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James Vincent MCMORROW

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lundi 19 décembre 2011

Cass McCombs - Artiste de l'année (1)


La lettre volée

Cass McCombs tente de persuader son interlocuteur quant à la teneur humoristique de ses deux derniers albums, Wit’s End et Humor Risk (parus respectivement début et fin 2011). Il insinue qu’il s’agit d’un humour furtif, qui va et vient librement, des limbes à son cœur, et inversement. Ils existent, dans l'humeur dévastée de ces disques, les jeux légers d’allers-retours sensuels d’un esprit vagabond.
L’interviewer reste sceptique ; le jeune homme de trente-quatre ans n’a accepté cet entretien qu’à contrecœur, et ne cesse de laisser entendre à quel point il lui est désagréable de se confier de la sorte. Il préfère répondre aux journalistes en leur rédigeant des lettres qu’il envoie par la poste. Bien sûr, ce système lui permet d’éviter d’aborder les sujets qui ne l’intéressent pas. Mais finalement, il s’y confie davantage qu’on ne pourrait l’imaginer, donnant parfois, à chaud, des clefs sur la perception qu’il a de sa propre musique. « Pour moi", explique t-il dans une lettre adressée à Margaret Wappler du Los Angeles Times, "County Line est une simple chanson de rythm & blues. J’aimerais qu’un vrai chanteur puisse se l’approprier, cela m’éviterait d’avoir encore à entendre encore ma voix de blanc-bec dessus. » On aimerait qu’il se confie davantage, car on sent qu’il est capable de percevoir ses chansons avec suffisamment de simplicité pour rendre ses analyses aussi poignantes que les textes eux-mêmes. Devant l’une de ces lettres, il y a toujours cette sensation qu’on ne devrait pas être en train de lire, que c’est un document subtilisé.

Dans ses courriers, McCombs réexplore ainsi à loisir les liens qui l’attachent à ce qu’il écrit. Mais c’est aux autres qu’il convient de replacer cette musique particulière dans le contexte de son époque, de faire remarquer à quel point elle est originale et personnelle aussi bien que d’y saisir des liens avec des influences. Au premier rang desquelles le Neil Young du début des années 1970, qui est presque la seule chose que PJ Harvey écoute depuis un an, pour cette émotion qui nourrit l’âme. McCombs recherche les explications à l’extérieur, chez les autres, dans la toile de fond de sa région Californienne, là où il est aller trouver son inspiration, pendant qu’on essaie au contraire de tout expliquer en concentrant notre attention sur lui.

County Line, la première chanson sur Wit’s End, est une ballade interprétée aux piano Rhodes. Elle a terrassé même John Grant du fait de sa beauté. « Je suis en train d’écrire mon prochain album », explique, fin 2011, le musicien à l’origine de la plus belle réussite de 2010, Queen of Denmark. « Et je veux me retrouver dans le même royaume de beauté que Cass McCombs, donc je suis un peu effrayé à l’idée de trop écouter Wit’s End. »
McCombs ne se résout donc à expliquer sa musique que depuis chez lui, seul à seul avec lui-même, et semble préférer coucher sur le papier ses réflexions sur son art plutôt que des les énoncer de vive voix. Une de ses récentes exigences, étonnantes au premier abord mais pas tant que cela lorsqu’on y réfléchit, c’est de préférer que ce soient des femmes qui conduisent les interviews. Cela devait lui permettre d’être dans une position où il s’ouvrirait davantage, où il parlerait plus librement. Pour le journaliste qui a reçu cette requête, c’était une première.

McCombs recherche les explications à l’extérieur, chez les autres, dans la toile de fond de sa région Californienne, là où il est aller trouver son inspiration, pendant qu’on essaie au contraire de tout expliquer en concentrant notre attention sur lui.


Comme Kurt Vile, Cass McCombs sait construire des morceaux qui, bien qu’ils reposent sur des bases apparemment surannées, gagnent en indépendance, en différence, au fil des écoutes, quand une résolution, une attitude, une façon de jouer leur donne, lentement, un caractère. Les deux musiciens sont pourtant bien différents. Kurt Vile a tendance à centrer l’attention sur lui-même. Smoke Ring For My Halo (2011) est excellent, mais feriez-vous entièrement confiance à un type qui appelle ses albums Constant Hitmaker, Childish Prodigy ou qui parle de son « aura entourée de fumée » ? Une chanson telle que Society is my Friend (sur Smoke Ring…) et cette phrase « Society is my friend/It makes me lie down/In a cool blood bath » aurait cependant pu être écrite par McCombs.
Ariel Pink, un autre jeune expérimentateur pop de San Francisco, a essayé de cerner la personnalité de McCombs. « Quelqu’un de sérieux. Il ne parle pas fort mais vous pouvez deviner qu’il a un tempérament. » Et d’ajouter : « C’est un songwriter honnête, dédié, dans une époque irréfléchie. C’est un bon poète avec une voix vagabondante et belle. C’est ce que les gens recherchent dans la musique, n’est-ce pas ? » On sent que cette question est tentée d’optimisme.



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