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jeudi 6 octobre 2016

RADIOHEAD - A Moon Shaped Pool (2016)







Attention, ceci n'est pas la chanson tirée de l'album, mais une version 8 fois plus lente.

O
poignant, orchestral, onirique
indie rock, soul jazz ?

Le succès de Radiohead tient à leur attitude ingénue, qui se traduit par un talent à aborder la musique posément, à être à l'aise quelle que soit leur conformation. Ils sont captivants en duo – Jonny Greenwood et Thom Yorke – comme avec deux batteurs – avec Clive Deamer, de Portishead, en concert -, toujours prompts à expérimenter, à s'amuser, à explorer. Yorke et Greenwood, en particulier, seront surpris dans un magasin de synthés vintage d'Austin avant leur concert en tête d'affiche le 30 septembre 2016 au festival Austin City Limits. Ils échangeront pendant un heure avec un fan sidéré, accosté par Yorke et passionné comme lui par les subtilités du matériel électronique.

Ils ont transformé d' étranges situations de rencontres fortuites et gardé la tête froide par leur pratique, en maintenant une fraîcheur harmonique plus détachée, comme la voix de leur chanteur, puis en utilisant des astuces concrètes pour garder les pieds sur terre, en provenance du jazz, de musiciens à priori plus créatifs qu'eux, et en y combinant leurs formes personnelles d'improvisation. C'est par exemple ce qu'on redécouvre sur Present Tense. Très peu de choses sont nécessaires pour la faire fonctionner, et pourtant un groupe entier perdure, dévoué plutôt à parfaire l'écrin sur lequel viendra se poser la voix de Thom Yorke – l'élément qui porte le groupe, depuis 20 ans, au delà de ceux à qui ils doivent leurs idées musicales et de leur contenance.

La spontanéité et la réutilisation de leur patrimoine harmonique commun, mais surtout un grand soin, au sens de délicatesse, constituent cet album. Plutôt que le plaisir de jouer, c'est leur prévenance qui fait détonner cette œuvre géosynclinale. Leur manière singulière de chanter les chœurs, de jouer les instruments, est devenue progressivement un artisanat. Sur l'album ou en concert, c'est un groupe que l'on imagine dans un atelier. Ce qui les rends excitants, l'instant d'un morceau ou d'une soirée, c'est qu'ils nous donnent l'impression d'entrer directement dans les coulisses de leur création, et à travers leurs chansons, semblent nous donner à voir leurs méthodes et leur inspiration.

Que ce soit la limpidité folk de Desert Island Disk ou la dérive électronique de Ful Stop, on pénètre un univers musical en formation, en structuration, comme la fabrication de prototypes plutôt que d'archétypes. Des éléments épars se rassemblent avec un abandon presque erratique sur Identikit. La batterie, celle des shuffles jazz, est là pour garder le morceau dans le jalon. Les accords utilisés démontrent qu'on est en jazz, plutôt qu'en innovation totale : riches et en mode mineur. Les cordes ondoient se font souveraines et nous rappellent toujours au pouvoir ensorcelant de vrais instruments. C'est particulièrement vrai de Glass Eyes.

Le groupe est le mieux employé quand il explore les friches au dehors de ses instruments originels ; pas de batterie, pas de guitare, pas de basse. Pour parvenir à cet instant gracieux et paradoxal, il faut croire en la magie, en la curiosité que peut susciter la musique. Même s'il n'y a plus une chanson qui vaille There There, on sort sidéré d'avoir aussi agréablement attendu.

The Numbers est une apogée tardive et ésotérique de l'album, quand Daydreaming était son sommet formel. True Love Waits est une sorte de compendium ; le façon dont a été enregistrée cette chanson ancienne est révélatrice du reste, et fait écho surtout à l'intensité mutique de Daydreaming. Méticuleusement harmonisées, elles signent un temps où les tonalités arrivent comme en décalage, jouant de notre vanité à vouloir saisir le disque. Le pouvoir des chansons de Thom Yorke est au-delà des mots, dans les sensations.

D'abord tu te dis que si tu ne l'apprécies pas à sa juste valeur c'est que l'album est sorti trop vite, avant de réaliser ce que signifie son épitaphe : « Le véritable amour sait patienter. » Tu ne le rattraperas jamais vraiment. A Moon Shaped Pool est un album que tu pourras écouter longtemps, de loin en loin, avec le même émerveillement, parce que tu ne l'as pas encore compris, ni complètement appris à l'aimer. Tu mourras candide, et Daydreaming sera la musique de ta cérémonie. Les gens hocheront lentement la tête, se souvenant, rêveurs, de cette chanson d'un groupe qui s’appelait Radiohead. Ils auront l'illusion que, s'il l'avaient écoutée davantage, ils auraient été préparés à ce qui les rend inconsolables dans de telles situations ; leur côté inattendu. Cette chanson te fait tout accepter avec plus de franchise, au delà de n'être plus rien qu'un courant d'air.  

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