“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

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vendredi 8 juin 2012

The Walkmen - Heaven (2012)







Parutionjuin 2012
LabelFat Possum
GenreRock, Acoustique
A écouterHeaven, Heartbreaker, Love is Luck
°
Qualitésélégant, communicatif

La video officielle du morceau-titre de l’album, Heaven, est un rush à travers 10 années de la vie d’un groupe jeune et brouillon devenu l’un des plus élégants en activité. Au-delà des vestes bien taillées et des clichés sépia, la vidéo révèle autre chose ; sur cette multitude d’images défilantes, se sont toujours les mêmes visages, encore pas tout à fait adultes, et la seconde d’après, pères de famille (ils ont tous eu des enfants ces dernières années). Ce qui donne au groupe tant de classe, et qui produit l’attachement du spectateur à la vidéo et à la chanson, c’est le fait que les Walkmen soient restés les mêmes 5 personnes depuis leurs débuts discographiques en 2002. C’est une chose dont ils sont très fiers.
 « Remember, remember/What we fight for.» scande le refrain de la même chanson comme pour célébrer leur union et leur force. La vidéo est accompagnée de commentaires très positifs quand à cette chanson, et c’est vrai qu’elle conjure la nonchalance New-Yorkaise pot-Strokes (un mirage, maintenant que presque tout le groupe a cessé de vivre à New-York) tout en illustrant entre ses grandes lignes mélodiques le thème de l’album ; le Walkmen est devenu papa. De quoi rendre Hamilton Leithauser plus attachant qu’il a jamais été – et il revient de loin, ses débuts le plaçant du côté des têtes à claques ayant un penchant pour les soirées arrosées. Parmi les commentaires de la vidéo, cette déclaration, accompagnée de 28 pouces levés : « Cette vidéo est si réconfortante. Nous n’avons pas beaucoup de mecs comme les Walkmen aujourd’hui, apprécions ce que nous avons. » Et c’est vrai, bien entendu.
Tout le monde aime les Walkmen, ou du moins a aimé l’une ou l’autre partie de leur carrière : celle de loups aux dents longues, plus ancrés dans l’immédiateté, avec Leithauser plongeant la plume dans le vinaigre à l’image de Bows and Arrows (2004) et son single The Rat ; ou celle, plus contemplative, texturée et temporelle entamée avec You and Me (2008) – sans doute l’album le plus impressionnant de leur carrière. L’accueil tiède de Lisbon (2010) ne devrait pas se reproduire avec Heaven : non qu’il soit meilleur, mais ceux qui ce sont rétractés ont eu le temps depuis de se faire au côté ‘carte postale’ des Walkmen, à apprécier comment ils assument leur imagerie sépia,  à se rendre lorsque finalement, assis à une table de café devant un coucher de soleil, c’est la musique des Walkmen que l’on souhaite entendre. Heaven attaque Deus (avec Following Sea) sur le territoire de la bande-son de l’été.
La petite mélodie basse-guitares qui ouvrait Juveniles nous avait immédiatement séduits ; musicalement, We Can’t Be Beat, un doo-woop où l’on retrouve avec plaisir la voix de crooner d’Hamilton Leithauser (j’ai lu une comparaison de Leithauser avec Richard Hawley), renvoie plutôt à la longue introduction de Blue as Your Blood ; l’album prend son temps à s’émanciper. Mais déjà, cette façon de jouer en arpèges des accords simples mais jamais évidents, et ce son de guitare si chaleureux du groupe nous propulse en terrain connu et conquis. Heaven est essentiellement la suite naturelle de son prédécesseur. Parmi les que les nouveautés, la présence de Robin Pecknold, des Fleet Foxes, qui ne fait qu’affirmer cette filiation devinée entre le rock New-Yorkais et le folk plus doux de l’autre côte Américaine (les relations entre Sharon Van Etten et Justin Vernon le confirment). Un pas a été fait en termes de séduction et de partage.  « Ce sont les bonnes années/les meilleures que nous connaîtrons jamais. », s’enthousiasme Leithauser sur Heartbreaker, une chanson dont le rayonnement pop se répand à tout l’album.  Du fait d’écrire, Leithauser est sans doute celui qui porte le groupe au plus profond de son cœur, et on sent que ce moment de l’album constitue pour lui le pinacle des dernières années du groupe. C’est ensemble qu’ils ont ressenti le besoin, après un Lisbon plus tourné vers l’histoire intérieure des Walkmen, de proposer un disque ouvert à la participation collective, auquel chacun semble pouvoir, plus facilement associer son enthousiasme.
Le bluesy The Witch ou la power –pop de Love is Luck seront très appréciés en live ; alors peu importe que le plus rêveur Southern Heart ou le duo à l’ancienne avec Pecknold, No One Ever Sleep, ne soient pas joués dans ces conditions. L’écriture a progressé, ne se contentant pas de matraquer sur le thème du rêve comme  parfois auparavant, mais capture des bribes de vie qui sont une façon de correspondre aux photographies bien réelles utilisées pour la promotion de l’album. Les souvenirs de Leithauser projettent une certaine mélancolie parfois typique de la country ou du bluegrass, avec toujours ce questionnement sur la pertinence et la place de l’artiste dans le monde contemporain (« listening to the country station and wondering where i stand »), tantôt plus proche de ce que pourrait chanter un vieil homme tel que Leonard Cohen dans Famous Blue Raincoat ("Tell me again how you lived all the men you were after"). A ce point, il ne faut pas oublier que les débuts turbulents du groupe ont laissé des albums chargés de rejet et de désespoir, et Heaven contient des moments plus mélancoliques ou amers, Love is Luck ou The Love you Love. La proximité à l’autre, la fidélité et la loyauté sont des sentiments exprimés tout au long de cette collection de chansons et il n’appartient qu’à l’auditeur de les laisser déteindre délicieusement sur lui. 

