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mercredi 4 novembre 2009

Robert Wyatt - Comicopéra



 
Ce nouveau panorama gracieux de Robert Wyatt voit une nouvelle fois la participation de ses amis Brian Eno et Phil Manzanera (tous deux anciens Roxy Music), Paul Weller à la guitare, et Anne Whitehead au trombone. Plus important peut être, l’inclusion de musiciens d’Israël, d’Espagne, d’Angleterre, de Norvège, de Cube, du Brésil et de Colombie, ce qui crée une diversité d’opinions musicales pour un artiste perçu comme très anglais. Le chanteur au mince filet de voix joue quand à lui le piano et les claviers, la trompette et le cornet, les percussions (il ne faut pas oublier qu’il fut batteur de The Soft Machine avant de démarrer seul après son accident). C’est un musicien qui sait s’exprimer de mille manières, tout en donnant à ses acolytes une grande part de responsabilité dans la manière dont vont sonner toutes les pièces parfaites de Comicopéra.

 
Ce disque est particulièrement intéressant lorsqu’il s’agit d’évoquer la carrière de Robert Wyatt, carrière qui constitue l’une des plus belles déclarations d’amour à la musique, nourrie de disques touchants, de Shleep (1997) à Old Rottenhat (1985), et qui trouve son sommet culte avec Rock Bottom (1971). Après avoir collaboré en 2006 à l’album On an Island de David Gilmour, et l’avoir suivi en tournée, Wyatt retourne à ses moutons… Et transforme la laine de ses ressentiments en construction qui défie les lois de la gravité ; c’est un disque encore une fois en apesanteur, loin des courants et pour cela, quelque part difficile à appréhender. Il s’agit de se laisser porter par ses sentiments sans tenter de donner une étiquette à ce grand pull bariolé que nous a tricoté l’artiste et tous ses amis…

 
Un disque conceptuel sur le papier, puisqu’il comporte trois parties, trois actes ; Lost in Noise, The Here and the Now et Away With the Fairies. Cependant, musicalement, ce n’est qu’un vaste océan de bonheur et de fragilité, d’un seul tenant. Wyatt a toujours le don de faire sourdre angoisse et mélancolie, nostalgie et exaspération. A 62 ans, il n’a rien perdu de son mordant et de son extraordinaire lucidité ; il continue de voir au travers de textures mélodiques allégées de leurs claviers nuageux, et qui semblent prêtes à être balayées par les intempéries. Il a depuis longtemps trouvé sa propre voix en marge du rock, à la manière de Scott Walker, créant un univers fait de coupures de jazz et de musique expérimentale, demandant une concentration qu’il devient utopique de réclamer à la majorité des gens aujourd’hui. A la différence de Walker, cependant, le résultat est plein de sérénité et évoque en ce sens le son beaucoup plus conventionnel de Harvest, de Neil Young, par exemple.

 
Il ne faut pas s’y méprendre, Robert Wyatt est humaniste et sensible mais sait aussi s’agacer de l’état de la civilisation occidentale, lâchant avant la troisième section (chantée en espagnol) 'You've planted all your everlasting hatred in my heart.', signe d’un trop plein pour le par ailleurs si contenu Wyatt. Par l’aspect de ses textes, on comprend mieux le partage en trois parties du disque.

 
La première section, se montre particulièrement méditative, délicate, plus distante, et contient les plus belles pièces avec You You et Just as You Are – toutes deux écrites avec sa partenaire Alfreda Benge. Les cuivres y sont particulièrement présents et permettent de créer des atmosphères de brouillard, quelque peu balayé sur A Beautiful Place, où le style est plus direct.

 
La mauvaise humeur monte déjà avec la deuxième section, The Here and the Now, avec des titres comme Mob Rule, A Beautiful War, et l’inquiétant Out of the Blue dans lesquels Wyatt dissèque l’état du monde. Ces six titres sont plutôt dépouillés et on a, plus que jamais, l’impression que Wyatt est là, juste à côté de nous, à partager des moments d’intimité.

 
Les cinq morceaux qui constituent Away with the Fairies – sans doute l’exercice le plus surprenant à l’intérieur du disque - symbolise le ras-le-bol de Wyatt pour sa propre culture et sa propre langue, et culmine avec Hasta Siempre Comandante, un morceau dansant en hommage à Che Guevara (qui passa pourtant un bon temps de sa vie à se battre contre les libertés auxquels aspire Robert Wyatt sur ce disque), écrit par le compositeur cubain Carlos Puebla. Cette version de Wyatt donne chaud aui cœur, même si elle se termine par un concert de trompettes discordantes. Si les pièces qui le précèdent dans cette troisième section sont abstraites ou instrumentales, c’est ce titre le point de non-retour de l’album, qui le termine et laisse en suspends des questions sans réponse adressés aux dirigeants de nos nations capitalistes.

 

 
  • Parution : octobre 2007
  • Label : Domino
  • Producteur : Robert Wyatt
  • A écouter : You You, Just as you are, A Beautiful war, Hasta Siempre Commandante

  • Appréciation : Méritant
  • Note : 7, 75/10

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