“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

vendredi 4 mars 2011

Eleven - Awake in a Dream (1991)


Alain Johannes a publié en 2010 un disque solo, Spark, « étincelle », en hommage à sa compagne, Natasha Schneider, disparue en 2008, et au souvenir de leur aventure musicale commune unique et poignante au travers des années 1990, un groupe baptisé Eleven et élevé loin des médias, dans l’œil d’une scène pourtant courue par des mastodontes tels Pearl Jam, Soundgarden les Red Hot Chili Peppers. A la fin des années 80, Alain Johannes est contraint d’abandonner successivement ses groupes de jeunesse dont les musiciens talentueux rejoignent un par un les Red Hot Chli Peppers. Il fait la connaissance de Natasha Schneider, avec laquelle ils forment le duo Walk the Moon et commencent à explorer les possibilités de songwriting, puis forment au début des années 90 Eleven en compagnie du batteur Jack Irons, de retour des Red Hot. C’est le début d’une aventure fascinante, dont la noblesse repose sur l’intensité et le talent éclatant de Natasha et d’Alain. Elle, d’origine Russe, joue du piano ainsi que divers types de synthétiseurs, et de la basse – elle est gauchère – avec une précision superbe. Surtout, elle a cette voix à la puissance inattendue, extraordinaire, le coffre d’une chanteuse de soul et la hargne propice au rock. En outre, elle n’en abuse jamais. Malheureusement récemment disparue aux suites d’un cancer en 2008 à 52 ans – elle laisse derrière elle un travail capable de susciter toutes les passions, un professionnalisme qui forçait le respect et les amitiés. 

Le hasard qui a réuni Johannes et Schneider est une chose précieuse pour la musique de ces vingt dernières années. La voix de Johannes, à l’émotion virtuose a une qualité hors du temps, et entendre les deux chanter ensemble est unique. Ils se portèrent beaucoup d’amour, furent dédiés l’un à l’autre avec une même soif de création. Spark prouve que rien n’est terminé, que l’esprit d’exigence mélodique et instrumentale qui sous-tendait Eleven existe encore, bien que l’épopée discographique du groupe ait cessée après cinq albums avec The Howling Book en 2003. Awake in a Dream est le premier disque de Eleven paru en 1991, et c’est déjà bien davantage qu’un coup d’essai. Il a une place un peu à part dans le cheminement artistique de la formation, parce qu’il contient quelques morceaux de pop surprenante et funky, en comparaison avec le disque éponyme qui viendra juste après. All Together en premier lieu, qui est une bonne introduction du groupe par lui-même, sans pour autant représenter la plus intéressante facette de sa musicalité. « The air needs a change/And the spirit of creation/Is the motion we choose ». Cela sonnait comme un pacte, un acte fort et humain pour essayer de rendre, à leur échelle, le monde meilleur. C’est une autre ligne qui aurait du leur apporter l’humble gloire qu’ils méritaient, sur Rainbow’s End, le titre le plus remarquable du disque : « Deep in the garden of love/There is a single little ray of hope/It splits into seven, pointing to heaven ». Avant que le romantisme noir et gothique ne gagne Johannes et Schneider, Eleven était bariolé. 

Diverses sources musicales ont nourri le groupe. C’est le funk de Sly & the Family Stone, Ike & Tina Turner ou Stevie Wonder (l’irrésistible Flying), la volonté généreux et heureux. C’est pourtant la gravité et l’urgence à agir qui est exprimée. Les bribes de poésie et les références littéraires disséminées ça et là paraissent complètement désintéressées, toujours laissées à la compréhension de l’auditeur. « Ever loud you hear the voice of reason/Oh, pleading for you to wait/But to wait might be late”. “I wanna see no back/turned on every bit of hope”. C’est un groupe dont la bonne foi a peut-être freiné le succès. Eleven profite aussi largement du travail de Jack Irons, manifestement inspiré par John Bonham (Led Zeppelin), à la batterie. C’est évident Break the Spell, Before your Eyes (qui se termine sur un solo dégénérescent inspiré de Moby Dick, sur Down, et bien sûr au moment du riff énorme et lent servi comme post-scriptum par Message to You. Puissant et fun, Awake in a Dream est un disque qui suscite le bonheur. Malgré la qualité de plus en plus dantesque du travail de ce groupe méconnu au fil des années, cette première étape ne mérite pas d’être ignorée. Plus que la seule inspiration, c’est le manifeste d’un trio d’amis avec l’espoir comme idéal d’expression ; cette étincelle qui devrait briller dans toutes les musiques.


Parution : 1991
Label : Morgan Creek
Genre : Rock alternatif
A écouter : Rainbow's End, Flying, Message to You

Note : 6.75/10
Qualités : Puissant, Funky, Heureux

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...