vendredi 10 décembre 2010

The Walkmen


Voir aussi la chronique de You and Me (2008)
Voir aussi la chronique de Lisbon (2010)

Le quintet formé par les Walkmen paraît très conservateur, trop classique à côté de tout ce que la scène indépendante – et la ville de New York à elle seule – compte d’hybrides, de formules et de sonorités nouvelles. Leur patronyme à lui seul ressemble au titre d’un film des années 40. Leur chanteur élégant et guindé reconnaît s’inspirer de Elvis Presley, et leur son emprunte aux Sun Records ou de la country tout ce qu’il faut de piano droit et de guitares sorties d’amplis vintage… Sauf que ce groupe devrait logiquement être en passe de devenir un objet de culte, un modèle du rock indépendant qui le reste après dix ans d’existence, cinq excellents albums et quelques-uns des morceaux les plus classieux de la période. Un statut qui tient de leur longévité et de leur intégrité, au moment où beaucoup de groupes  remarqués ne sortent qu’un seul bon disque.


Vendant aujourd’hui leurs disques 2 dollars sur internet, et encore pour reverser l’argent à des causes honorables – la lutte contre le cancer – ils ont été guidés depuis le début par quelques principes musicaux et beaucoup de simplicité. Issus de la même ville, Washington , et de deux groupes distincts dont, pour trois d’entre eux, le presque tendance Jonathan Fire Eater,Walkmen en 2000. Ils débutent leurs répétition dans une ancienne usine de Harlem et enregistrent en analogique, peut-être sans ordinateur comme le préconise Jack White. Sur scène, lors de leur premier concert dans un pub de l’East Village, ils réussissent à caser un piano droit, un ampli basse énorme trois guitares et une batterie. Le succès qu’ils rencontrent les pousse à poursuivre l’aventure. Premier souhait : enterrer les sonorités rock banales de leurs anciens groupes, et, symboliquement les années 1990. ils forment les


