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Trip Tips - Fanzine musical !

jeudi 3 février 2011

Professor Longhair


A paraître dans Trip Tips 10 - Sélection disques Nouvelle-Orleans


La Nouvelle Orleans avait beau avoir élevé les fêtes au rang de mode de vie, et onduler à la musique de ses groupes de ryhtm & blues, de zydeco, de ragtime, de boogie-woogie, de jazz, de funk, de calypso, de musique Afro-cubaine ou de rock n’ roll, le musicien d’abord prénommé Henry Roeland Byrd était un furieux original dans ce paysage. Et le mieux c’est qu’il incarnait, aux yeux d’ambassadeurs à peine plus tardifs  - Allen Toussaint, Dr John – l’essence même de la ville. Un morceau comme le sifflotant Mardi Gras in New Orleans, l’un de ses tout premiers, est entré dans l’inconscient collectif. Né à Bogalusa, en Louisiane, en 1918, il grandit à la Nouvelle Orleans. Il joua la première fois contre rétribution à l’âge de 10 ans, mais n’enregistra son premier disque entier qu’à l’âge de 62 ans.

C’est tout naturellement qu’il se glissa dans le rythme unique de la ville détonante au cours des années 30  ; il avait pour habitude de descendre Bourbon Street en dansant, déjà d’une façon toute particulière, se faisant ainsi un peu d’agent de poche. Inspiré par les pianistes qu’il avait pu entendre dans les tavernes de Bourbon Street, Kid Stormy Weather, Robert Bertrand, Sullivan Rock, et surtout Tuts Washington, il fut pourtant d’abord séduit par la guitare qu’il imaginait plus lucrative. Il l’utilisa pour apprendre de la musique religieuse. Mais il ne put supporter la façon dont les cordes lui molestaient les doigts et se dirigea vers la batterie et enfin le piano, encouragé par sa mère. Cet instrument allait devenir sa passion, le fil conducteur de toute son oeuvre musicale future.

Interdit d’entrer dans les clubs, il apprit sur des pianos abîmés et abandonnés. Il développa son style unique sur les deux ou trois octaves dont les touches produisaient encore un son ; sa main gauche produisait une percussion syncopée et sa main droite jouait des motifs de boogie. Il fit au cours des années 30 partie de quantité de groupes locaux qui attirèrent l’attention de Champion Jack Dupree, Sullivan rock et même de Tuts Washington. Dupree lui donna des leçons et eut l’idée de le grimer pour qu’il puisse jouer dans les clubs. Puis ce fut au tour de Tuts de le prendre sous son aile. Ce que jouait le jeune Byrd était impossible à épingler. « Quand je commençais à jouer la musique, personne ne savait ce que c’était ». Il ajoutait à son jeu la liberté et l’originalité de sa voix. Le manque de gratification l’incita cependant à devenir cuisinier, boxeur et même joueur de cartes professionnel. Coupé court par la seconde guerre, il revint à la musique à la fin des années 40. C’est alors qu’il acquit le surnom de Professor Longhair, une idée du manager de Dave Bartholomew, dont il remplaça le pianiste au cours d’un concert.

Il sera découvert par le fondateur du label Atlantic en 1949. Celui-ci avait entendu parler de Longhair et décida de faire une excursion à la Nouvelle Orléans pour le trouver. « Au loin il y avait des lumières… Tandis qu’on approchait de l’endroit, il y avait cette maison, comme prise de convulsions... A une certaine distance on aurait cru que des gens tombaient depuis les fenêtres. La musique beuglait, on a pensé ‘Mon dieu il y a un groupe fantastique là dedans’… Ce que je pensais être un groupe de R&B se trouva être Professor Longhair tout seul. Il était assis là avec un micro entre ses jambes… II avait un tome attaché au piano. Il le battait avec son pied droit tout en jouant… et il jouait du piano et chantait à tue-tête, et c’était vraiment le son le plus incroyable que j’avais jamais entendu. » il arrangea aussitôt une session, malgré le fait que Longhair ait déjà signé avec Mercury. Mercury lui fit avoir un hit avec Bald Head en 1950, mais c’est avec Atlantic qu’il coupa tous les titres qui allaient montrer l’étendue de son originalité ; Tipitina, Hey Now, Baby, In The Night
C’est comme si une radio au sourire bientôt édenté avait surgi de nulle part, créant un vocabulaire à la merci de ses trois doigts droits survoltés et du battement de son pied contre le cadre du piano, pour marquer le rythme, jusqu’à ce que celui-ci rende l’âme.

Ceux qui voyaient Longhair en concert le décrivaient comme la meilleure chose qu’ils n’aient jamais vue – sans savoir ce que cette chose, pouvait être. Il venait sur scène habillé, par exemple, d’un smoking serti de plumes et de gants rouges. Sa façon de chanter, comme un adolescent en train de muer de la voix, était peut être la meilleure imitation qu’il faisait d’un de ses modèles obscurs ou bien une pure lubie de son imaginaire foisonnant. Mise très en avant sur la plupart des enregistrements, elle n’était sûrement pas  un atout de séduction. Encore une fois cependant, il se découragea et quitta la musique.

Il fut heureusement redécouvert dans les années 70 par le biais de ses admirateurs et joua au New Orleans Jazz and Heritage Festival en 1971, où il s’attira un respect extraordinaire. Tandis qu’il jouait, l’audience du festival tout entière, les restaurateurs et même les musiciens qui se produisaient sur d’autres scènes arrêtèrent ce qu’ils étaient en train de faire et vinrent écouter. Ainsi commença la période la plus gratifiante de la carrière de Longhair. Il s’exporta en Europe en 1973, au Montreux Jazz Festival. Il fut invité par Paul McCartney à se produire sur le Queen Mary en 1975, ce qui pour, certains, constitue la meilleure contribution de Paul à la musique populaire. Une vision un peu surréaliste que Longhair sur un paquebot de croisière – son extravagance intérieure trouvait là un bon moyen d’éclater au grand jour, bien qu’il n’ait pas vendu beaucoup plus de disques pour autant. Le très peaufiné Crawfish Fiesta fut le résultat de la réhabilitation finale entreprise par le label Alligator. On y trouve une version de son virevoltant Big Chief avec son ami Dr John au piano et Earl King, à qui l’ont doit le titre, sifflotant. Il mourut peu après l’enregistrement, en 1980.

Il fait encore aujourd’hui partie du paysage de la Louisiane, où il apparaît à la télévision, est cité dans les journaux et a sa photo partout  dans les lieux publics de la Nouvelle Orléans. Sa musique est toujours passée sur les radios locales.

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