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James Vincent MCMORROW

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jeudi 27 avril 2017

THE SPIRIT OF THE BEEHIVE - Pleasure Sucks (2017)




O
extravagant, envoûtant
indie rock

Plutôt qu'un groupe conventionnel, il s'agit d'un collectif : au moins deux groupes expérimentés qui décident de lancer ensemble un nouveau projet dont la trame s'entend comme une évolution incessante, d'une écoute à l'autre. Ce que permettent des sonorités jamais définies, mais filant une perspective vertigineuse, n'en finissant pas de s'évanouir, progressant sans origine ni fin au point de paraître immobiles, dans la distance, dans le chaos, quitte à donner la nausée.

Pleasure Sucks commence avec un (dé)collage de field recording, de clavier analogique et de guitare inconstante. Des nappes étrangement mélodiques évoquent du shoegaze, et la batterie mène avec sûreté vers une première apothéose.  L'album (nommé d'après une sorte de thèse défendue par l'album, comme quoi les plaisirs éphémères videraient la vie de sa substance) est déjà très ouvert au départ, et capable de s'ouvrir encore plus, polarisant et agrégeant tout à la fois, défiant les lois de la physique. Ils font frissonner sur Time to Scratch Them All, un moment où se répondent la mélancolie révoltée de My Bloody Valentine et la malice de Pavement. C'est pure espièglerie, ou affectations réelles, mais jamais sabotage gratuit.

Les moments accrocheurs se succèdent, promettant un bon album indie-rock dans le sillage de Deerhunter ou Animal Collective, les tonalités dévoyées encore un cran au-delà. Piano, Heavys Instrument ou Snow on The Moon bâtissent sur cette esthétique d'une déchéance magnifique, ou d'un travestissement acidulé. Les claviers infâmes et totalement assumés apparus dès Pleasure Sucks I reviennent sur Future Looks Bright (It's Blinding).

C'est le sons d'un collectif aux impressions mouvantes, capable d'exprimer l'anxiété ou l'inconstance de leurs appuis, mais qui sait irradier la confiance et l'expérience. Le refrain est pris dans la manne des guitares triturées, audible mais sauvage. Becomes the Truth est comme la poigne d'un maniaque ne voulant pas lâcher les derniers effets semblant le retenir à la réalité. Toutes les choses concrètes reconnues ailleurs comme repères sont inefficientes pour empêcher The Spirit of the Beehive de dériver dans un délire musical, parfaitement maîtrisé, sur Big Brain. On pense au vertige de Zappa, mais alors, qui dirige cet ensemble ? Mono Light Crash, à son tour, laisse se dégager un misch-masch de bruits sur une rythmique locomotive, avec une réverb' copieuse, telle qu'on se croirait chez Kurt Vile. Un véritable amour des guitares se révèle d'ailleurs pour sublimer un peu cette débâcle de sons surprenants. Très présentes, d'abord comme nappes assourdissantes (Twenty First Road Trip), elles carillonnent avec Cops Come Looking.

C'est un maelström où l'on repère une volonté d'agréger des sensations plus profondes reliées à des lieux, à des temps, et de tout recracher dans l'instant. L'intérêt d'un tel album, hormis sa vulnérabilité bien gardée, et la brillance paradoxale de sa production, c'est de pouvoir observer les pièces trouver leur cohésion par-delà le sens commun, comme l’œuvre unique qu'il devient, en perpétuel transit. Comme des formations expérimentales exigeantes des années 90 (Stereolab...), il gagne lentement en épaisseur.

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