“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

samedi 26 juin 2010

Julian Casablancas - Phrazes For the Young



Ce poseur de Julian Casablancas. Rien qu’à voir la pochette de Phrazes For the Young, on voit bien qu’il nous emmerde. Il s’est toujours bien moqué de nous. Au moins un peu. Les Strokes ne faisaient t-ils pas de la pop, en réalité ? De la pop plutôt cool, certes, nourrie de l’attitude désinvolte au possible de Lou Reed. Une belle tranche d’Amérique, de ces types surgis de nulle part qui n’ont d’autre but que d’asservir leur public avant de se transformer, avec une adresse insoupçonnée, en figures mythiques et respectées – j’ai cité Iggy Pop ou l’insupportable Reed. Croire que les Strokes étaient là tout pour nous, qu’ils étaient à cent pour cent croyants dans ce qu’ils faisaient, c’est oublier que Lou Reed, leur modèle, a toujours emmerdé royalement à peu près toute vie sur terre. Lou Reed ne faisait pas de la pop, bien au contraire. Casablancas est assez surfait d’attitude pour que voie derrière sa pop une supercherie. Et il y a derrière le cuir de Is This It (2001) un peu du shiny leather emprunté à Venus in Furs, chanson du Velvet Underground (donc Lou Reed), non ? Ce côté à la fois classieux, kitsch et vaguement S.M. existe dans les Strokes et dans Phrazes For the Young – dont le titre est inspiré d’un texte de l’écrivain anglais et dandy Oscar Wilde, Phrases and Philosophies for the Use of the Young. Et si Oscar Wilde était un dandy, c’était aussi un peu Warhol, qui produisit le Velvet.

Mais évitons plutôt cette théorie, car il est plus sûr que Casablancas veuille seulement s’amuser. Quand il se met à mélanger les genres, dans le clip pour le morceau 11th Dimension, il laisse prédominer un genre de science-fiction urbaine, sans surprise, qui ressemble encore à une grande moquerie kitsch, d’autant plus qu’à première vue le groupe qui s’exécute ici est un peu l’équivalent celui qui fit le Sally Can’t Dance (1974) de Reed – alors que le principal intéressé n’avait qu’enregistré ses parties vocales. Oui, la production, les claviers, tout paraît poussé à une extrémité pop terrible et insoupçonnée. Mention spéciale au solo sur ce même 11th Dimension – le pire moment du disque. Et les guitares, qui ont été décoratives chez les Strokes, de finir par nous rassurer, de jouer les repères aux côtés de tout le reste. Les introductions des morceaux, leur longueur, font l’excentricité musicale de ce disque finalement assez riche en rebondissements. (Cinq morceaux sur huit dépassent les cinq minutes – c’est le genre de détail que je cite rarement, mais ici j’ai l’impression que la musique s’estime au poids, pour rendre service à Casablancas et faire honneur à sa superbe). Le Casablancas en solo ne manque pas d’atours ; Phrazes For the Young est un peu trop brillant, comme le cuir de bottes que d’autres lècheront, mais c’est un bon disque. Et s’il est probable que son concepteur ne deviendra jamais une figure proprement mythique, il n’a jamais non plus cherché à asservir personne.

Casablancas avait 22 ans au moment de Is This It, et 31 aujourd’hui. Il a trouvé une sorte de sagesse assez particulière, celle des ados devenus trop vites responsables, et dont l’argent arrivant à flot nécéssite de savoir prendre des décisions rapides et efficaces. Comme Alex Turner des Arctic Monkeys, un peu leurs alter-egos anglais, le jeune homme est assez souple pour rebondir. Il en faut de l’énergie et de la confiance pour se lancer dans une carrière en solo lorsque l’on est issu d’une équipe indéfectible comme les Strokes. Comme Turner et sa bande au moment de Humbug (2009), il est assez bon pour intéresser entre temps Josh Homme, des Queens of the Stone Age – au moins le temps d’enregitrer les cœurs pour Sick, Sick Sick, single sur Era Vulgaris (2007). Il fait aussi de la basse avec Albert Hammond, Jr ou collabore avec Danger Mouse et Sparklehorse, entre autres. Mais la sagesse n’est pas seulement l’expérience ; il y a quelque chose d’impalpable dans la nouvelle sensibilité de Casablancas, qui dépasse heureusement toutes les textures synthétiques et les choix esthétiques assumés sur Phrazes For the Young. 11th Dimension, par exemple, ressemble à une fable après le succès de son propre groupe : « don’t you dare get to the top and not know what to do », méfie-toi de ne pas savoir que faire une fois arrivé au sommet. Le groupe qui l’accompagne laisse songeur – à certains moments, le jeune prodige semble ne pas être à sa place. Mais Phrazes For the Young est un disque de chansons, et l’honnêteté triomphe.

  • Parution : octobre 2009
  • Label : Cult Records
  • Producteur : Jason Lader
  • Genre : Rock alternatif, pop, Synth pop
  • A écouter : 11th Dimension, River of Brakelights, Out of the Blue

  • Note : 6.25 /10
  • Qualités : ludique

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...