“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

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mardi 16 août 2011

William Elliott Whitmore - Field Songs (2011)





Parution : juillet 2011
Label : Anti-
Genre : Folk, Blues
A écouter : Bury Your Burdens in the Ground, Let’s do Something Impossible, No Feeling Any Pain

°
Qualités : lucide, vibrant

William Elliott Whitmore est un guitariste, banjoïste et chanteur entre folk et blues, travaillant dans un croissant fertile entre les rivières Mississippi et Des Moines, dans l’Iowa. Il travaille à la ferme familiale comme à sa musique, avec une conviction terrible, suffisante pour nous appeler à lui, pour se rendre magnétique sans artifices. Ecouter une fois son septième album, Field Songs, suffit pour obséder l’auditeur. A juste un peu plus de trente ans, et l’air de ces nouveaux hobos mainstream, Whitmore a la voix habitée, puissante et modulée, pleine d’une douleur authentique, capable de mener ses chansons dépouillées – généralement un peu de banjo et de percussion -, à partir de rien, vers une évidence dont on croyait seuls les esprits les plus aguerris capables. Cette voix se fait tour à tour convaincante, voir accusatrice, répondant à merveille à une simplicité musicale quasi-punitive. Whitmore se sert de sa voix pour structurer ses chansons, les ramassant dans des tableaux engagés. Un jeune homme qui sonne comme un vieux chanteur de gospel ayant vécu moult turpitudes, rien n’est laissé au hasard dans la musique de Whitmore, mais rien n’est non plus exagérément forcé.

Après plusieurs disques documentant la vie, la mort et les paysages de l’Amérique rurale, notamment le premier qu’il enregistra, Hymns for the Hopeless (2003), le musicien s’est attaqué à l’administration Bush avec Animals in the Dark (2009), utilisant le levier de l’histoire pour illustrer comment les américains se confrontent à la tyrannie. A première écoute, Field Songs semble revenir un peu en arrière, cultivant le souci de revenir aux fondamentaux, à la terre, vus depuis le porche de la ferme. Ne serait-ce que pour sa pochette et son titre, pour certains leitmotiv qui le parcourent - "much was lost when the West was won » - Field Songs pourrait être le disque le plus conservateur à paraître pour longtemps, mais il n’en est rien, apparemment. Structuré pour être écouté d’une seul trait, comme un manifeste radical et personnel, le disque comporte huit chansons – un peu plus de trente minutes – qui embrassent toujours plus large que ce qu’on peut imaginer. Elles en viennent à impliquer même l’auditeur.

Les textes de ce disque sont donc ce qu’il a de plus remarquable et unique. Quelques sentiments de demain guident Whitmore dans ce qui constitue une quête de vérité ; la compassion, l’empathie, la volonté d’indépendance et de liberté (après tout, il a les quatre lettres du mot "free" tatouées sur les doigts de sa main gauche) ; le refus, la résistance, la coopération collective. Ces sentiments sont pourtant souvent évoqués d’une façon qui peut les faire comprendre comme du conservatisme. Ainsi, sur Lay Your Burdens Down, Whitmore encourage l’auditeur à mettre à l’abri tout ce qui compte pour lui dans la vie, illustrant par son propre exemple les conséquences de ne pas le faire. “If you’ve got burdens don’t carry them/ just bury them in the ground/ If you’re hurting don’t worry I’ll try to be around,” Une chanson comme Let’s do Something Impossible ne laisse pourtant pas de doute idéologique : il y use de métaphores bien enracinées – la fuite de Theodore Cole d’Alcatraz – pour nous faire croire à une future révolution. La musique est pour Whitmore le moyen de transformer ses difficultés quotidiennes en messages pour le monde à venir. Cela demande plus que du courage : il est irrascible et têtu.

C’est toujours dans les termes d’une recherche de la plus grande liberté possible qu’il faut comprendre la fascination de Whitmore pour le travail. Il aime le travail, ayant compris qu’il s’agissait d’une forme de résistance ; comme jouer une musique à côté de laquelle beaucoup d’autres paraissent remplies de fastes et d’ornements inutiles est une autre forme de cette même résistance. Au contraire, sa musique ne parle que de se rendre utile de faire que chaque note soit porteuse d’un message concret. "We're gonna do some work, spend a day digging in the dirt," énonce t-il. L’enregistrement du disque lui-même ressemble au résultat de ses observations, après avoir effectivement passé une journée à creuser dans la boue. Aussi jeune qu’il soit, il semble faire partie de ceux qui ont pris leurs résolutions bien longtemps auparavant. “Hand me that hammer/hand me that saw », enjoint t-il, ayant décidé de montrer l’exemple de conforter son rôle comme une autre sorte de leader, dans un monde ou l’action l’emporte sur l’idéologie, où elle entraîne l’indépendance et les idées saines. “I’m gonna be build me a home I’m gonna build it with my hands/I’m gonna keep the rain off my head/I’m gonna keep the mosquitos from gettin’ fed” chante t-il sur Don’t Need it. Le travail est pour Whitmore une institution menacée. « Three square meals and a living wage, reminds me of the good old days” remarque t-il dans l’un de ces moments suffisamment provocateurs pour susciter la réflection. Elargissant toujours son propos, il explique sur Not Feeling Any Pain, qu’une nouvelle ère va apparaître quand le travail métaphorique et historique actuel sera terminé.




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