C’est chose faite avec le premier album, Everyone Who Pretended to Like Me is GoneWalkmen vont pouvoir construire tranquillement ce qui va devenir Bows and Arrows (2004). Le single The Rat est une grosse surprise, personne ne croyait le groupe capable d’un morceau aussi nerveux et intense. Tout le disque est à l’avenant, encore plus cohérent et soigné que ne l’était leur premier jet. C’est le moment de la reconnaissance internationale – mais en Europe, il n’y a guerre que l’Angleterre pour s’y intéresser. (2002), dont la pochette était illustrée de cette fameuse photo de Robert Franck représentant un trio de gamins américains en train de se la jouer comme dans les films policiers. En plus de sonner de manière nouvelle, épurée, suspendue, nerveuse, ils révèlent un grand talent d’écriture et un esprit d’équipe sans faille, qui continue aujourd’hui malgré le fait qu’ils n’aient jamais vraiment pris de repos. Sur ce premier disque apprécié mais discret, le


En densifiant leur son, ils parviennent à changer tout en restant les mêmes, et A Hundred Miles Off (2006) est l’occasion de ralentir les tempos pour signifier que The Rat n’était qu’une diversion. Même s’il reste aujourd’hui le morceau qu’on leur demande le plus en concert, ils se sont rapidement montés un répertoire invraisemblable, dans lequel le son importe plus que les personnalités des membres du groupes. Même Hamilton Leithauser, le prodigieux vocaliste, semble tout donner à sa voix haute et fière. Qu’on leur demande leurs influences, elles sont éclectiques et ne reflètent pas l’unité presque conceptuelle qui fait la brillance de leur musique. Ce sont les Pogues, Roy Orbison, les Smiths, le Modern Lovers, The Cure ou Bruce Springsteen… Une diaspora mondiale qui opère comme un souvenir nostalgique lorsqu’il est temps pour eux de reprendre le chemin du studio.


You and Me (2008) est une belle preuve de leur générosité. Quinze morceaux impeccables, ce qui paraît tellement rare que le disque passionne dès la première écoute. On retrouve les sonorités délicieuses propres au groupe, et on revit l’exigence méthodique et chaque fois renouvelée du quintet. Les paroles sont plus personnelles, et plutôt que d’illustrer une tendance générale comme c’était le cas auparavant, elles sont le reflet d’un état méditatif. Si l’humeur bascule de la félicité à la blessure languissante, Leithauser rayonne d’une confiance qui donne à des baisses de tension un pouvoir régénérant. La batterie est parfois étouffée, comme un cœur paisible. La musique des Walkmen semble atteindre des sommets quand ils en font le moins, dans de précieux moments de flottement. Avec You and Me, le groupe peut prétendre avoir fait à sa manière le tour des sphères publiques et privées, avoir passé en revue les choses qui les touchaient plus ou moins intimement. Ils donnent alors déjà l’impression que l’ensemble de leurs disques a la même cohérence que les différents morceaux à l’intérieur de chacun de ces disques.


Il paraissait peu probable qu’ils ne mettraient, comme à leur habitude, que deux ans pour donner une suite à You and Me, étant donné le niveau de perfection lyrique qu’ils avaient atteint et la nécessité de renouveler leur inspiration. Pourtant, Lisbon, aussi bon que ce qu’ils ont produit jusque là, paraît en septembre 2010. Il a été écrit en partie lors de deux séjours passés dans la capitale portugaise. Un endroit où les New Yorkais n’auraient jamais pensé arrêter leur route. La nouveauté du lieu les a confortés à enregistrer un disque plus dépouillé, léger et vaporeux que ne l’était You and Me. En écoutant l’un, puis l’autre, on se dit que c’est Lisbon qui répond le mieux à l’image que l’on se fait du groupe – à travers Victory, As i Shovel the Snow ou encore le poignant final en forme d’hommage à une nation si différente de la leur.



mardi 14 septembre 2010

The Walkmen - Lisbon (2010)




Parutionseptembre 2010
LabelFat possum/Bella Union
GenreSurf rock, rock
A écouterJuveniles, Stranded, Victory
/107.50
Qualitéspoignant, lyrique, ensoleillé


