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samedi 13 août 2011

Gillian Welch - The Harrow and the Harvest (2011)


 

Parutionjuin 2011
LabelAcony Records
GenreBluegrass, Country, Americana
A écouterScarlet Town, The Way it Goes, Tennessee
/107.75
QualitésFéminin, sombre, soigné
La musique de Gillian Welch semble avoir été écrite il y a bien longtemps ; certains disent il y a cinquante ans, d’autres il y a un siècle. Ce qui frappe le plus, c’est qu’elle paraisse aussi simple et naturelle tout en ayant été, à l’évidence, longuement maturée, ne serait-ce que pour les huit années qui séparent The Harrow & the Harvest du précédent effort de Welch, Soul Journey (2003). Et pour l’assertion significative de la chanteuse, selon laquelle elle ne prendrait la direction du studio qu’une fois arrivée au bout d’une route émotionnelle, affectée au plus profond. Welch regrette parfois de n’avoir commencé sa carrière (effectivement en 1996 avec Revival) quelque trente ans plus tôt, cela pour dire à quel point elle tient au privilège de déchiffrer comme un livre ouvert cette « vieille et étrange Amérique », ce matériau qu’elle travaille longuement pour donner à ses chansons l’air d’avoir été reprises depuis de vieux manuscrits oubliés pendant longtemps. Plus très jeune, elle sert aujourd’hui de passeuse entre les anciens et les nouveaux ménestrels – un rôle pour lequel elle a été reconnue et récompensée après avoir produit la bande originale du film des frères Coen O’Brother, Where Art Thou ? Elle fait partie de ces musiciens qui peuvent donner au terme d’‘archaïque’ la meilleure connotation, et la donner à des pièces qu’ils ont écrites dans les derniers mois écoulés sans qu’aucune sensation d’anachronisme ne se fasse sentir. Dans le même temps, ses disques consciencieux peuvent s’avérer difficiles.
 

Time (The Revelator) (2001) a marqué la décennie précédente, et le bluegrass moderne par la plénitude qui s’en dégageait ; The Harrow & the Harvest reprend là où celui-ci s’était arrêté – c'est-à-dire au terme d’une chanson formidablement épique, I Dream a Highway – en restaure la pureté, la clarté, l’idée presque effrontée de faire aussi traditionnel que possible, oubliant un peu les largesses de Soul Journey. Le traditionnel est une arme émotionnelle rare entre les mains de Welch, accompagnée au banjo et au chant, comme à l’accoutumée, de son compagnon Dave Rawlings, auteur en 2010 du très bon A Friend of a Friend sous le pseudonyme de Dave Rawlings Machine. Plusieurs astuces sous-tendent le travail du couple, et l’un d’elles leur vient d’une passion fondamentale pour Neil Young ; Rawlings reprenait Cortez the Killer pour un résultat bouleversant sur son propre disque ; difficile, ici, de ne pas penser à On the Beach (1974), peut-être le meilleur album de l’icône canadien, en écoutant The Way it Will Be. La tonalité sombre, voire sordide de On the Beach est souvent présente sur The Harrow & The Harvest. Une pesanteur quasi-claustrophobe, et une collection de chansons à l’humeur très peu variée, c’est ce qui se dégage, au-delà du contrôle effectué par Welch, de ce disque ; c’est son caractère le plus marquant.

La tradition est d’abord un sentiment ; la bluegrass, la country, sont une langueur. De la même façon qu’être intemporel ne signifie pas seulement faire l’aller-retour entre l’ancien et le moderne – ce que Gillian Welch fait pourtant avec une aise et une grâce propres – la langueur contenue dans cette musique a tant de délicieuses dimensions que le chemin le plus court est toujours de les faire passer pour de la nostalgie. Dans la musique de Welch cette nostalgie nait d’harmonies immédiatement reconnaissables (Dark Turn of Mind, Tennessee…) des méditations virtuoses du banjo de Rawlings (Scarlet Town…) et des nuances de sa voix, entre tristesse et félicité lorsqu’elle forme ses lents refrains. La seule trame musicale s’enfonce en spirales bouleversantes dans un sol durci par les ans. Mais plus que tout, c’est dans le sens de ses mots que repose la raison de sa musique. A partir de la description de son être comme étant « on the dark side of a hollow hill » elle peut se permettre toute exploration, toute audace, tout ralentissement, regarder le temps passer du côté éclairé de son tertre. Sur The Harrow & the Harvest, Welch raconte toutes les altérations les plus adultes, de la fausse légèreté (“Some girls are bright as the morning, some girls are blessed with a dark turn of mind”) à la mortification quasi-tétanisante, sur Scarlet Town par exemple. Plus difficile est cette lassitude manifeste, lorsqu’elle raconte la chute de personnages qui n’ont jamais cherché à fonctionner normalement. « Peggy Johnson bought the farm, put a needle in her arm / That’s the way that it goes, that’s the way” Pour le meilleur et pour le pire, tout semble déjà en place avant que les chansons ne prennent leur forme finale ; l’interprétation de Rawlings apporte quand à elle sa propre nuance, quand sa voix n’est pas réduite à celle d’un spectre.






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