Parution | mai 2011 |
Label | Stax |
Genre | Rock, soul |
A écouter | Man in Motion, Everyday Will be Like a Holiday, Your Wildest Dreams |
° | |
Qualités | rétro, soigné, sensible |
« Man In Motion retourne plus loin dans mes racines et exploite mon amour de la soul et du blues. J'ai commencé à chanter à sept ans sur des trucs comme James Brown, The Temptations ou Otis Redding. Je ne suis tombé dans le rock que des années plus tard. Et puis les grands guitaristes de blues ont également fait beaucoup pour moi. J'ai voulu mélanger tout ça et vous le présenter sur Man In Motion.» commentait Warren Haynes, interrogé sur guitariste.com. Véritable tour de force, Man in Motion retourne au berceau de ses influences tout en ouvrant une nouvelle ère pour le musicien, actif depuis le début des années 1980. Cet album lui permet peut-être de gagner un nouveau public.
En trente ans, Haynes prête beaucoup son talent, concrétise de nombreux projets, et reste fidèle aux sudistes Allman Brothers Band, parfois qualifiés de ‘groupe le plus influent d’Amérique' pendant la première moitié des années 1970. L’histoire de Warren Haynes est celle d’une fusion des générations, d’une volonté de faire lien ; il n’était même pas sorti de l’école que certains de ses collaborateurs les mieux connus étaient déjà au sommet de leur gloire. Haynes vit ancré dans la tradition, et joue pour rendre hommage avant tout. « Les musiciens de la Nouvelle-Orléans ont une manière que tu ne retrouves pas chez les autres. Cela tient peut-être au fait qu’ils ont grandi immergés dans cet immense héritages musical, que nous autres ne faisons qu’étudier. » expliquera t-il dans Soul Bag. Sorti en 1993, Tales of the Ordinary Madness était ce que Warren Haynes avait fait de mieux jusque-là ; privilégiant les compositions originales plutôt que les reprises, il prouvait que son talent d’auteur compositeur de chansons marquantes était à la hauteur de sa réputation de guitariste au jeu enflammé, baigné dans la tradition blues et le rock sudiste.
Man in Motion est un long album dont les chansons épiques se nourrissent d’improvisations funky amenées par quelques légendes. Exactement comme Haynes joue le maillon d’une chaîne dans l’histoire du rock américain, il occupe au sein du groupe luxueux qui porte son propre nom une place en intelligence. « La fait qu’il y ait deux claviers qui jouent en même temps à côté de moi m’a forcé à jouer différemment. IL y a tout au long du disque une conversation entre les deux claviers, Ivan Neville à gauche à l’orgue et au clavinet, et Ian MacLagan à droite au piano et au wurlitzer. Il a donc fallu que je trouve ma juste place au sein de cette conversation ! L’erreur aurait consisté à leur demander à eux de s’organiser autour de ce que je faisais. » Ainsi, Haynes ne s’illustre qu’avec parcimonie, n’hésitant pas à laisser le beau rôle au saxophone de Ron Holloway.
Warren Haynes est dans une démarche ouverte, et il est en outre capable de visionner avec une meilleure justesse qu’auparavant ce qui fait une bonne chanson. Il tire sa force de l’humilité, du recueillement ; et n’a pas à forcer pour que le groupe groove positivement. Se crée une trame funky et généreuse qui fait mieux qu’établir une communication entre les musiciens, mais déploie un feeling authentique auquel la sensibilité des mots répond parfaitement. Première chanson sur la deuxième face du vinyle, On a Real Lonely Night possède le groove d’une tuerie des Neville Brothers. L’émancipation émotionnelle de Haynes passe aussi par la voix. Avant d’être guitariste, il voulait être chanteur de soul. Man in Motion lui en donne les moyens pleins et entiers, notamment sur A Friend to You ou Your Wildest Dreams, un timbre puissant et le saxophone. Les chansons sont émotionnellement chargées, mais pleines de sonorités claires ; leur liberté se manifeste en solos et parties improvisées, qui nous ramènent à l’héritage néo-orléanais.
On sent qu’il a souhaite faire de Man in Motion un réponse, presque vingt ans plus tard, à Tales of the Ordinary Madness - un disque attaché à raconter l’histoire de son apprentissage technique et émotionnel, un album que lui seul pouvait faire. A travers sa passion, c’est le pouvoir réparateur de la musique qu’il célèbre dans ses chansons chaleureuses.
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