Voir aussi la chronique de You and Me (2008)
Voir aussi le portrait des Walkmen

Avec Lisbon, les Walkmen pourraient bien avoir atteint leur destination. Un disque qui s’envole avec Juveniles et les mots “You're with someone else tomorrow night/ Doesn't matter to me/ 'Cause as the sun dies into the hill/ You got all I need” chantés sur une guitare languissante – pas vraiment heureuse, mais sans regret. A la fois léger et mélancolique, le jeu de cette guitare se marie parfaitement avec le timbre écorché de ce formidable chanteur qu’est Hamilton Leithauser. D’une justesse et d’une maîtrise parfaites, Juveniles annonce l’essence d’un groupe qui s’est enfin trouvé (au bout de la route, sur une terrasse ensoleillée), réchappant aux titres plus féroces qui ont fait leur reconnaissance – The Rat – pour trouver un état de félicité, de légèreté mais de profondeur, de grave insouciance. Réussissant à traiter le ressentiment de la manière la plus lumineuse qui soit ; invitant autour d’eux le souvenir de belles soirées, le reflet des rivages – de New York à Lisbonne, deux civilisations qui se font face, cherchant dans la contemplation des liens de cœur que le temps a laissés s’échapper…

La musique sur Lisbon a des accents anciens, presque désuets (si The National, leurs amis New-Yorkais, sont souvent évoqués en comparaison, c’est plutôt à Rod Stewart, à Dylan que font penser les Walkmen). Le chant de Leithauser qui évolue le plus souvent comme un instrument à part entière, incarnant ce mélange d’accablement et de douceur protectrice – il est tout à fait sûr de lui – c’est le paradoxe qui fait la marque de fabrique du groupe. Ajoutez à ça des tempos lents et des éclats de cymbales et de cuivres et vous aurez des morceaux tout à fait singuliers, qui vivent en osmose à l’intérieur du disque, mais souffriraient d’en être écartés. En son sein, ils profitent d’une alchimie qui n’apparait qu’après plusieurs écoutes. You and Me était en 2008 leur premier disque atmosphérique vraiment réussi, et encore fiévreux ; Lisbon est l’après-You and Me idéal, il s’enfonce plus avant dans le sentiment et la musique y devient complètement perméable, nourrie de cette fameuse expérience que beaucoup de groupe craignent. Les Walkmen ont un son parfaitement identifiable depuis leurs débuts discographiques en 2002, et pourtant aucun disque qui n’ait apporté une nouvelle couleur à leur tableau. C’est maintenant rougeoyant, comme la foin d’un cycle – pour repartir avec force et feu sur le prochain disque ? L’ art crée des cycles, et les Walkmen font de l’art.

Le virage entamé avec A Hundred Miles Off en 2006, qui annonçait des tempos plus lents et une instrumentation plus variée, se concrétise complètement sur un morceau comme Stranded, qui est choisi comme premier single – non parce que c’est le titre le plus frappant (Angela Surf City aurait mieux fonctionné de ce point de vue) – mais parce qu’il synthétise cette vision d’une pop qui évolue par touches successives, s’abreuve d’images et vous permet d’y voir ce que vous voulez. Ce n’est pas de l’imprécision, mais une certaine forme de partage, une invitation. Lorsque les cuivres fleurissent, c’est comme la séquence qui révèle lentement des objets imaginaires synonymes de bonheur. Les lignes de chant sont caressantes et magnifiques – Victory, While i Shovel the Snow (“Half of my life i’ve been watching, half of my life i’ve been waking up »). La douleur est perceptible sur All my Great Designs.

