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mercredi 2 novembre 2011

Amon Tobin - ISAM (2011)


Parution : mai 2011
Label : Ninja Tune
Genre : Musique électronique, Expérimental
A écouter : Journeyman, Goto 10, Lost & Found

°
Qualités : original, ludique, soigné

Le montréalais Amon Tobin se dirige vers un endroit inexploré de la musique électronique, offrant à écouter avec ISAM le résultat de ses recherches sonores incessantes. L’ordre d’ici, rare pour de la musique, est celui de la nature ; en son sein, chaque élément entretient une multitude de relations, dans un environnement proche, puis un peu plus lointain et ainsi de suite, jusqu’à former cet « ordre naturel » qu’on ne peut cerner qu’en étudiant longtemps certains des éléments dominants qui le composent. On s’attache aux formes les plus remarquables, et Tobin, en liant l’artisanat de l’échantillon sonore à celui de la synthèse sonore, en a façonnées quelques-unes pour sa collection.

Car il s’agit bien d’une collection particulière. Tobin a fait un énorme travail pour susciter, puis pour identifier et reproduire certaines sonorités. S’inspirant de son expérience de capture de sons d’ambiance, il a reproduit la perméabilité, l’interaction de ces sons en les tirant de son imagination. Ce sont des frétillements, des craquements, des glissements, et quelques beats qui rappellent de l’héritage dubstep de l’ensemble. Il y a ces fameux frémissements d’ailes, sans doute l’une des marques de fabrique de l’artiste. Il fait ainsi preuve d’une fascination pour les sons isolés qui s’unissent et produisent un moment de vie, nous propulsent tout simplement au cœur des évocations de cette nature de synthèse. L’effet seulement est d’une grande simplicité ; les mécanismes déclenchés pour y parvenir sont complexes. Moins complexes que les systèmes naturels, mais suffisamment pour flatter l’oreille humaine.

ISAM est ainsi un disque assez abstrait, mais dont la musique, d’une qualité sonore exceptionnelle, tridimensionnelle, est capable de surgir, ses éléments revêtant un pouvoir d’attraction, de séduction même, décuplé, comme sous une lentille de microscope. C’est un musique très dense, qui ne laisse jamais en attente, mais demande au contraire une attention de tous les instants, et des écoutes répétées. Comment assimiler Journeyman, le morceau d’ouverture par exemple ? Il faudra l’étudier, avec une minutie rare et un plaisir certain. Un tel morceau montre bien à quel point Tobin ne semble vouloir de mélodies que comme des plaisirs coupables, inattendus. On ne les attend pas ; Tobin fait croire à l’auditeur qu’il tente quelque chose, qu’il accomplit une improbable transition, et que son disque lui-même n’est qu’un travail inachevé. Goto 10, dont la structure est plus familière (on pense à Autechre), prouve que ce n’est pas le cas, mais que Tobin s’autorise la disparité par goût. Ce que l’on aura entendu jusqu’à Calculate, est très cohérent. Lost & Found domine aussi cet ensemble pluriel.

Il faut y retourner pour en saisir les arrêts, les nouvelles directions prises, les pauses, les ralentis, qui rarement s’acheminent vers un modèle spécifique. Et les plongeons, tels ce Dropped From the Sky en final, décontracté, sur lequel Tobin assume clairement le simple plaisir d’enregistrer les sons qui lui plaisent le plus – les voix de synthèse sur ce titre sont le péché mignon de l’album.

ISAM est des plus divertissants et originaux, sans que le genre ‘électronique’ ne soit particulièrement important à revendiquer. Le disque incite d’ailleurs à se mettre à la place de Tobin, qui, à ce stade de sa carrière, une quinzaine d’années après ses débuts et alors que sa trilogie fondatrice Bricolage (1997), Permutation et Supermodified (2000), se libère de sa dépendance à un genre musical et aux techniques, telles l’échantillonnage, que les années ont rendues bien traditionnelles. Foley Room (2007) son précédent album, tentait de lier une musique « purement basée sur la sculpture sonore" et "des morceaux capables de provoquer l’émotion physiquement chez les gens ». C’est six mois de travail pour apprendre à utiliser un nouveau logiciel. Le talent particulier de Tobin est de faire de cet objectif très ambitieux un plan de carrière plus que valable. Il s’est mis, entrainé par le label renommé Ninja Tune, à récolter un beau succès.

Sur Foley Room déjà, les meilleurs morceaux étaient aussi les plus aventureux : Horsefish ou Big Fury Head, parce qu’ils parvenaient à nous faire oublier la démarche progressive de Tobin pour simplement subjuguer. Il est parfois difficile de définir quels nouveaux territoires ISAM explore, mais il semble que sur les plan des émotions, c’est une nouvelle félicité qui est exprimée, notamment dans le dernier tiers de l’album, moins déconstruit, et un morceau comme Bedtime Stories. Les étranges expérimentations de Tobin sur le territoire vocal, par lesquelles il change de genre, ne sont pas les moments les plus convaincants mais ajoutent à la contemplation, brisée et reconstruite, qui s’installe peu à peu sur le disque.

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