Duo turbulent de Providence (Rhode Island). La formation initiale comptait bien un guitariste et chanteur, mais qui ne fut pas remplacé lorsqu’il décida de quitter le groupe. On peut se demander ce à quoi Brian Chippendale pensait quand il décida que, dorénavant, il s’occuperait du chant en plus des fûts. Le corps sec et nerveux, le voir en concert revient à assister aux premières avancées d’une guérilla descendue de sa montagne - où elle a déjà tout fait péter - jusque dans centre-ville, par une brèche qui peut aussi bien être une faille temporelle – leurs instruments étant transformés en outils de science-fiction.
Avec son acolyte Brian Gibson, ils sont de la Rhode Island School of Design. Pourtant leur propre conception du confort et de l’espace laisse à désirer. Sur le plan des concerts, le public à tendance à empiéter fortement sur leur espace vital.
Alors que le succès scénique du groupe s’intensifie, Chippendale et son colocataire et compagnon d'école Matt Brinkman commencent à mettre en place Fort Thunder, un hangar désaffecté situé dans le quartier Olneyville de Providence. Le lieu sert de local de répétition à des groupes et musiciens d'avant-garde locaux, notamment Brian Ralph, Arab on Radar ou Lightning Bolt.
Compressé, agressif, plein de riffs répétitifs et de roulements de caisse échevelés, le son Lightning Bolt secoue méchamment. Bolt est propulsé à une vitesse qui frise le téléport d’atomes, ce son est la capture d’un chaos à peine maitrisé dans une boîte de taille deux fois inférieure à celle prévue.
Suite à de longues tournées nourries d’improvisation, Lightning Bolt va signer chez Load Records, avec la révélation qu’il peut faire des disques de cette énergie en forme d’orbe rageur en guise de musique. Dès lors, inutile d’essayer de les freiner avec votre semelle ; les disques s’enchaînent. Wonderful Rainbow, Hypermagic Mountain et Earthly Delights sont les plus récents, qui permettent à vos speakers d’importer tous les parasites par d’autres révolus d’un son devenu chez d’autres clair et sans tâche.
Un retour au grain le plus acide qui n’empêche pas les compositions quasi-instrumentales et frénétiques du duo d’être d’une précision millimétrée, et de marier de nombreuses influences. Ainsi, le noise rock japonais croise la country sur leur nouveau disque, et ils citent des influences Philip Glass et Sun Ra.
L’inventivité est aussi au rendez vous pour élever influences et énergie folle vers des endroits toujours plus originaux et extrêmes. Pour chanter, Chippendale se sert ainsi d’un micro de téléphone plutôt que d’un micro conventionnel, ce qui compromet beaucoup ce que l’on peut comprendre des paroles effectivement chantées. Surtout qu’il est connecté à un boitier qui altère la voix de manière à la faire ressembler au cri de la police spatiale. L’électronique lui permet aussi de densifier son jeu de batterie déjà ultra-rapide.
Quand à Gibson, il joue de sa basse accordée comme un violoncelle, et y met une corde de banjo pour faire bonne mesure. Malgré cette exigence particulière à l’égard de l’expressivité de leurs instruments et l’utilisation particulièrement technique qu’ils en font, Lightning Bolt attribue surtout son succès au fort volume de leur concerts. A voir live avec The Power of Salad (2003), concert enregistré.
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