Après une tournée internationale de longue haleine, ce qui devait être une simple collaboration au nouveau film My Own Love Song de Olivier Dahan, réalisateur de La Môme, devient un album complètement inattendu.
On ne peut parler de Dylan qu'en faisait référence à Dylan ; à sa vie, ses films, ses albums. Lorsque Bob Dylan revient, il y a toujours la sensation que le principal moteur de la création, pour lui, est la désinvolture. Il peut aller où il veut, sans par ailleurs bouger de son Basement ni faire inutilement mine d’efforts insurmontables. Il ne revient jamais de loin ; il est là, au coin de la rue ; là où on l’avait laissé, juste prêt à prouver qu'il n'a pas dit son dernier mot, heureusement pour nous. Reprenant à l’envi des bouts de rythmes de rock fifties et de ryhm and blues par-ci, des mélodies bluesy par là, et ailleurs des résultats de ses propres expériences. Preuve de son immense culture musicale, la tenue de l’ensemble doit beaucoup aux musiciens se trouvant au bon endroit au bon moment, c'est-à-dire de passage lorsque Dylan a l’idée, routinière à présent, d’enregistrer un nouvel album.
Bob Dylan s’est défendu du succès en disant qu’il ne faisait qu’écrire des chansons et les mettre en musique. Quand je pense qu’il y tant de manières de mettre les chansons en musique, il s'agit pour lui de trouver la seule, celle qui transforme un texte en œuvre mélodique prompte à traverser le temps. Ou peut être à rattraper le temps, toujours le même, celui des groupes qui faisaient vibrer en évoquant la liberté, l'amour, l'égalité. Cet album est une occasion de Dylan de se pencher sur sa vie passée, lié à sa musique, lié à ses auditeurs et à ses admirateurs (comme le suggère le titre).
Pour l’occasion, la musique est superbement inspirée, authentique et vibrante. L’accordéon, notamment, juste assez trainant et insouciant sur If You Ever Go To Houston pour que le morceau semble avoir toujours existé, tel Dylan lui-même. Et cette voix… Elle a vieilli mais n’en est que meilleure, avec ce timbre nasal qui donne à chaque intervention juste la bonne quantité d’attitude et d’ouverture, juste le cran pour chanter l’amour de manière universelle.
Moins académique peut être que son précédent album, Modern Times (2006), ce nouvel effort n’hésite pas à nous surprendre dès le deuxième morceau, Life Is hard, dépouillé et apparemment dépourvu de la moindre énergie. Une bonne occasion à Dylan de montrer qu’il fait ce qu’il veut, à l’instar de quelques autres monuments de la musique américaine. Comme il le dit en fin de parcours, It’s All Good.
Parution : avril 2009
Label : Columbia
Genre : Blues, Folk-RockA écouter : Beyond here Lies Nothin’, It’s All Good
7/10
Qualités : communicatif, rétro, Doux-amer
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