Cet album est vraiment foutraque et pas toujours du meilleur goût, mais il a le mérite de proposer une alternative à l’« Academy » du rock anglais, sans qu’il se refuse à emprunter à Franz Ferdinand (honorable volonté de créer un peu de mouvement sur la piste de danse) ou à Archive (à l’image du dernier titre, beaucoup plus casse gueule, et de This Light). Et s’il s’inspire encore des Strokes ou de Arcade Fire (Take It Easy et sa voix plus empruntée qu’entêtante), par exemple, on pense à Deus pour le désir d’expérimentation et cette propension à emboîter les atmosphères et les saveurs, clairement moins maitrisé ici, ou encore à Venus pour la candeur et le lyrisme des textes. Leurs compagnons en Belgique, mais pas que cela ; car l’univers de ces trois groupes se fait étrangement écho. Dans cette simplicité d’esprit qui, à la longue, finit par payer, à force de persévérance. D’une certaine maladresse charmante aussi. Attention de ne pas avaler de travers lorsque Je t’attendrai arrivera, qui plus est suivie par Birds In My Head. Alors, qu’est-ce qu’on y trouve ? Des volutes impétueuses de clavier, basse gonflée, des vocodeurs, des flopées de guitare sur quatre temps pour l’émotion ou le rythme et quelques notes de piano. Une musique pleine de non-lieux, moins efficace qu’elle n’en a l’air. Fabriqué et artificiel, mais quand même différent car naïf. Espérons qu’ils évoluent encore et que le prochain album sera plus convaincant.
- Parution : 2009
- A écouter : The End Of The World, Mirror Mirror
Venus – The Red Room
Venus, ce n’est pas Beautiful Day tout les jours. Derrière cette façade encombrante que le groupe peine à évacuer, il y a une vraie personnalité, déchirée, prompte à une plongée en abysses et accompagnée pour le voyage d’un violon et de guitares jouant dans les infra-sons. A ne pas écouter en MP3, donc. Cet album est le chef d’œuvre du groupe, l’album que l’on pouvait attendre après dix ans de carrière, mais cependant pas excellent au point de présager la disparition du groupe. Ainsi, lorsque son leader annonce la fin de l’aventure un peu plus tard, on reste un peu sur sa faim. Sur cette galette, on retrouve des morceaux naturellement fait pour tourner dans la tête ; Who the Fuck Gave You This Invitation ? ou Love and Loss, ; d’autres qui s’y feront une place non sans en racler les parois, en cherchant à s’échapper ; Everybody Wants To Be Loved, Everything That Rises Must Converge ou The Red Room ; de vrais morceaux d’indulgence, Mothers Voice, The Northern Cross ou I Spoke Too Soon ; et enfin, les compositions durables, et qui transcendent le genre de ce qu’on appellera l’anti Academy-anglaise, ou comment chanter en anglais et jouer du rock sans que cela ressemble à Oasis, à Blur, etc. et même pas à Radiohead. Dans cette catégorie, c’est Poison qui remporte toute ma considération. Mais il est vrai que les violons en picking sur Everybody Wants… , le chant parlé sur Love And Loss ou le brusque changement de tempo sur I Spoke Too Soon (sommet lyrique de l’album). Un groupe particulièrement savoureux en live, comme j’ai pu l’apprécier en 2006 en ouverture des Eurockéennes de Belfort…
- A écouter : Love and Loss, I Spoke Too Soon, Poison
- Label : Tôt ou Tard
- Parution : 2006
Deus – Vantage Point
La musique de ce groupe de référence a toujours été une musique mutante. Un mélange de goûts souvent très adroit qui donne des morceaux lyriques, sinueux et captivants. Avec cette voix qui, comme la musique, n’est pas aussi inoffensive qu’elle n’en a l’air ; la colère de Barman, le vocaliste de la formation, est parfois prête d’éclater. Mais toujours retenue, avec élégance. Ambiances feutrées, sombres ou parfois, au contraire lumineuses et pop. In a Bar, Under the Sea et surtout The Ideal Crash, sorti en 1999 sont les pics d’une discographie vouée aux mélanges. Ensuite, il y a eu Pocket Révolution, qui s’est avéré être en quelque sorte une redite de The Ideal Crash, mais avec des morceaux moins alambiqués. Aujourd’hui, il semble que le groupe soit à la recherche d’une nouvelle voie…peu évidente. Surproduit, plein de sauts d’humeur, de claviers et de chœurs désolants, ce dernier disque laisse sceptique. Deux morceaux à l’ambiance complètement différente se détachent ; Eternal Woman, balade pleine de verve et de mélancolie, et The Architect, dancer très surprenant pour le groupe, preuve de ses aspirations à évoluer. Pour le reste on retrouve les éléments des précédents albums, arrangés avec toujours beaucoup d’idées, mais pas souvent de bon goût.
- A écouter : Eternal Woman, The Architect.
- …et sur The Ideal Crash : One Advice, Space ; Instant Street
- Parution : 2008
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