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vendredi 5 octobre 2012

Ladyfest Festival - Fiodor Dream Dog & Sharon Van Etten - Concert au Café de la Danse (01/10/2012)






Cette vidéo est de Valérie Toumayan : http://www.ilovesweden.net/


Ils avaient Patti Smith à la fête de l’Humanité, qui vous faisait venir même si vous n’étiez pas de la partie, c’est-à-dire, pas vraiment militant. Au Café de la Danse, le premier octobre, c’est avec Sharon Van Etten que le Ladyfest rameute un public pris d’affection pour elle, alors si en plus ce festival veut faire passer un message de tolérance et d’égalité, c’est toujours agréable. D’autant que les sacs qu’ils vendent à leur effigie pour 10 euros déchirent. Ce premier soir de festival est un moment spécial : on se sent proche de Sharon Van Etten, qui en est à son troisième passage à Paris ces derniers mois, se montrant si accessible à nos cœurs endoloris juste après être née dans nos oreilles. Ne serait-ce que parce qu’elle prend le temps de discuter avec vous, de répondre aux sollicitations pour des photos, d’échanger avec des admiratrices qu’elle a reconnues. Je ne sais pas si c’est sa façon d’être, les qualités de son écriture ou sa voix bouleversante, mais Sharon Van Etten est un cran au-dessus de ce qu'on peut attendre d'une artiste trentenaire américaine. Beaucoup l’ont découverte avec son dernier album, Tramp, paru en février 2012. Hors de New-York, où sa gentillesse, sa politesse, son sourire géniaux ont fait d’elle une personne précieuse auprès de ses nombreux amis, c’est maintenant qu’elle se crée en Europe une assemblée d’admirateurs qui ne grandira peut-être plus aussi vite dans les prochains mois, mais qui se démarqueront toujours par les souvenirs d’ivresse émotionnelle suscité par elle. En coulisse, elle me confiait n’avoir été chez elle qu’à peu près trois mois sur les neuf déjà écoulés cette année.
Aux balances comme au moment du concert, Fiodor Dream Dog est une belle promesse d’originalité et d’efficacité pop façon Talking Heads traversé de chœurs superbes et d’une guitare au son très ‘Jonny Greenwood  live’, poussée jusqu’au sang. Au centre, une artiste à la vision incisive et aux multiples talents, Tatiana Mladenovitch, accompagnée d’un tandem de choristes rayonnantes et d’un duo basse/guitare. Ils reprennent Björk, pour s’échauffer avant le concert, et c’est magnifique. On a vu aussi Tatiana s’amuser avec To Bring You My Love, la chanson de PJ Harvey dont on ne revient que la gorge douloureuse.  Ils ont une façon de surfer sur les cœurs, l’air de rien, sans vraiment les prendre – mais viser les cœurs, c’est déjà remarquable - en laissant sur nos lèvres un sourire adressé autant à leur dérision palpable qu’à notre propre plaisir. Du post-punk au rock cru des années 1990 en passant par l’electronica, la leçon de musique et d’humour de Fiodor est étonnante de cohérence, rythmes et voix multiples se rassemblant autour de refrains entêtants. Sans quitter ses lunettes fumées, JP Nataf bringuebale la tête, il lui est arrivé auparavant de participer lors de sessions avec le groupe.
 
J’ai évoqué avec Sharon Van Etten le cas Patti Smith, ou comment écrire des chansons de paix et d’amour pourtant guerrières et engagées jusqu’à la politique. Elle m’a répondu qu’elle n’en écrirait peut-être jamais, car la politique n’était pas trop son truc. Elle m’a dit qu’elle n’arracherait probablement pas les cordes de sa guitare, comme Smith lors du concert à l’Huma, parce qu’elle n’en a que deux : une acoustique et une électrique. Avec un répertoire encore relativement restreint, Van Etten n’a pas l’amplitude d’expression de sa grande sœur, avec qui elle partage un quartier de Brooklyn à trente ans d’intervalle. Il faut dire que Smith fait aujourd’hui très fort en combinant les chansons de Easter (1978) avec celles de son dernier album, Banga (2012). Saupoudrez le tout d’un petit Gloria, d’un Dancing Barefoot et d’un Power to The People, et vous avez le concert de l’année. Pour Van Etten, ponctuer son show revient à jouer Serpents, sa chanson la plus dévastatrice, le plus intensément possible, et à finir le concert dans un vacarme maitrisé sur I’m Wrong. Elle ne jouera ce soir quasiment que des morceaux de Tramp, avec deux exceptions estimables. D’abord une nouvelle chanson que Van Etten joue seule, et qui montre qu’elle n’est pas prête à échapper au registre de la chanson d’amour attachante, frappante, hantée. Ses accords joués de façon rentre-dedans sont parfaits, dans ce moment où elle semble autant déterminée à avancer qu’elle l’est à se réinfliger dans les moindres détails une blessure : « Your love is killing me»… La deuxième exception, c’est l’interprétation désormais attendue en rappel de Love More, ballade terrassante qui a fait fondre le cœur de Bon Iver au point qu’il la reprenne à son compte. Retranscrite à la guitare car l'harmonium n’a pas su voyager. Les quatre musiciens sont comme frères et sœurs, plutôt fatigués mais soudés jusqu’à la dernière note. Et lorsqu’elle remercie, Van Etten, pourtant sans aucun doute épuisée, sort sa dernière carte de la soirée : elle va être présente au stand et distribuer les mots gentils sur la pochette révélatrice de son dernier album, et des autres.  

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