : il n’y a quasiment pas de guitare.

L’utilisation des chœurs est sans doute ce qui rend l’album si différent. Répondant pour une part au plaisir que Roger Waters avait eu à faire chanter aux enfants d’une école « Hey, teacher, leave the kids alone » sur The Wall, Gosling leur donne du « My body is a Zombie for You » à chanter en chœur - dans un morceau proche de la pop baroque de Arcade Fire qui aurait croisé l’atmosphère moite du Berlin (1973) de Lou Reed - , musique à jouer sur les planches - ou « Like a Lamb in the Slaughter » sur Buried in Water. Des images pas vraiment appropriées, qui rendent toute l’interprétation plus ambigüe. Le chœur donne aussi dans les contrepoints aux harmonies de pop de chambre de Pa Pa Power par exemple. Echos et unissons donnent cet aspect vibrant et amusant sans quoi Dead Man’s Bones n’aurait été que joliment tourné. Ces chorales en font un travail du cœur, avec ses approximations. Et l’ensemble est une musique d’intérieur, habitée.

Lose Your Soul a peut être quelque chose de plus, un spectre de cendre dans cette voix ici particulièrement bien établie et entêtante. « I Get Up ! » ponctuent les enfants, tandis que le clavier propulse les couplets vers une évidence mélodie plutôt dénigrée jusqu'à ce point. 

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