Les chroniques qui disent I Blame You… Selon moi, il faut dire I BLAME YOU, en capitales, parce que rien que le titre tient de la déclamation haineuse liée à la paranoïa d’une trahison ! Cet album est le rejeton garage US de l’année, et pourquoi pas le premier album vraiment rock de 2009. Une piqure de rappel qui évoque clairement le psyché américain, Wire et Iggy Pop, mais pas seulement.
Cependant, il vrai, je dois le concéder, I BLAME YOU est sans objectif. Une review du net disait d’ailleurs que le quatrième morceau, Two-Headed Coin, n’allait nulle part, et que déjà c’en était fini pour l’intérêt que l’on pouvait porter à cet album. Pour ce qui est d’aller nulle part, c’est exactement ça ! Mais ce n’est pour autant que vous serez, par la suite, en mesure de regagner votre sang froid habituel, et de glisser Raw Power dans votre chaine après un soupir très significatif quant à votre désespoir face au déclin programmé de la musique populaire, et surtout de celle que vous aimez : le punk. Comme s’il y avait eu une heure de gloire digne de ce nom. Arrêtez de prendre ça trop au sérieux et écoutez donc ce disque des Obits. Mais d’abord, dites, pourquoi devrait t-on exiger d’un groupe garage/punk/post punk qu’ils aient un autre but que celui de dresser des ébauches rapides, débauches sonores davantage que compositions, des coups de poing dans la gueule du mélomane qui a presque religieusement mis son #"%* de disque sur la platine. Des morceaux qui explosent à nouveau nos oreilles à chaque nouvelle écoute incrédule et qu’on oublie aussitôt, à quelques exceptions près ? Et après quelques écoutes, ici, l’exception pourrait bien être la règle. La musique de ce genre de groupe est une musique de transition, un exutoire, un simple éclat aux paroles empoisonnées qu’on écoute en étant heureux devant notre aliénation naissante.
Ces morceaux ne sont pas toujours assez solides pour paraître évidents, mais la conviction y est plus que la mesure, empruntée au passé et au préexistant. D’où le terme "piqure de rappel". La matière psychédélique se greffe aux riffs Stoogiens, et donne l’impression que ces débraillages de trois minutes pourraient durer, hors disque, bien plus longtemps. On évite de justesse les outros chaotiques et les embardées en roues libres. De tout ce que je viens de dire, morceaux sans but et tournoiements de guitares potentiellement sans fin, Queens Of The Stone Age s’en est fait la spécialité. Era Vulgaris, deux ans déjà, illustre parfaitement ça. Alors passons au chant, afin de voir si le vocaliste des Obits se mesure au géant Homme. Rick Froberg, comme front man, sait à lui seul communiquer l’urgence, genre c’est maintenant que tout se passe et après j’aurai la voix cassée et il ne restera que des guitares brisées et des amplis cramés pour vous tenir compagnie. Cette voix est parfaite pour le rôle, assez intense pour marquer l’instant, cristalliser l’émotion en une fraction de seconde et la briser aussitôt. C’est un véritable cri du cœur, et très juste de surcroit. Remarquable à chaque apparition. De son côté, la basse pilonne ; écoutez Sud pour voir. Si la voix est l’accroche, la basse est le levier par lequel on entre vraiment dans le truc. La basse pose un peu le jeu, contient l’énergie qui autrement s’échapperait comme d’un ballon en train de se dégonfler. En gros, elle joue LE rôle qui devrait être le sien dans tout groupe de rock.
La production est impeccable, la répartition des instruments exploite au mieux la stéréo ; contrairement à ce que pourrait faire croire la petite phrase d'avertissement de la pochette Xtra Compressed for Maximum Listener Fatigue. Ce partage donne l’occasion aux deux solistes de se répondre, de droite à gauche, d’une manière bien foutraque. On est décidément assez loin d’un groupe low-fi, même si le chant sur Run m’évoquait, personnellement, Pete(r) Doherty. Bonne production, son excellent ; encore comme les Queens Of... Il semble que Josh a trouvé de nouveaux (?) amis pour ses fameuses Désert Sessions. Et ce que laisse présager la suite… Un fantôme, en particulier va et vient dans cette musique expédiée ; celui de Syd Barrett, invoqué à plusieurs reprises, notamment sur le premier morceau, Widow of My Dreams, qui évoque Lucifer Sam du premier album du Floyd, ou Milk Cow Blues qui ne résiste pas à la tentation de faire sonner ses guitares comme sur Interstellar Overdrive. Sub Pop a encore un groupe fortement enjoyable et à son catalogue, un de plus. Et en vinyle, c'est encore mieux.
On peut seulement regretter un Run chanté par le guitariste, et un morceau-titre trop court. Ce sera peut être l’affaire des concerts que de l’étoffer.
Parution : Mars 2009
Label : Sub Pop
Genre : Rock, garage
Genre : Rock, garage
A écouter : Widow Of My Dreams, Two-Headed Coin, Fake Kinkake, Light Sweet Crude
6.50/10
Qualités : spontané, efficace
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