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vendredi 24 juin 2016

M CRAFT - Blood Moon (2016)







OO
onirique, nocturne, apaisé
dream pop, pop rock californien 


Quand on joue du piano, la ponctuation est primordiale. Dans ce qui semble une mer tranquille, sur Afterglow par exemple, la façon de jouer est pleine d'emphase. La différence est subtile avec le calme plat, l'encéphalogramme est accentué par des accords qui transforment la mélodie, avec la lenteur et l'effectivité d'une musique enregistrée dans le silence le plus sourd. Le compositeur d'origine australienne M Craft (Martin Craft, mais on est tenté d'y lire 'l'artisan') enregistre là son premier album depuis Arrows of the Sun (2009), et il se rattache à ceux que la pop laisse à la solitude, tel Bon Iver. Un moyen de tirer du réconfort d'une désolation toute relative.


C'est autour d'un grand piano (si seulement il l'avait transporté au milieu du désert Mojave, ce serait un bon début pour raconter l'histoire troublante de Blood Moon) que se construit l'album, rappelant comment Jonathan Wilson expliquait avoir amplifié le son de son album Fanfare simplement en mettant un tel piano en son centre – les chansons étaient aussitôt devenues plus vastes. Comme chez Wilson, l’ésotérisme est contrebalancé par une maîtrise parfaite de la luxuriance sonore. Blood Moon aurait pu être enregistré sous la supervision de Jonathan Wilson, tant la qualité sonore, la richesse chaleureuse des harmonies et les paroles à l'épreuve de tiraillements intérieurs évoquent Fanfare (écouter Love is the Devil).


Chemical Trails, c'est ces traînées de vapeur d'eau provoquées par les avions et que certains prennent pour des émanations chimiques destinées à changer la réflexivité de l'atmosphère. L'un des arguments de ceux qui affirment l'existence d'une telle chose, c'est qu'on ne regarde pas assez le ciel. Le ciel est un des thèmes centraux de l'album, les possibilités de la lune, une fois ces images d'une beauté frappante ramenées à Los Angeles, ou l'album a été assemblé, puis décrits comme une « odyssée cosmique au piano. »

Fondu dans son propre temps, dans celui de ses origines, dans sa propre ombre, M Craft crée une œuvre détachée de tout impératif, et parvient à nous affecter, en nous donnant envie de retrouver l'origine de ces mélodies, de ces sentiments qui dissimilent de grandes batailles et une grande félicité. Ailleurs, comme sur Me and My Shadow, le piano s'élève dans des traînées scintillantes, avant que de lourdes percussions viennent, doucement, livrer les auspices sereins à la lourdeur de l'air. Midnight et Morphic Fields, voués à d'autres instruments à cordes comme le violoncelle ou la harpe, semblent distendre toujours plus l’espace, tandis que le piano, toujours mesuré et intelligemment utilisé, prend un ton funèbre. Pareil pour la basse sur Where go the Dreams, une chanson qui approche, à renfort de chœurs et de violons, d'un dénouement parmi les plus beaux depuis longtemps : les six minutes exaltant une candeur puissamment reliée à la scène de Laurel Canyon, avec Love is All. Cela comme par un déluge de touches noires, et des chimes, avant que Martin Craft nous dirige peu à peu, éperdu, vers un dénouement lumineux. « I am done with resistance/I am only yours ». La batterie est disparate, comme une pluie intempestive, qui, quelques chanceux le savent, est l'élément le plus musical dans le désert.

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