Parfois faussement hésitantes – le groupe est en parfaite maîtrise de ses moyens – les pièces décollent avec une lenteur qui les allège plutôt que de les alourdir (Blue as Your Blood). Les musiciens opèrent avec une retenue rare, alors qu’on le sait, ils ont une efficacité redoutable lorsqu’ils s’embrasent. Le morceau éponyme est un autre sommet de ce disque très écrit. On revient à Angela Surf City, avec son refrain que l’atmosphère réparatrice sur le disque peut à peine supporter : « You took the high road! I couldn't find you !”. Toute l’énergie contenue sur les autres morceaux, ils pourraient bien la lâcher au prochain disque.

mercredi 23 septembre 2009

The Walkmen - You and Me (2008)



Voir aussi la chronique de Lisbon (2010)
Voir aussi le portrait des Walkmen

Fantastique alchimie qui a conduit à cet excellent album qu’est You and Me. Le quatrième disque studio de ce groupe New-Yorkais est en effet une nouvelle confirmation de leurs talents, dans l’architecture flamboyante de morceaux à l’énergie fougueuse et aux guitares héritées du rock des origines. Bows and Arrows (2004) puis A Hundred Miles Off (2006) avaient déjà été particulièrement bien accueillis par la presse. Il devient urgent de s’intéresser à cette formation qui, en quête de perfection, ne cesse de s'en rapprocher, méthodiquement.


Les Walkmen sont responsables de chansons à l’efficacité presque fâcheuse pour leur carrière (ils ne revendiquent pas être une nouvelle formation de rock abrasif et rentre-dedans comme le suggère The Rat sur Bow and Arrows par exemple). Et si l’excellence leur nuit, apparemment, ils ne font rien pour améliorer cette réputation, puisque l’un des titres ici, In the New Year, est tout simplement l’un des meilleurs morceaux d’indépendant du nouveau siècle. Refrain inoubliable dû à une superbe mélodie, et la voix de Hamilton Leithauser qui prend une liberté rare.

Ce disque sophistiqué, flamboyant, calibré et varié n’a pas reçu l’attention qu’il méritait, chose hallucinante quand l’on sait le succès de formations comme les Shins ou les Strokes, pour ne citer qu’eux. On suppose que ce dédain est dû au manque d’agressivité commerciale du label Gigantic Music, et en France de sa branche Talitres Records (basé à Bordeaux). Mais c’est aussi sans doute inhérent à la discrétion particulière des musiciens, dont l’ambition n’est manifestement pas de vendre beaucoup de disques. Engagés dans un rythme de travail régulier (un album tous les deux ans), les Walkmen continuent tranquillement et patiemment de progresser, jusqu’au moment où, lassés d’autres rengaines, on avalera d’un seul trait tous les chapitres de leur discographie.


Au chant, Hamilton Leithauser a la voix puissante, aux accents Dylaniens, et dans ses cris évoque même le Roy Harper de Stormcock (1971) – un sommet dramatique. Furie de rythmes, de mélodies et d’instrumentations psychédéliques autant que de rock viscéral qui fait beaucoup avec peu (On The Water), les Walkmen ont la science de la belle ligne de chant, de la diversité, de la noirceur urbaine. Les inspirations rythmiques diverses, la variété des jeux de guitare semblent être celles d’un groupe qui veut tout embrasser. C’est ça, la ville ; se disperser pour mieux régner, multiplier les idées pleines de verve. Mais, d’un autre côté, un travail quasi-permanent à partir d'influences a permis aux Walkmen de donner à leur lyrisme quelques lieux communs – comme ces cuivres sur Red Moon.


Des morceaux intimistes au timbre étouffé qui évoluent en plages calmes (Long Time Ahead of Us, New Country) nous prouvent qu’a la manière d’une formation folk, les Walkmen travaillent à la précision de leur son, tentant au mieux d’offrir l’honnêteté – c’est une notion qui peut se retranscrire assez clairement en musique (écouter Caravan Girl) autant que le meilleur environnement pour son chanteur, très présent. Ils n’y a pas de règle qui préfigurerait la construction des morceaux.

Si One Hundred Miles Off s’avérait déjà particulièrement prometteur que ce soit au niveau des compositions ou de la production, You and Me embrasse plus large en diversifiant ses humeurs ; et le son, qui devient à la fois encore plus vaste et précis, est celui d’un groupe amené à jouer dans Central Park plutôt que dans le confinement d’une salle de concert. Jeu plein de souffle, traversé d’authenticité et de passion. Un plus : sur la vidéo pour In the New Year, on retrouve des images du Nosferatu de Murnau.


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